Les frais de roaming ne disparaitront pas en décembre 2015. Malgré l'implication de la Commissaire Européenne Neelie Kroes, sur le départ en attendant que le Parlement européen vote sa confiance à la nouvelle Commission de Jean-Claude Juncker, les opérateurs ont sans doute remporté une bataille en reportant la fin des frais d'itinérance en Europe (lire : Bruxelles : les frais de roaming ne fêteront pas Noël 2015).
L'Italie, qui assure la présidence tournante de l'Europe jusqu'à la fin de l'année, a diffusé un document de travail dans lequel il n'est plus fait mention de la fin du roaming au 15 décembre 2015. En lieu et place, on trouve une simple réduction graduelle de ces frais : « La date de l'introduction initiale [de la fin du roaming], sujette à des mesures de transition et à des limites de fair use, doit être définie et est une question politiquement significative », indique le document qui peut encore être amendé. La proposition italienne sera ainsi discutée lors d'une réunion à Bruxelles ce jeudi; des changements ne sont donc pas exclus.
Ces frais sont rabotés depuis 2007 par la Commission Européenne, le dernier acte consistant à les supprimer purement et simplement. Les opérateurs voient cependant d'un mauvais œil la fin d'une de leurs sources de revenus les plus lucratives, même si la manne, au fil des années, s'est réduite. Le lobbying a visiblement fonctionné.
En abaissant les barrières téléphoniques et de données cellulaires entre pays, l'exécutif des 28 souhaite accroître la compétitivité d'un secteur, celui de la téléphonie en Europe, où chaque opérateur conserve jalousement son pré carré régional. Bruxelles veut également que les opérateurs investissent dans des réseaux plus rapides à l'échelle du continent, afin de tenir tête aux États-Unis et aux pays d'Asie.
C'est aussi la raison pour laquelle Neelie Kroes a voulu donner à la Commission des pouvoirs supplémentaires pour la coordination des agendas des enchères pour les bandes de fréquence : il s'agit là encore de pousser les opérateurs à participer à des encans en dehors de leurs marchés domestiques. Mais là aussi, la proposition de l'Italie revoit le projet à la baisse, se contentant d'attribuer à la Commission un calendrier commun; les régulateurs nationaux conservant la haute main sur la décision finale. Les États membres ne sont pas encore prêts à abandonner leur contrôle sur ce qui représente une substantielle source de revenus.