Pendant un mois, je vais utiliser un Galaxy S8+ à la place de mon iPhone 7 Plus. Vous pouvez suivre mon expérience avec notre nouvelle timeline !
Quand je dis que j’ai remplacé mon iPhone 7 Plus par un Galaxy S8+, ce n’est pas complètement vrai. L’Apple Watch qui est à mon poignet depuis deux ans maintenant est totalement incompatible avec Android et le téléphone d’Apple reste ainsi toujours avec moi, au minimum au fond du sac, pour continuer à utiliser la montre. Ne reculant devant aucune épreuve, j’ai décidé de tester l’expérience Google jusqu’au bout en commandant une montre connectée Android Wear.
Le matériel importait peu pour mon essai et nous avons commandé ce modèle de Fossil qui avait l’avantage d’être vendu à un prix raisonnable (220 € environ) et d’être disponible rapidement. Je ne vais pas m’étendre sur le matériel trop longtemps, si ce n’est pour dire que je trouve que ce n’est pas terrible du tout. Le constructeur a essayé de faire une montre intelligente qui ressemble à une montre physique, mais c’est du skeuomorphisme inutile.
La molette et la lunette prennent de la place pour rien et elles ne tournent pas. La montre est aussi beaucoup trop épaisse et grosse à mon goût, son écran LCD a des angles de vision réduits et surtout il n'est pas complètement rond, ce qui est hideux, en plus de ne pas être pratique. Bref, ce n’est pas une très bonne montre à mon avis, mais je vais m’intéresser davantage à Android Wear associé à un smartphone Android.
Android Wear, un deuxième smartphone au poignet
Contrairement à Apple, Google ne force pas Android Wear sur sa plateforme et il faut installer l’app dédiée sur un smartphone pour utiliser une montre. Cette approche a des avantages néanmoins : l’app peut être mise à jour indépendamment du système et elle n’est pas limitée à Android. Si vous voulez utiliser une montre Android Wear avec un iPhone, il existe une app pour cela.
La première connexion est aussi simple qu’avec une Apple Watch, quoique différente. Vous devrez d’abord connecter la montre en Bluetooth, confirmer un code affiché sur son écran et initier la procédure… après avoir chargé la batterie d’au moins 20 %. La montre que nous avons reçue était totalement à plat et elle était a priori produite depuis un moment déjà. L’occasion de découvrir que la recharge se fait en induction, avec une technologie propriétaire qui ressemble à un clone du galet d’Apple.
Une fois la montre configurée, il m’a aussi fallu la mettre à jour. Android Wear 2.0 est disponible depuis quelques mois, mais ce n’était pas la version installée sur la Fossil à mon poignet. J’ai testé pendant quelques heures la première version, mais la mise à jour est bien supérieure et c’est celle que j’ai surtout utilisée au cours des derniers jours.
Avec Android Wear 2, Google a rattrapé son retard par rapport à watchOS, notamment en permettant d’installer des apps natives sur la montre qui peuvent fonctionner sans smartphone attaché. De façon générale, une montre dans l’écosystème Android est nettement plus indépendante qu’une Apple Watch et certains modèles équipés de carte SIM peuvent même être utilisés seuls. Ce n’est pas le cas de ma Fossil, mais il n’empêche que j’ai souvent eu le sentiment d’avoir un deuxième terminal Android à mon poignet.
Ce que je veux dire par là, c’est que la montre est gérée indépendamment du smartphone, alors que les deux appareils sont intimement liés chez Apple. Un exemple : ce n’est pas parce que vous activez le mode « Ne pas déranger » sur l’un qu’il sera activé aussi sur l’autre, les deux réglages fonctionnent de manière indépendante. Par défaut, une Apple Watch reprend les réglages de l’iPhone associé, même si l’utilisateur peut les dissocier.
À ma connaissance, il n’y a pas de réglages dans Android Wear pour que les réglages fonctionnent ensemble. Cette app promet de synchroniser le mode « Ne pas déranger », mais uniquement de la montre vers le smartphone et je n’ai pas réussi à la faire fonctionner. Et au-delà de cet exemple précis, la différence philosophique est évidente. Une montre Android Wear 2 est pensée pour fonctionner avec un smartphone, n’importe quel smartphone, et elle doit ainsi être largement plus indépendante.
