Le premier iPhone a évidemment marqué son époque au fer rouge avec son design inédit et ses fonctions innovantes, en particulier son écran multi-touch. Mais ce n’est qu’une année plus tard, en 2008, que la mèche de la révolution mobile s’est véritablement consumée, avec le lancement de l’App Store et des outils de développement ouvrant des perspectives excitantes.
Il se raconte que Steve Jobs s’est fait tirer l’oreille pendant un bon moment avant qu’il accepte d’ouvrir son iPhone aux développeurs tiers. À l’origine, seules les webapps avaient droit de cité sur l’écran d’accueil du smartphone… Mais c’est bien l’App Store qui a définitivement installé l’iPhone dans les poches des utilisateurs du monde entier. Et bousculé de nombreux secteurs d’activité. Voici quelques exemples.
Le transport de personnes
En 2009, la toute jeune start-up UberCar commence à développer une application de mise en relation entre l’utilisateur et un chauffeur. Deux ans plus tard, la jeune pousse rebaptisée simplement Uber se lance à San Francisco, avec le succès que l’on sait. Le service de VTC (voiture de transport avec chauffeur), qui permet de connaitre immédiatement le prix de la course, s’est depuis implanté un peu partout dans le monde en multipliant les déclinaisons (UberEATS, UberPool…), et en générant au passage des clones concurrents.
Parti de pas grand chose, Uber est aujourd’hui la start-up la mieux valorisée au monde : suite aux tours de table successifs, l’entreprise pèserait en effet 70 milliards de dollars. Une croissance folle qui a récemment coûté son poste à Travis Kalanick, le cofondateur de la société : il serait à l’origine d’une culture d’entreprise assez malsaine, à base d’intimidation et de pratiques commerciales douteuses. Sans oublier les innombrables plaintes des taxis, les interdictions dans plusieurs villes…
Uber est entré si vite et si fort dans notre quotidien que l’entreprise est devenue un verbe. Un peu péjoratif même, puisque personne n’aime se faire « uberiser », c’est à dire subir une flexibilité maximum à l’instar des chauffeurs du service. Une de leurs revendications qui revient souvent sur le tapis, est d’ailleurs de devenir des employés de la société.
S’il semble aujourd’hui complètement intégré dans les habitudes de « commander » un Uber avec son iPhone — voire en demandant simplement à Siri —, ce service ne va donc pas encore de soi. La législation ne s’est pas adaptée à cette nouvelle réalité des usages, mais il est bon aussi de poser des garde-fous.
Le guidage GPS
Oui, il se vend encore aujourd’hui des boîtiers GPS. TomTom, un des spécialistes de ce secteur d’activité, continue d’en faire le commerce. Mais pour beaucoup d’automobilistes, c’est l’iPhone qui est devenu le compagnon de route au quotidien.
Les applications de guidage qui tirent partie du GPS de l’iPhone (le modèle de 2007 n’intégrant pas ce composant, il a fallu attendre le modèle 3G) se sont multipliées, provenant de… TomTom par exemple, mais aussi d’éditeurs purement logiciels comme Waze, Coyote, voire tout simplement de Google avec Maps.
Là aussi, l’apparition de ces nouveaux outils et la constitution de communautés autour de ces services, a provoqué des heurts. C’est le cas notamment des avertisseurs de radars et de patrouilles au bord des routes. Ces apps ont dû retirer la signalisation des radars et se contenter d’afficher les zones de danger. Le ministère de l’Intérieur discute actuellement avec les éditeurs des applications afin de rendre « invisibles » les policiers durant les contrôles sensibles.
Dans ce domaine comme dans d’autres, les applications mobiles vont plus vite que la musique législative, dont le tempo est nécessairement plus lent que ces services qui veulent transformer radicalement les usages.
Les transports amoureux
L’iPhone et l’App Store ont totalement ringardisé l’activité discrète des services traditionnels de rencontres. On pense évidemment à Tinder, qui permet de sélectionner son prochain rencard en balayant les profils du bout du doigt… D’autres apps offrent des moyens moins radicaux pour rencontrer d’autres personnes, mais le principe est généralement le même : trouver l’âme sœur près de chez soi.
Certes, les rencontres en ligne ont existé bien avant l’iPhone. Mais pouvoir consulter en mobilité et n’importe quand les profils de rencontres potentielles est devenu pour beaucoup de célibataires une deuxième nature ! C’est pourquoi il est un peu incongru de voir Tinder s’adapter à l’Apple TV, appareil sédentaire par excellence.
Les discussions
La révolution des applications mobiles a modifié notre rapport aux autres, que ce soit dans le domaine des rencontres comme on l’a vu plus haut, mais aussi dans les conversations que l’on peut avoir avec ses proches ou ses collègues. Les apps de messagerie instantanée — à commencer par Messages — ont déferlé, emportant sur leur passage les logiciels de discussion « de bureau ».
Skype est parvenu à survivre, mais le service n’est plus que l’ombre de lui même (il a perdu 300 millions d’utilisateurs de 2011 à 2016) et la dernière version se contente de coller à la roue des apps en vogue. L’app est pourtant apparue sur l’App Store au début de l’année 2009. Messenger, WhatsApp (tous deux propriété de Facebook), Snapchat, Line, Viber… Ce sont ces apps qui mènent le bal des conversations.
Quitte à inventer de nouvelles formes de communication. Le concept de Stories a été inauguré dans Snapchat, une idée reprise sans vergogne par Facebook et qui a aussi essaimé dans… Skype.
L’administratif
Il n’y a rien de plus facile que de payer son tiers provisionnel : il suffit de scanner le code QR de sa feuille d’impôt avec l’application Impots.gouv, et de valider le paiement. Connaitre les paiements versés par la Sécu des six derniers mois ? Consultez simplement l’app Ameli. Savoir le montant de la dernière alloc’ de la CAF ? Il existe une application pour cela.
Les applications des différentes administrations ne sont pas nécessairement les plus belles ou les mieux pensées. Mais elles font ce qu’on leur demande et c’est bien ce qui compte… le tout depuis son iPhone. Il est terminé le temps où il fallait faire la queue des heures derrière un guichet impersonnel ou envoyer des chèques par la Poste.
Il reste encore beaucoup de travail pour une administration 100% numérique ; c’est d’ailleurs une des promesses d’Emmanuel Macron. Maintenant que le candidat d’En Marche est entré à l’Élysée — il n’a pas oublié de prendre avec lui ses deux iPhone — , il ne reste plus qu’à mettre des actes derrière les mots.
Les apps à tout faire
Ce ne sont là que quelques exemples des nombreux secteurs d’activité révolutionnés par les apps mobiles nées dans la foulée de l’ouverture de l’App Store. Avec l’ajout de nouvelles fonctionnalités liées à des composants de plus en plus puissants, Apple a bien l’intention de continuer à aiguiller les développeurs et à stimuler leur imagination. La réalité augmentée d’ARKit pourrait bien ouvrir de nouvelles possibilités…