Trois euros, c'est le montant qu'il faudra sans doute bientôt ajouter pour se faire livrer un ou plusieurs livres si sa commande est inférieure à 35 €.
Depuis l'adoption il y a un an d'une nouvelle loi visant à protéger les librairies, le gouvernement et l'Arcep (l'autorité en charge des postes) cherchaient un prix plancher pour les livraisons de livres en France. Pourquoi ? Parce que la précédente loi « anti-Amazon » votée en 2014 n'a pas eu l'effet escompté, le géant de la vente en ligne et les autres grandes enseignes ayant trouvé la parade en facturant la livraison simplement 0,01 €.
Après une consultation avec les différents acteurs concernés, le ministère de la Culture a décidé de suivre l'avis de l'Arcep quant à ce prix plancher. Il devrait donc être de 3 € pour tout commande allant jusqu'à 35 €. Au-delà, la livraison pourra être facturée 1 centime seulement. La Fnac et les grandes enseignes militaient pour un prix plancher de 2 €, tandis que les libraires pronaient 4,50 €.
Le syndicat de la librairie française n'est pas satisfait par la décision du gouvernement : « Les seuils retenus conduiront les libraires à continuer à vendre systématiquement à perte s’ils expédient des livres au domicile de leur client. » Il plaide maintenant pour que les librairies obtiennent des tarifs d'expédition plus avantageux.
Au moment des débats, le directeur général d'Amazon France s'était pour sa part opposé à cette loi en brandissant l'argument du pouvoir d'achat : « Pour un livre de poche vendu 6,50 €, le tarif “lettre verte”, le tarif postal le moins onéreux, est de 3,94 €, ce qui représente un surcoût de 61 %, soit plus de 250 millions d’euros par an de perte de pouvoir d’achat pour des millions de lecteurs français. »
La décision du gouvernement doit encore être transmise à la Commission européenne, qui rendra un avis avant que la loi puisse s'appliquer.