Pendant un mois, j’ai utilisé un Galaxy S8+ à la place de mon iPhone 7 Plus. Vous pouvez suivre mon expérience avec notre nouvelle timeline !
Ça y est, j’ai utilisé un Galaxy S8+, le flagship 2017 de Samsung, pendant un mois. Au départ attiré par l’écran OLED et sans bordures du téléphone, j’étais aussi curieux de découvrir ce que valait Android en 2017 et le faire en profondeur. Un mois, ce n’est pas suffisant pour découvrir toutes les possibilités, mais faire un usage quotidien et exclusif pendant quatre semaines du système, c'est suffisant pour avoir un aperçu assez complet.
Cela fait maintenant quelques jours que j’ai repris mon iPhone 7 Plus et iOS. Une bonne occasion de faire le bilan de cette expérience et d’esquisser les points forts de l’un et de l’autre.
Résumé des épisodes précédents
Si vous n’avez pas suivi la timeline, vous devriez commencer par mes précédents articles, puisque je ne les répéterai pas ici à nouveau. Voici les plus importants :
- premiers pas : première découverte d’Android, ergonomie ;
- bilan de mi-parcours : écran allongé, sécurité et Bixby ;
- trois semaines avec Android : écran d’accueil, flèche retour, les apps et les notifications ;
- appareil photo du S8+ et comparaison avec celui de l’iPhone 7 Plus ;
- essai du socle de recharge sans fil de Samsung ;
- essai du mode DeX de Samsung ;
- essai d’Android Wear.
L’écran, la star du téléphone
Difficile de ne pas commencer en évoquant, encore une fois, l’écran. C’est indéniablement la meilleure fonction du S8 et cet écran OLED qui recouvre quasiment toute la façade avant est décidément magnifique. Impossible de se lasser, même si les réglages colorimétriques de Samsung sont parfois un petit peu exagérés, mais cela se modifie facilement.
L’écran est très lumineux et lisible en toute situation. Ses contrastes sont infiniment meilleurs que ceux de n’importe quelle dalle LCD et sur les interfaces sombres, la différence est parfois spectaculaire. Ajoutez à cela des couleurs éclatantes et une densité de pixels très élevée (529 ppp sur le S8+) et vous aurez un affichage extrêmement plaisant à utiliser et à regarder, bien sûr.
En reprenant l’iPhone après un mois avec un écran OLED, la comparaison est cruelle pour Apple. Le constructeur a poussé le LCD dans ses derniers retranchements et le profil colorimétrique d’iOS est plus neutre, mais la différence saute aux yeux. Les couleurs sont plus ternes, les noirs sont toujours un peu gris et on n’a jamais l’effet spectaculaire que le téléphone de Samsung offre et dont je ne me suis jamais lassé.
L’absence de bordures est très sympathique et la prise en main est améliorée. Le S8+ intègre un écran nettement plus grand, mais il est moins large que l’iPhone 7 Plus, ce qui m’a permis d’accéder plus facilement à toute la largeur du téléphone. C’est bien pratique, mais je me suis aperçu en revenant à l’iPhone que ce design, très joli sur les photos, ne me manquait pas. Je pensais que ce serait une vraie gêne, mais j’ai vite repris mes marques sur le téléphone d’Apple. Il faut dire que la différence en largeur, celle qui compte le plus, n’est pas très importante.
Le format allongé est très sympathique et il permet d’avoir plus de contenu à l’écran. Les rumeurs disent que ce n’est pas la piste que veut suivre Apple — on évoque un écran allongé, mais avec une zone en bas réservée au système et donc le même espace dédié aux apps — et c’est dommage, je pense que c’est un format intéressant sur un téléphone.
Au niveau des idées dont Apple pourrait trouver matière à inspiration, j’ai beaucoup apprécié l’écran toujours allumé du S8. Avoir l’heure toujours disponible du coin de l’œil et une vague idée des dernières notifications reçues, le tout sans impact net sur l’autonomie grâce à l’OLED… c’est une formule gagnante. J’espère qu’Apple la reprendra pour son futur iPhone et même, d’ici là, pour l’Apple Watch déjà équipée d’un tel écran.