C’est visible quand il faut installer des apps. En tant qu’utilisateur habitué à l’Apple Watch, j’imaginais que cela se ferait depuis le Galaxy S8+, mais non. L’installation doit se faire directement depuis la montre, en passant par le Play Store embarqué, même si pendant la première configuration, vous pouvez télécharger automatiquement toutes les apps disponibles.
Par la suite, si vous voulez installer une app Android Wear, vous devrez le faire depuis le Play Store. Google vous aide en affichant la liste des apps compatibles Android Wear installées sur votre smartphone. Il n’empêche que c’est à vous de les installer sur la montre et cela se fait directement depuis le Play Store si vous êtes connecté en Wi-Fi. Il n’y a, à ma connaissance, aucun moyen d’automatiser ce processus. En revanche, on peut installer une app directement sur la montre depuis son ordinateur, ce qui est bien pratique.
Outre l’installation des apps la première fois, le Play Store est le lieu où mettre à jour les apps installées sur la montre, même si c’est fait automatiquement en temps normal. Et c’est une boutique complète que vous avez au bout du poignet, avec une fonction de recherche et des fiches complètes pour les apps, captures d’écran et commentaires y compris. À mon goût, Google est allé un petit peu loin dans ce sens, surtout sur les montres rondes comme la mienne où cette interface n’est pas vraiment optimisée (et c’est un euphémisme).
De manière générale, une montre Android Wear nécessite plus de maintenance qu’une Apple Watch je trouve. Un exemple parmi d’autres : la montre mémorise les réseaux Wi-Fi pour s’y connecter automatiquement. Normalement, elle récupère le réseau utilisé par le smartphone, sauf qu’elle n’est pas compatible avec les réseaux uniquement sur la bande de fréquences 5 Ghz.
Chez moi, le S8+ est connecté à un réseau uniquement de ce type et j’ai été obligé d’associer la montre à un deuxième réseau Wi-Fi sur la bande 2,4 Ghz. La procédure a été assez simple à réaliser, le mot de passe est saisi sur le smartphone et cela fonctionne plutôt bien, mais c’est pénible d’avoir à le faire à la main malgré tout.
Je m’attendais à une meilleure intégration entre Android et Android Wear, mais elle est finalement limitée. La seule option que j’ai repérée concerne les appels et notifications qui restent en silencieux quand la montre est au poignet. Le smartphone peut aussi rester déverrouillé tant qu’il est connecté à la montre, c’est l’une des options de Smart Lock, mais c’est une option assez dangereuse, puisqu’elle ne gère pas le fait que la montre soit portée ou non, ni qu’elle soit verrouillée ou non.
Une montre à tout (trop) faire
L’approche suivie par Google a aussi des avantages. Pour commencer, les montres Android Wear peuvent aussi être associées à un iPhone, là où l’Apple Watch ne fonctionne pas du tout avec un smartphone Android. Ensuite, le système dépend moins de la connexion directe au téléphone via le Bluetooth qui reste très lent.
Android Wear nécessite aussi suffisamment de puissance, si bien que les composants utilisés sont nettement plus puissants que ceux de l’Apple Watch. À titre de comparaison, la Fossil que j’ai utilisée pour cet article est équipé d’un système-sur-puce de Qualcomm qui intègre un processeur quad-core capable de monter à 1,2 Ghz. L’Apple Watch la plus récente est équipée d’un processeur dual-core bloqué à 780 Mhz « seulement ».
Cette débauche de moyens techniques assure une fluidité générale rarement mise en défaut, même si certaines apps peuvent ralentir la montre et parfois la faire planter. Par rapport à l’Apple Watch de première génération que je porte au quotidien, c’est le jour et la nuit et c’est même plus rapide souvent qu’une Apple Watch Series 2. Pour prendre un exemple concret, Transit se lance très rapidement sur Android Wear, bien plus que sur watchOS.
Les développeurs peuvent aussi se permettre à peu près tout et n’importe quoi et vous trouverez des apps complètes et complexes pour Android Wear. Il y a des jeux, des clients mails complets, des explorateurs de fichiers (pour les fichiers de la montre, oui) et même des outils de benchmarks (ma montre est mesurée à 1872 points si vous voulez tout savoir). Le clou du spectacle ? Ce client YouTube qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, fonctionne à peu près.
