On ne s’attendait pas à retrouver le même système-sur-puce conçu par Apple pour les Mac dans un iPad, mais voilà : le dernier iPad Pro est équipé de l’Apple M1, strictement le même que celui des Mac Apple Silicon sortis depuis l’automne dernier. Le constructeur a choisi la solution la plus simple de son point de vue, en reprenant une puce déjà à son catalogue au lieu d’en créer une nouvelle variante.
C’était logique au fond : l’Apple M1 est basé sur les travaux réalisés par l’entreprise pour les appareils iOS et il est proche de l’Apple A14 des iPhone 12 et de l’iPad Air 4. Malgré tout, cela veut dire que l’iPad Pro n’a jamais été aussi proche d’un MacBook Air, ou même d’un iMac 24 pouces. La puissance n’était pas un problème avec les tablettes haut de gamme d’Apple, mais cette génération semble franchir un nouveau cap.
Pour quoi faire ? C’est ce que nous allons voir ensemble dans ce test, qui se concentre sur le modèle 12,9 pouces1 !
Physiquement, presque le même iPad
L’iPad Pro de 2021 est avant tout… un iPad. Le concept n’a pas changé depuis la toute première génération qui fête son onzième anniversaire cette année, et vous ne serez pas dépaysé. Ce sera d’autant moins le cas si vous utilisiez un iPad Pro sorti depuis 2018, le design n’ayant pas vraiment évolué depuis. Même sans cela, l’esprit de l’iPad original n’est pas si éloigné de ce nouveau modèle.
Pour ceux qui n’ont jamais testé d’iPad Pro, cette génération conserve le design anguleux introduit il y a trois ans de cela. Le dos est parfaitement plat, tout comme les bords : ce design utilitaire a inspiré d’autres produits chez Apple, des iPhone 12 à l’iMac 24 pouces et il devrait encore continuer à s’étendre si l’on en croit les rumeurs. Il faut dire que c’est un design simple et efficace, qui n’a pas pris une ride selon moi.
Quand on découvre le matériel pour la première fois, c’est la finesse qui surprend toujours. Même si le modèle 12,9 pouces de 2021 est un petit peu plus épais, de 0,5 mm pour être précis, il reste un modèle en la matière avec ses 6,4 mm d’épaisseur (la version 11 pouces n'a, elle, pas bougé d'un poil à 5,9 mm). C’est 1 mm de moins qu’un iPhone récent, pour vous donner une idée.
D’ailleurs, on peut à peine voir la différence en posant les deux générations de 12,9 pouces côte à côte et elle disparaît dès que l’on prend l’une des tablettes en mains. En tout cas, je ne peux pas : pris seul, l’iPad Pro de 2021 me semble toujours aussi fin que celui de 2018. Les autres dimensions du grand modèle n’ont pas changé du tout : 28 cm de haut sur 21,5 de large, soit quasiment la taille d’une feuille A4.
Si vous n’avez jamais utilisé d’iPad de 12,9 pouces, cette taille vous semblera immense, mais croyez-moi, on s’y habitue vite. Pour un usage intense, comme c’est désormais le mien, c’est le compromis idéal je trouve, notamment dès que l’on essaie d’avoir plus d’une seule app à l’écran. On est proche des dimensions du MacBook Air et ce n’est pas trop grand pour bouger avec la tablette et même l’utiliser en déplacement. Je n’ai jamais eu de problème à travailler avec dans un train, pour donner un exemple concret.
Physiquement et avant même de démarrer la nouvelle génération, il y a tout de même une différence nette et c’est le poids de l’appareil. L’iPad Pro 12,9 pouces de 2021 a pris 40 g de plus par rapport au modèle de 2020, qui était lui-même 10 g plus lourd que ma tablette, un modèle de 2018 (la version 11 pouces a, elle, perdu 5 g à 466 g). La dernière génération dépasse légèrement les 680 g et cette différence est notable.
