Et si SFR allait se faire dévorer dans les prochains mois ? Actuellement, les quatre acteurs du marché français de la téléphonie ne peuvent pas discuter entre eux en raison de la réattribution des fréquences mobiles. Mais d’ici le début de l’année prochaine, ils pourront de nouveau tailler le bout de gras ensemble et de l’aveu même d’Orange, le dossier de la consolidation sera de nouveau sur la table.
Altice, la maison-mère de SFR, a essuyé une volée de bois vert en fin de semaine dernière à la Bourse : -11,8% jeudi, -12,5% vendredi. La raison de la déprime des boursicoteurs ? La baisse de l’ARPU, un indicateur surveillé comme le lait sur le feu par les investisseurs : derrière cet acronyme, se cache le revenu moyen par abonné.
Chez l’opérateur au carré rouge, l’ARPU est à la peine : 31,7 € par mois sur le fixe (-4,2 € par rapport au même trimestre 2017), et 22,4 € sur le mobile (-3,4 €). Cette baisse est le fruit des promotions en tout genre de ces derniers mois, qui ont permis à SFR de recruter 166 000 abonnés sur le fixe et 378 000 clients sur le mobile.
Patrick Drahi, le patron d’Altice, s’est réjoui de cette situation : « En France, nous avons regagné plus d'un million d'abonnés depuis le début de cette année, soit le nombre d'abonnés perdus durant les trois années précédentes ». Il n’empêche : les ventes d’Altice France, la structure qui chapeaute les activités tricolores du groupe (dont SFR), sont en recul de 6,3% à 3,44 milliards d’euros.
Le résultat d’exploitation avant intérêts et impôts (EBITDA) de la structure est de 1,3 milliard d’euros, ce qui là aussi représente une baisse sensible de 10,6%. Patrick Drahi se félicite des performances d’Altice Europe « supérieures à celles prévues dans son plan de redressement », avec une amélioration « réelle » au niveau du recrutement des abonnés et une « stabilisation de l’ARPU en séquentiel ».
Ces résultats ne font malgré tout pas le bonheur des investisseurs. Et ils pourraient bien mener à une consolidation du marché où SFR serait au centre de tous les intérêts. En juin, une énième tentative de rapprochement menée par Bouygues Telecom avait capoté.
Les gagnants et les perdants
En tout cas, Bouygues Telecom va toujours très bien. Le troisième trimestre a été bien orienté avec 199 000 nouveaux clients dans le mobile (425 000 depuis le début de l’année) et 71 000 abonnés fixe (162 000 clients sur les neuf premiers mois). Depuis janvier, l’opérateur a engrangé des ventes de 3,934 milliards d’euros (+6,5%) pour un bénéfice de 311 millions. Sur la même période, l’EBITDA se fixe à 931 millions (+15%).
Du côté de l’opérateur historique, tout va plutôt bien. Le chiffre d’affaires s’est établi à 10,3 milliards d’euros (+0,6%) au troisième trimestre et à 30,5 milliards depuis le début de l’année (+1,3%). Orange affiche un EBITDA de 3,68 milliards sur le trimestre (+3%) et de 9,67 milliards sur les neuf premiers mois (+3,2%). L’entreprise a renforcé son fichier clients de 82 000 abonnés sur le mobile, et de 157 000 abonnés dans la fibre.
Free Mobile paie toujours sa baisse de forme depuis le début de l’année. Les résultats de son troisième trimestre ont montré que le trublion continuait de perdre des abonnés : 14 000 dans le fixe, 90 000 dans le mobile, après en avoir laissé filer 200 000 au second trimestre. Le chiffre d’affaires de Free Mobile a atteint 538 millions d’euros (+0,2%), avec un ARPU en baisse à 32,1 €. Dans son ensemble, Iliad voit ses revenus progresser de 1,7%, à 1,23 milliard d’euros — merci l’activité italienne.
Free et SFR pourraient-ils tenter de faire contre mauvaise fortune bon cœur et envisager un rapprochement entre deux éclopés ? Rien n’est plus impossible dans le secteur des télécoms !