Les réseaux 5G sont à peine activés que le 3GPP présente déjà leurs futures évolutions. Après une dernière réunion le 3 juillet dernier, l’organisme en charge de la codification des standards de réseaux cellulaires a publié les spécifications de la release 16, aussi qualifiée de « deuxième phase de la 5G » ou de « vraie 5G ». Avec des objectifs qui dépassent largement le cadre de la téléphonie.
Alors que la release 15 était concentrée sur la téléphonie, la release 16 voit « au-delà des services mobiles traditionnels », pour reprendre la formulation de Qualcomm. Avec la technologie integrated access and backhaul (IAB), elle règle d’abord le problème épineux du déploiement des futurs réseaux, qui utiliseront les ondes millimétriques à la portée limitée. L’implantation de nouvelles antennes demande de tirer de nouvelles fibres, une opération lente et couteuse.
IAB permet de mettre en service de nouvelles antennes sans tirer de fibres : les antennes existantes se connectent aux nouvelles par le biais d’un backhaul 5G, pour former un réseau maillé, qui répartit la bande passante et les connexions. Dans un deuxième temps, l’opérateur peut tirer des fibres supplémentaires, dans un subtil équilibre entre la couverture et la capacité. Les réseaux 4G utilisent des techniques similaires de relai.
NR-U ouvre le spectre « sans licence » aux réseaux 5G, notamment la bande des 6 GHz convoitée par le Wi-Fi 6E. Or la release 16 prévoit le déploiement de réseaux privés, gérés indépendamment à l’échelle d’une installation industrielle ou d’un complexe administratif, avec des ressources dédiées. Dans ce cadre, la faible portée des ondes millimétriques serait un atout. Les installations Wi-Fi les plus complexes, dans les stades et d’autres lieux publics, pourraient être concurrencées.
Les équipementiers promeuvent particulièrement les technologies dédiées à l’automobile connectée. V2X, pour vehicle to everything, étend les capacités de la norme LTE-Direct pour permettre aux véhicules de communiquer entre eux et avec le monde qui les entoure. « Le véhicule connecté ouvre les portes pour d’autres domaines », nous confiait récemment Klaus Felsch, « expert 5G » pour Huawei Europe.
La mise au point des technologies de V2X a effectivement demandé de concevoir un système de positionnement très précis, qui n’utilise plus seulement la triangulation, mais aussi les données nécessaires au beamforming. Et puisque l’on parle de boites de métal propulsées à 130 km/h, la norme exige une fiabilité de 99,999 % pour des connexions à plusieurs gigaoctets par seconde avec une latence de l’ordre de la milliseconde.
Des avancées qui bénéficieront aussi aux applications industrielles de la 5G, pour gérer des robots dans les usines ou des millions de petits objets connectés, capables de communiquer entre eux sans repasser par une station centrale. Avec l’ensemble de ces technologies, la release 16 redéfinit subtilement les réseaux cellulaires, qui deviennent des réseaux maillés dont les membres forment une sorte d’intelligence collective.
Les premières puces compatibles devraient être présentées au début de l’année prochaine, pour une mise en service progressive dans les deux années qui viennent, même si le contexte actuel complique les calendriers. Le 3GPP va maintenant plancher sur la release 17, qui va étendre les possibilités de communication entre les appareils, pour concurrencer les réseaux machine to machine, et surtout s’intéresser aux besoins de la réalité augmentée.