Même après plusieurs jours, je ressens toujours le surpoids en prenant la tablette en mains et combinée avec son Magic Keyboard, on atteint un niveau limite, je trouve. On approche quasiment des 1,4 kg, cent grammes de plus qu’un MacBook Air ce qui est significatif. Ceux qui écrivent beaucoup sur la tablette bénéficieront toujours des avantages apportés par l’accessoire — je vous renvoie à mon test de l’an dernier pour en savoir plus —, mais cette augmentation n’est pas une bonne nouvelle pour ceux qui le trouvaient trop lourd.
Pour en revenir à l’épaisseur, l’augmentation aussi légère soit-elle en mains n’est pas indolore pour les accessoires. Il n’y a finalement aucun problème pour le Magic Keyboard, comme j’ai pu le confirmer avec mon exemplaire qui n’est pas officiellement compatible avec l’iPad Pro 12,9 pouces de 2021, mais qui accepte parfaitement la nouvelle tablette. En revanche, ce ne sera pas le cas pour tous les produits tiers, comme le prouve l’exemple de la station d’accueil de Kensington qui devra être mise à jour à peine sortie.
Et puisque l’on parle d’accessoires, un mot encore concernant ceux livrés par Apple avec sa tablette. Aucun changement en 2021, on a toujours un adaptateur secteur en USB-C, un câble USB-C vers USB-C, deux stickers avec la pomme et un outil d’éjection pour le logement dédié à la carte SIM sur les modèles cellulaires. À noter que l’adapteur est passé de 18 à 20 W de puissance, un changement qui remonte à l’automne dernier.
Terminons le tour du propriétaire en notant qu’il n’y a toujours que deux coloris disponibles pour les iPad Pro : argent (celui du test) et gris sidéral. C’est un petit peu triste face aux couleurs de l’iPad Air 4 ou encore plus du nouvel iMac M1, mais jusque-là, les appareils Pro sont toujours plus sobres chez Apple.
Même topo pour le Magic Keyboard, qui passe du gris sidéral, seule option l’an dernier, au blanc pour ceux qui le souhaitent. Le produit est identique par ailleurs, mais si vous aimez les teintes claires, c’est un changement intéressant, l’ensemble est nettement plus lumineux. Avec un iPad Pro argent, c’est une combinaison visuellement plaisante, du moins tant que le clavier est neuf. Espérons que cette déclinaison blanche tienne sur la durée et ne perde pas vite de sa superbe, mais je ne peux pas en juger en si peu de temps.
Un écran mini-LED pour concurrencer l’OLED
L’iPad Pro 12,9 pouces de 2021 est un petit peu plus épais pour une bonne raison : sa dalle LCD traditionnelle a été remplacée par une dalle mini-LED, nommée « Liquid Retina XDR » par Apple. Notez que ce changement ne concerne que la grande tablette, sa petite sœur doit toujours se contenter de la technologie historique pour le moment. Dommage pour elle.
Si vous ne l’avez pas lu, je vous recommande de commencer par cet article théorique que nous avons publié sur la technologie mini-LED, je ne reprendrai pas ici son contenu :
Sur le papier, le mini-LED apporte au LCD les meilleurs avantages des dalles OLED, sans ses inconvénients. Grâce à l’utilisation de LED de petites tailles, le rétro-éclairage n’est pas uniforme pour améliorer les contrastes et offrir des noirs profonds. Derrière la dalle de 12,9 pouces de la tablette conçue par Apple, il y a ainsi plus de 10 000 diodes individuelles, regroupées en 2 596 zones qui peuvent être contrôlées indépendamment.
Ces multiples points lumineux permettent à Apple de revendiquer un contraste de 1 000 000:1, similaire à celui des écrans OLED. À l’usage, cela veut dire que les noirs affichés à l’écran sont plus profonds, puisque les pixels en-dessous ne sont pas éclairés. L’iPad Pro 2021 en bénéficie tout particulièrement pour regarder une vidéo : les bordures de part et d’autre de l’image disparaissent entièrement, ce qui est encore plus efficace si vous utilisez la tablette dans le noir.