Je pourrais pointer du doigt la colorimétrie parfois plus impressionnante que réaliste, ou encore les bords courbés plus spectaculaires en photo qu’utiles à l’usage. Néanmoins, il est indéniable que l’écran du Galaxy S8+ est vraiment magnifique et bien supérieur à celui de l’iPhone.
De manière générale, Samsung a bien travaillé cette année et la qualité de fabrication de son téléphone haut-de-gamme est au niveau d’Apple. Je ne parle pas d’ergonomie et des choix parfois discutables, j’y reviendrai, mais bien de la qualité de construction. Le verre des deux côtés relié par un cadre en métal forme un ensemble d’excellente qualité, rien ne bouge et tout est précisément assemblé. Sur certains points, c’est même mieux que chez Apple : il n’y a aucune antenne de visible et l’appareil photo ne dépasse pas au dos.
La quantité au détriment de la qualité
Sur la photo juste au-dessus, vous voyez l’appareil photo principal du S8, mais ce n’est pas tout. Comme sur l’iPhone, il y a aussi un flash pour éclairer les scènes sombres, mais Samsung a aussi ajouté son capteur d’empreintes à droite et encore un autre capteur, cette fois pour le rythme cardiaque, à gauche.
Je trouve que cette photo résume assez bien la principale critique que je peux émettre contre le Galaxy S8+. Elle était là dès ma prise en main et elle n’a pas vraiment changé au fond : il y a beaucoup de fonctions à tester et d’options à régler, mais Samsung favorise souvent la quantité, au détriment de la qualité. Et parfois au détriment même de l’utilité.
Prenons le capteur cardiaque en exemple. Sur le papier, c’est une bonne idée de pouvoir mesurer son rythme cardiaque régulièrement. L’application Samsung Health prend en charge cette mesure et vous incite à la faire régulièrement. Oui, mais voilà : je n’ai réussi à obtenir une mesure rapidement que deux ou trois fois, et je peux vous dire que j’ai essayé de nombreuses fois en un mois ! Le doigt est toujours trop serré ou pas assez, il n’est jamais correctement positionné… Manifestement, cette fonction n’est pas au point, alors pourquoi la proposer ?
Il y a des cas plus gênants à l’usage, comme le bouton dédié exclusivement à Bixby sur le côté. Je comprends très bien que Samsung cherche à se différencier de n’importe quel autre smartphone Android et proposer son propre assistant n’est pas une mauvaise idée. Mais même sans juger de sa valeur par rapport à celui de Google, il n’est pas prêt dans nos contrées, faute d’assistant vocal. Dès lors, pourquoi imposer ce bouton ? Ou bien pourquoi ne pas proposer aux utilisateurs d’en changer la fonction ?
Le DeX est un bon exemple lui aussi. Ce socle qui transforme un Galaxy S8 ou S8+ en ordinateur de bureau d’appoint est très ambitieux, probablement trop pour son bien. Samsung a essayé de reproduire un système d’exploitation complet, mais le téléphone n’est pas capable de tenir la distance et j’ai été totalement bloqué par des performances médiocres. J’aurais préféré un mode DeX plus restreint et plus abouti.
Je pourrais encore citer les multiples options offertes pour déverrouiller le téléphone — empreintes, iris et reconnaissance faciale — et les problèmes avec chacune d’entre elles. Le capteur d’empreintes très mal placé au dos s’est finalement avéré être la meilleure solution, ce qui en dit long sur le côté gadget ou mal pensé des autres. La reconnaissance d’iris n’est pas aussi sécurisée qu’on le croyait et elle nécessite de positionner le téléphone bien en face du visage, ce qui est gênant à l’usage.