Cette liberté est amusante et grisante, mais Android Wear a aussi souvent tendance à essayer d’en faire trop. On a beaucoup critiqué l’Apple Watch pour sa complexité, mais quand on a compris les concepts de base de watchOS, on s’y retrouve vite, notamment parce que les options laissées aux développeurs sont assez limitées. Mais aussi parce que la montre n’est qu’une extension du téléphone, ce qui la simplifie largement : vous n’avez pas à gérer les apps depuis le poignet, par exemple.
À l’inverse, j’ai souvent eu le sentiment d’être perdu ou de ne pas savoir comment faire quelque chose sur cette montre à la sauce Google. Certes, c’est en partie une question d’habitude et je m’y retrouve mieux chaque jour. Mais il y a aussi quelques problèmes ergonomiques, comme le fait qu’il n’y a aucun moyen simple de revenir immédiatement au cadran. L’unique bouton physique sur ma montre sert à afficher le sélecteur d’apps et couvrir l’écran avec la paume ne sert qu’à réduire la luminosité. D’où ce sentiment parfois d’être perdu dans l’interface et ne pas savoir comment s’en sortir.
Dans certains cas, ce n’est pas tant la faute d’Android Wear, mais plutôt de la montre de Fossil. Par exemple, elle n’intègre qu’un seul bouton physique, alors que d’autres modèles en ont deux pour simplifier leur utilisation. Quoi qu’il en soit, les choix d’Apple avec watchOS 3 pour gérer les deux boutons de l’Apple Watch me semblent en tout cas bien adaptés pour accéder rapidement aux fonctions désirées.
Enfin une montre qui affiche toujours l’heure !
Pour finir sur une note positive, il y a une chose qu’Android Wear fait mieux qu’Apple et elle est essentielle : l’écran de la montre est toujours allumé pour afficher l’heure en permanence. Il n’est pas nécessaire de tourner le poignet et encore moins de le lever. Inutile aussi d’attendre une seconde ou deux pour que l’écran s’allume. L’heure est toujours là, disponible au coin de l’œil ; c’est vraiment très pratique et il serait vraiment temps qu’Apple s’y mette.
Quand j’ai découvert que la Fossil n’intégrait pas un écran OLED très économe (les pixels s'allument individuellement), mais un écran LCD rétroéclairé en permanence, j’ai vraiment eu peur pour l’autonomie. À tel point que j’ai gardé le chargeur avec moi le premier jour, au cas où, mais même avec cet écran alimenté en permanence, l’autonomie est largement suffisante.
J’ai beaucoup utilisé la montre ces derniers jours, y compris pour tester ses fonctions de suivi d’effort et pour regarder des vidéos sur YouTube. J’ai toujours fini la journée sans trop de problèmes, parfois dans le rouge, certes, mais jamais dans le noir. Pour moi, c’est équivalent à ce que j’ai encore aujourd'hui avec une Apple Watch qui a plus de deux ans.
Autant dire qu’avec un système aussi optimisé que l’est watchOS et surtout un écran OLED, Apple pourrait ajouter cette fonction sans problème, même si c’est uniquement pour afficher l’écran du mode réserve, avec l’heure dans un coin : on n’a pas besoin de plus, ce serait déjà une avancée. Espérons que watchOS 4, probablement présenté lors de la WWDC, ajoutera enfin cette fonction.
Et puisque l’on parle d’afficher l’heure, les amateurs de cadrans seront aux anges avec une montre Android Wear. Il y a l’embarras du choix dans le Play Store, des milliers et des milliers de cadrans, des copies de montres existantes et des propositions originales. Il y a vraiment de tout et pour tous les goûts, mais ces options en pagaille sont un peu gâchées par l’écran pas tout à fait rond de la montre de Fossil.
À titre personnel, je préfère un bon cadran bien pensé qu’une multitude d’options moyennes. Je pense que l’Apple Watch gagnerait à être plus souple dans ce domaine, mais je n’ai pas vraiment envie d’avoir tous ces cadrans Android Wear, d’autant qu’ils sont souvent médiocres. Celui que j’ai choisi, Bits, est plutôt malin, même s’il affiche peut-être trop de complications sur un même écran.