Cela ne se limite pas aux vidéos cependant. Les amateurs de mode sombre apprécieront l’interface d’iPadOS sur cet écran mini-LED, avec un noir bien plus profond que sur les anciennes tablettes. Dans mon cas, je passe mes journées de rédacteur dans l’app iA Writer en mode sombre et la différence entre mon iPad Pro de 2018 et ce nouveau modèle est plus impressionnante que je l’aurais imaginé. Le contraste entre le fond presque noir et le texte blanc ou gris avec le mode concentration est renforcé sur la nouvelle tablette, ce qui en améliore la lisibilité.
Si vous utilisez essentiellement la tablette en mode clair, la différence ne sera pas aussi sensible pour vous. Malgré tout, l’écran « Liquid Retina XDR » a encore des arguments à faire valoir par rapport au « Liquid Retina » tout court des générations précédentes. La référence au Pro Display XDR, le moniteur professionnel d’Apple, n’est pas qu’une astuce marketing et l’iPad Pro 12,9 pouces partage d’autres caractéristiques techniques avec l’écran de 32 pouces, en particulier sur la luminosité.
Par défaut, l’écran peut monter à 600 nits, comme avant. C’est la valeur que l’on obtiendra en poussant le curseur de luminosité au niveau maximal et en affichant du contenu SDR. Typiquement, l’interface d’iPadOS, un document ouvert dans un éditeur de texte ou encore une page web s’afficheront dans ce mode et la luminosité sera identique sur tous les iPad Pro récents.
C’est en mode HDR que le 12,9 pouces dernière génération se distingue. Cette fois, il peut monter jusqu’à 1 000 nits sur tout l’écran, et même pousser localement jusqu’à 1 600 nits si c’est nécessaire. Ce sont les mêmes valeurs que le Pro Display XDR et c’est bien plus élevé que tous les écrans des iPad ou Mac jusque-là. La différence est alors bien visible : la luminosité est plus élevée sur les zones qui le nécessitent, tout en maintenant les noirs profonds ailleurs.
Cette vidéo HDR tournée de nuit à Osaka, au Japon, le met bien en valeur. Les éclairages artificiels ressortent mieux sur le nouvel iPad Pro, les couleurs sont plus vives et les zones éclairées sont plus lumineuses, sans nuire aux ombres. Notez comme le ciel est vraiment noir sur la nouvelle tablette, alors qu’il semble presque bleuté sur l’ancienne.
Si vous disposez d’un iPhone 12, vous n’avez pas besoin de regarder une vidéo YouTube pour profiter du contenu HDR. Les vidéos tournées avec les derniers modèles sont compatibles HDR Dolby Vision, jusqu’à 60 images par seconde pour les versions Pro. La différence sera visible dans les deux cas sur l’écran du nouvel iPad Pro.
Sur cet exemple tourné avec un iPhone 12 mini, on pourrait croire le HDR moins visible puisque la vidéo a été tournée de jour et avec une bonne lumière. Notez toutefois la différence sur le chapeau blanc au premier plan, qui semble presque grisé en comparaison sur l’iPad Pro de 2018 et son écran traditionnel. La photo ne rend pas justice au rendu des deux écrans, mais elle met en avant l’écart qui les sépare.
La présence de 10 000 LED peut sembler énorme, mais c’est un chiffre bien insuffisant pour couvrir chaque pixel individuellement. L’écran de 2 734 x 2 048 px en compte plus de 5,5 millions, si bien qu’il y aura nécessairement des pixels noirs qui resteront éclairés. C’est d’autant plus le cas que la tablette ne dispose « que » de 2 596 zones qui peuvent être contrôlées indépendamment. Cela équivaut à des zones d’environ 2 mm de côté, pour vous donner une idée.
