Tile porte le conflit qui l'oppose à Apple sur le vieux continent. Le constructeur californien de traqueur d'objets a écrit à Margrethe Vestager, l'opiniâtre commissaire européenne à la Concurrence, pour lui faire part de sa frustration concernant les pratiques d'Apple. Depuis iOS 13, il est en effet plus difficile pour les éditeurs d'exploiter les données de localisation. Apple a apporté des restrictions en vue de mieux protéger la confidentialité des données (lire : Géolocalisation : Apple reste ferme sur les restrictions d'iOS 13).
iOS 13 réclame régulièrement à l'utilisateur de confirmer l'utilisation en arrière-plan de la localisation, parfois en affichant une carte assez anxiogène des dernières positions relevées par l'application. Devant la bronca suscitée par ces restrictions, la Pomme a mis un peu d'eau dans son vin depuis iOS 13.4. Mais c'est encore insuffisant aux yeux de la concurrence. C'est pourquoi Tile demande à la Commission européenne de lancer une enquête sur Apple, à l'image de celle voulue par le même fabricant (et Sonos) aux États-Unis.
Kirsten Daru, la directrice juridique de Tile, explique dans le courrier à la Commission que « ces douze derniers mois, Apple a fait en sorte de désavantager complètement Tile, y compris en rendant plus difficile le fonctionnement de nos produits et services ». C'est d'autant plus problématique, poursuit-elle, que ces difficultés surgissent alors qu'Apple se prépare à concurrencer frontalement les traqueurs d'objets de Tile (avec les AirTags).
Selon la représentante de Tile, Apple ne joue pas selon les mêmes règles : alors que l'application Localiser peut piocher à tout moment dans les données de géolocalisation, y compris en arrière plan, en le demandant à l'utilisateur dès la configuration de l'iPhone, l'app de Tile ne peut pas en profiter. Les produits de Tile ont aussi déserté les rayons des Apple Store.
Apple a réagi à ce courrier : « Nous nions vigoureusement les allégations de comportement non concurrentiel alléguées par Tile ». Le constructeur rappelle avoir mis en place de nouvelles protections de la vie privée. « Tile n'aime pas ces décisions. Au lieu de discuter de la question sur le fond, ils ont décidé de lancer des attaques sans mérite ». C'est maintenant au tour de la Commission européenne de s'emparer de ce dossier, un de plus qui concerne Apple après celui sur les pratiques de l'App Store.