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Test du Kindle Paperwhite

Anthony Nelzin-Santos

jeudi 11 octobre 2012 à 17:20 • 16

Matériel

Peu à peu, Amazon cède aux demandes du marché des liseuses électroniques. L'an dernier, le Kindle Touch adoptait un écran tactile. Cette année, le Kindle Paperwhite est doté d'un écran plus défini et d'un système d'éclairage. On peut donc lire plus confortablement et plus longtemps — mais le Kindle Paperwhite donne-t-il envie de le faire ? La réponse dans notre test.

Un Kindle Fire eInk

Amazon a unifié l'apparence de sa gamme Kindle, les liseuses eInk adoptant le matériau gommé noir des tablettes Kindle Fire. Le Kindle Paperwhite est ainsi plus élégant, mais aussi plus pratique : le cadre noir aide à se concentrer sur le texte, et le matériau gommé évite aux doigts de déraper. Alors que le Kindle Touch était construit en trois parties, le Kindle Paperwhite est construit en deux parties, la face arrière étant d'un seul tenant. Il semble ainsi plus solide et mieux fini.

Le Kindle Paperwhite n'est pas plus léger que le Kindle Touch (213 grammes), ce qui n'est pas plus mal : il a ainsi une certaine densité. Amazon l'a d'ailleurs un peu affiné (9,1 mm contre 1,01 cm), sans pour autant compromettre son équilibre. L'ensemble est extrêmement plaisant à tenir, ce qui est particulièrement important pour un appareil avec lequel on va passer de longues heures.

Le Kindle Paperwhite ne possède plus qu'un seul bouton, celui de mise en veille. Plat alors que celui du Kindle Fire est rond, il est moins proéminent que celui du Kindle Touch. Il n'est pas moins facile à trouver, mais il est désormais beaucoup plus rare de le déclencher par accident.

Amazon a décidé de priver toutes ses liseuses d'une partie audio : le Kindle Paperwhite ne dispose ainsi ni d'une prise casque, ni de haut-parleurs, contrairement au Kindle Touch. On ne peut donc plus écouter de livres audio avec un appareil Amazon eInk, qui ne sont plus non plus accessibles aux déficients visuels. Dommage.

Un système simple mais pas toujours efficace

L'influence du Kindle Fire se fait sentir jusque dans l'interface : le système du Kindle Paperwhite tient plus de la tablette que de la liseuse. Il est d'une simplicité remarquable (difficile de faire plus éloquent que des boutons textuels), mais n'est pas toujours efficace.

Amazon inclut désormais des publicités dans toutes ses liseuses, sur tout l'écran de veille et sous la forme d'un bandeau sur l'écran d'accueil — elles sont théoriquement discrètes, mais dégradent de fait le confort d'utilisation. On pouvait auparavant passer de la veille à la lecture d'une simple pression sur le bouton de veille ; pour ménager l'accès aux offres spéciales, il faut désormais obligatoirement balayer l'écran avec son doigt après avoir appuyé sur le bouton de veille pour accéder à son livre.

On peut heureusement payer pour supprimer ces publicités, du moins dans les pays où le Kindle Paperwhite est officiellement disponible (20 $ aux États-Unis ; il faudra attendre quelques mois en France) [MàJ 11/10 à 19:40] Amazon le propose maintenant à la vente en France dans sa version sans publicité. Mais cela ne fait pas disparaître les recommandations d'Amazon, qui impose sa boutique dans toute l'interface du Kindle Paperwhite, ce qui n'était pas le cas dans les précédentes générations. Il n'y a que deux solutions : passer en mode avion suffisamment longtemps pour que ces recommandations expirent et disparaissent, ou passer en mode liste plutôt qu'en mode couverture.

Du Kindle Fire, le Kindle Paperwhite a aussi hérité le mode de fonctionnement le plus contre-intuitif possible pour retourner à l'écran d'accueil. Lors de la lecture d'un livre, il faut taper une première fois en haut de l'écran pour afficher le menu, puis une deuxième pour revenir à l'accueil. On ne comprend toujours pas ce qui est censé être mauvais dans le principe du bon vieux bouton d'accueil. D'autant que le bouton d'accueil virtuel est placé en haut à gauche, précisément là on s'attendrait à trouver le bouton de retour, qui est du coup décalé et difficile à atteindre du bout du pouce.

Au-delà de ces changements généraux, on remarque quelques petits ajouts participant au confort de lecture, comme l'analyse de la vitesse de lecture qui permet d'afficher le temps restant pour lire le chapitre en cours (ou le livre), ou encore une correspondance pages virtuelles / pages réelles. Enfin, on peut lire les bandes dessinées distribuées par Amazon et récupérer le texte copié dans un presse-papier qui apparaît comme un livre sur l'écran d'accueil.

Un écran eInk agréable à lire

Ces petits défauts sont d'autant plus rageants que le système du Kindle Paperwhite est de manière générale extrêmement clair et plaisant à utiliser, grâce à un écran d'excellente qualité secondé par une couche tactile enfin moderne. L'écran Paperwhite 6" duquel ce nouveau Kindle tire son nom est beaucoup plus défini que celui du Kindle touch : 212 ppp contre 167 ppp. La différence est sensible, surtout pour les yeux habitués aux écrans Retina d'Apple. On reste toujours très loin des capacités du papier, mais il est désormais difficile de se plaindre de la définition.