Quant à la reconnaissance faciale, elle est plus sûre que ce que l’on disait (aucun collègue n’a réussi à déverrouiller le téléphone avec des photos ou vidéos), mais elle n’est pas pratique au quotidien. Elle a été conçue pour les gens qui ne portent pas de lentilles — dès que vous avez des lunettes, elle ne fonctionne plus — et la détection échoue dès que les conditions lumineuses se détériorent. En gros, cela fonctionnait bien en journée au travail, mais le soir chez moi, je n’arrivais plus à rien. Le capteur digital fonctionne mieux, mais son placement malheureux ne m’a quasiment jamais permis de débloquer le téléphone d’un seul coup. Même après une trentaine de jours…
La liste d’options proposées par Samsung est encore longue. Il y en a des dizaines partout, depuis l’appareil photo et son clone de Snapchat, jusqu’aux fonctions « exclusives » du constructeur, comme la zone activée en glissant depuis le bord à droite. Je l’ai laissée active par curiosité, mais je ne l’ai jamais utilisée volontairement et je l’ai finalement coupée totalement. Pareil pour toutes les options qui permettent d’afficher deux apps en même temps, voire de les réduire à des fenêtres flottantes.
Je ne dis pas que tout le monde trouvera cela inutile. La possibilité de garder une vidéo en lecture tout en utilisant une autre app est d’ailleurs plutôt bien vue sur un écran aussi haut que celui du S8. Malheureusement, je trouve que ces fonctions sont souvent trop complexes et le système veut souvent trop en faire. Certes, je peux les ignorer et c’est ce que j’ai fait pour la majorité d’entre elles. Malgré tout, on sent leur poids à l’usage et je pense que les problèmes spectaculaires de lenteur que j'ai pu éprouver à certains moments sont, en partie au moins, liées à ces fonctions ajoutées par Samsung.
Sous le verre, toujours Android
C’est bien le cœur du problème. Samsung ne disposant toujours pas d’un système mobile capable de rivaliser avec celui de Google, le coréen essaie de multiplier les fonctions spécifiques qui le distingueront de tous les autres fabricants de smartphones. Pendant longtemps, la surcouche graphique Touch Wiz transformait totalement Android, mais Samsung a fini par la restreindre à la portion congrue face à son manque de succès.
La vérité, c’est que sous le verre et sous la surcouche désormais très légère, c’est toujours Android que vous retrouverez. C’était ma première véritable expérience avec le système mobile le plus répandu sur le marché, en tout cas la première fois que je l’utilisais exclusivement pendant plusieurs jours. À l’arrivée, je ne m’en cache pas, c’est la principale raison qui justifie mon retour à iOS, même s’il y a de très bonnes choses à piocher.
Je me suis déjà longuement exprimé sur mon expérience avec Android, alors je ne vais pas recommencer ici. iOS gagnerait à ouvrir un petit peu son écran d’accueil, sans aller aussi loin que celui d’Android où l’on peut tout changer. Le concept des raccourcis différents des apps elle-même est toutefois intéressant et je serais curieux de voir ce qu’en ferait Apple.
Depuis iOS 8, on peut installer des claviers différents sur un appareil iOS, mais Apple a toujours traité les claviers tiers différemment du sien et les performances n’ont jamais été aussi bonnes. Android fonctionne aussi bien avec n’importe quel clavier et j’ai beaucoup apprécié Gboard, celui de Google. Il regorge de bonnes idées et en voici une facile qu’Apple pourrait reprendre sur les plus grands iPhone : une rangée dédiée aux chiffres toujours visible.
Cela fait partie des petits trucs qui me manquent après mon retour à l’iPhone et il y a bien assez de place sur mon 7 Plus pour glisser cette rangée. En parlant de glisser, 3D Touch m’a souvent manqué pendant le mois passé avec le S8, mais le pire, c’était pour déplacer le curseur. Avec Gboard, je pouvais le faire uniquement sur la barre d’espace et ce n’était pas terrible. La gestion du texte et notamment des copier/coller est d’ailleurs assez moyenne sur Android, je trouve que c’est souvent plus simple et fiable avec iOS.