Amazon a d'ailleurs adapté l'interface à cette définition. Tout en s'inspirant du Kindle Fire, elle a aussi affiné les éléments de navigation, moins imposants sans être moins lisibles. La sélection de polices a été revue dans le même sens, avec quelques choix néanmoins surprenants : Futura ou Helvetica sont réputées, mais pas forcément pour le corps principal d'un long ouvrage. Baskerville ou Palatino sont des classiques, mais leur rendu est loin d'être optimal sur le Paperwhite.

Ne reste que Caecilia, la police par défaut, qui est quant à elle réputée pour son adaptation aux particularités des écrans eInk. Elle est déclinée dans une version condensée, qui permet, en ajustant les marges et la taille, de caser beaucoup de texte par page. À propos de typographie, on remarquera qu'Amazon s'entête à justifier le texte sans césure, ce qui peut parfois provoquer l'apparition d'espaces parasites.

Un éclairage lumineux

Le problème des écrans eInk, outre leur définition, a toujours été la blancheur du blanc : même l'écran « Pearl » d'Amazon était au mieux grisâtre. L'ajout d'un dispositif d'éclairage permet d'enfin afficher du texte noir sur une page véritablement blanche. Éclairage, et non rétro-éclairage : l'écran lui-même est la couche inférieure, surmontée par une couche tactile, puis par une fine couche de fibre optique diffusant la lumière émise par quatre diodes en bas de l'écran.

Sans éclairage.

Amazon dit avoir travaillé deux ans sur ce système, mais il a pourtant un défaut : on distingue quatre ombres à la base de l'écran entre les diodes, selon un motif parfaitement inverse de l'effet Mura du bord des écrans LCD. Il ne parvient pourtant pas à gâcher la réussite qu'est ce mécanisme : il éclaire vers l'écran et non pas vers l'utilisateur, et l'on n'a ainsi jamais l'impression de regarder droit vers une lampe allumée.

Avec. Aucune liseuse concurrente ne dispose d'un système aussi homogène et aussi peu bleuté. En bas de l'écran, on devine la seul ombre à l'écran au tableau.

L'intensité de l'éclairage peut être réglée sur 24 crans. Dans une pièce éclairée, on utilisera les crans les plus forts pour compenser la luminosité ambiante. Juste en dessous du maximum, on a l'impression de regarder une page blanche, et non une page éclairée : la lumière ne s'échappe pas du cadre et semble absorbée par l'écran. Dans le noir, on peut se contenter du tout premier cran : l'effet est le même et est presque troublant, mais est aussi très reposant.

Enfin du vrai tactile !

L'éclairage n'est pas la seule réussite de cet écran Paperwhite, la couche tactile aussi. Amazon a vite abandonné le système à diodes infrarouge du Kindle Touch, aussi peu pratique qu'une voiture à roues carrées. Le Kindle Paperwhite utilise un écran capacitif multipoint, comme tout appareil tactile moderne. Premier avantage : il n'est plus enfoncé dans l'appareil pour laisser la place de la grille infrarouge, ce qui signifie qu'il n'y a plus d'ombre sur les bords de l'écran et qu'il ne peut être déclenché qu'avec les doigts.

Cet écran est étonnamment réactif : on se prend à taper des notes aussi vite que sur un smartphone, le clavier suivant parfaitement la cadence. On règle la luminosité ou on surlonge d'un seul mouvement, et l'on peut même zoomer en pinçant dans le « navigateur expérimental ». Pour ces petites interactions, l'écran n'est pas rafraîchi — mais si l'on se déplace dans l'interface, par exemple pour chercher un livre, l'écran est rafraîchi et l'action est ainsi décalée avec le geste, ralentissant légèrement les opérations.

Qu'importe, le Kindle Paperwhite n'est pas une tablette, et est franchement réactif pour une liseuse eInk — le nouveau processeur, plus puissant, aidant. On ne trouvera qu'un seul défaut à l'écran Paperwhite : la rémanence se voit plus, à cause de l'éclairage. Amazon rafraîchit désormais l'écran toutes les six pages, mais vous pouvez forcer le rafraîchissement toutes les pages sans autant ralentir les opérations qu'auparavant.

Conclusion

Bref, le Kindle Paperwhite est une excellente liseuse : il est rapide, son écran est bien défini, l'éclairage est homogène et très confortable, le tactile utile, l'interface claire, l'autonomie plus que correcte. Il est secondé par une offre de contenus imbattable, et prend toujours en charge les livres électroniques au format Mobi pour un chargement manuel (on pourra convertir les ePub avec Calibre).

On ne regrettera que sa vente par morceaux : 119 $ pour la liseuse, 20 $ de plus pour enlever les publicités, 10 $ de plus pour ajouter le chargeur qui n'est pas fourni… Et Amazon ne réussit même pas à proposer la liseuse la moins chère malgré ces artifices à la limite de la mesquinerie (la Kobo Glo est proposé par la Fnac à 129 € sans pubs).

Pas de quoi gâcher l'enthousiasme pour ce Kindle abouti. Ne lui reste qu'à être disponible hors des États-Unis.

[MàJ 11/10 à 19:40] Amazon propose maintenant à la vente en France le Kindle Paperwhite à 129 € pour une livraison prévue le 22 novembre. Le Kindle Paperwhite 3G est également disponible à 189 €. Amazon ne laisse pas le choix au consommateur français, ces liseuses sont disponibles seulement dans leur version sans publicité. Le chargeur est commercialisé à 9,99 €.

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