De manière plus générale, la liberté offerte par Android est assez grisante quand on a l’habitude d’iOS. Imaginez donc, vous pouvez choisir n’importe quel navigateur ou client mail ! Vous pouvez tout faire ou presque, mais cette liberté a un prix. Vous imaginez Apple fournir un antivirus dans iOS ? C’est pourtant précisément ce qu’a fait Samsung… Au-delà de la sécurité, le système essaie d’optimiser les apps, mais il le fait en proposant d’interrompre leur fonctionnement en arrière-plan.
Toute cette gestion, c’est souvent l’utilisateur qui doit s’en charger, au moins en partie. Android essaie d’être malin et d’informer l’utilisateur de ce qu’il devrait faire, mais il n’empêche que vous avez constamment des alertes et des messages d’informations. La philosophie des deux systèmes est totalement différente et cela se voit très bien ici : iOS est restrictif par défaut et autorise certaines apps à sortir du cadre ; Android est ouvert par défaut et limite certaines apps en fonction du contexte.
Le plus important reste le logiciel
Alors, iOS ou Android ? Apple ou Samsung ?
Il n’y a pas qu’une seule réponse et le succès d’Android prouve bien que le système conçu par Google convient parfaitement à la majorité des utilisateurs. Pour ma part, je préfère le cadre plus fermé d’Apple. Il est frustrant parfois, c’est vrai, mais il est en général mieux pensé, plus cohérent et stable, plus simple pour l’utilisateur.
Android est nettement plus puissant, parfois trop. Et sa complexité augmente quand, en plus des fonctions pensées par Google, il y a toutes celles ajoutées par le constructeur de téléphone. Par exemple, quasiment toutes les apps de base livrées avec Android sont doublées par une app équivalente de Samsung. Et la plupart sont installées par défaut, ce qui fait que vous devrez choisir un navigateur, un client mail, une calculatrice, une horloge… dès le départ.
Chacun choisira en fonction de ses besoins et de ses envies, mais le plus important, je pense, reste le logiciel. Samsung peut bien concevoir le meilleur matériel qui soit, utiliser un écran sublime et proposer un design séduisant, je privilégie toujours au bout du compte le système d’exploitation. Et même si j’ai trouvé des choses intéressantes du côté d’Android, iOS reste loin devant pour moi, il n’y a même pas vraiment de débat.
Il manque aussi à Android des apps aussi bien pensées et finies que celles que l’on peut trouver sur l’App Store. J’ai repris l’iPhone à peu près quand le gestionnaire de tâches Things 3 est sorti et je dois dire que cela a été très dur pour mon mois passé avec le S8+ et avec Android. Je n’ai jamais trouvé une app aussi bien conçue que celle-ci sur le Play Store de Google, et c’est encore peu dire.
Rétrospectivement, c’est le principal défaut que je soulèverai de cette expérience : les meilleures apps Android que j’ai pu tester étaient bien inférieures aux meilleures apps iOS. Je ne sais pas pourquoi c’est le cas, mais j’attends encore de voir une app aussi élégante, fluide et bien pensée que Things 3 sur le Play Store.
Certains me reprocheront mon avis biaisé dès le départ, et c’est vrai que mon avis n’a pas changé depuis le début. Néanmoins, j’ai donné une vraie chance à ce S8 et à Android et après quasiment un an passé avec iOS 10, j’avais fait dix fois le tour du système d’Apple et j’étais prêt à tester quelque chose de nouveau. Je n’ai pas été déçu côté nouveautés, mais en revanche, je n’ai pas été convaincu.
Merci à tous d’avoir suivi cette timeline. Si vous utilisiez un iPhone et que vous avez opté pour un S8, n’hésitez pas à ajouter votre point de vue au mien dans les commentaires pour enrichir la discussion !