Ces détails techniques sont importants pour comprendre un effet secondaire de la technologie mini-LED : le « blooming », un halo lumineux qui apparaît autour des zones vivement éclairées. Cet effet est bien présent sur l’iPad Pro, mais il ne vous gênera peut-être pas. D’une part, tout est question de sensibilité et tout le monde ne le voit pas, ou en tout cas pas à la même intensité. Même si, comme l’auteur de ces lignes, vous n’êtes pas trop attentif au phénomène, vous pourrez toujours le voir en cherchant un petit peu.
Je tiens à préciser d’emblée que les photos accentuent considérablement l’effet de blooming. En réalité, il est moins visible et surtout beaucoup moins gênant que ce que vous allez voir. Et surtout, il n’est réellement visible que si plusieurs conditions sont réunies : le fond doit être entièrement noir, la luminosité de l’écran doit être poussée à 100 % et il faut être dans l’obscurité. Changez n’importe lequel de ces paramètres et l’effet sera considérablement réduit : si l’app utilise du gris foncé au lieu du noir, si vous baissez la luminosité de l’écran ou encore si vous utilisez l’iPad dans une pièce éclairée.
Ceci étant, le blooming est bel et bien visible dès lors que l’écran mini-LED doit afficher une zone très lumineuse sur une zone très sombre. Vous pouvez tester avec l’app Notes en interface sombre et un trait épais effectué en plein écran : le trait alors blanc sur fond noir « bave » sur les côtés. Le phénomène est aussi observable sur la barre de statut, ou même sur la barre d’accueil en bas de l’écran. C’est plus visible sur les photos qu’en usage courant, mais cela ne veut pas dire que l’effet disparaît pour autant.
Même si le mini-LED rapproche considérablement le LCD de l’OLED, il reste cette différence malgré tout en faveur de la technologie utilisée par Apple pour ses montres et smartphones. Dès lors, pourquoi ne pas avoir utilisé de l’OLED aussi dans les iPad Pro ? Cette technologie n’a pas que des avantages : durée de vie plus limitée, couleurs dégradées en vision latérale, luminosité maximale plus faible et, peut-être le point le plus significatif pour la tablette, difficulté à afficher une vitesse de rafraîchissement élevée et variable.
Pour rappel, tous les iPad Pro récents disposent d’écrans « ProMotion », capables de monter à un rafraîchissement de 120 images par seconde. Cela permet d’obtenir un affichage plus fluide, mais c’est aussi exploité pour améliorer la réactivité de l’Apple Pencil. Pour préserver sa batterie, la tablette ne tourne pas en permanence à cette vitesse toutefois, la fréquence de rafraîchissement évolue constamment en fonction des besoins.
Les dalles LCD s’accommodent aisément de ces caractéristiques, pas les dalles OLED. Il est possible de créer une tablette OLED de la taille de l’iPad Pro à 120 Hz, comme Samsung l’a prouvé avec sa Galaxy Tab S7+, mais elle reste bloquée à cette fréquence en permanence. Apple refusant de faire ce compromis, on comprend mieux le choix du mini-LED qui permet d’apporter les avantages de l’OLED tout en conservant ProMotion à l’identique. C’est la même raison qui explique aussi pourquoi l’iPhone est toujours limité à 60 Hz, au passage :
Revenons-en à l’écran de l’iPad Pro 2021, en notant un dernier petit défaut, ou en tout cas une différence avec les modèles précédents. Le verre devant la dalle est légèrement surélevé, cela se traduit par une ombre visible sur les côtés quand on affiche un fond clair. C’est subtil et difficile à montrer en photo, mais la différence est nette quand on pose la nouvelle génération à côté d’un modèle précédent. Elle s’oublie aussi très vite à l’usage, il faut le souligner.
Le mini-LED n’est pas une technologie parfaite, on le voit bien. Même si elle permet d’améliorer les contrastes au point de s’approcher de ceux de l’OLED, elle s’accompagne d’effets non désirables, blooming en tête. Pour autant, est-ce un mauvais choix de la part d’Apple ? Je ne pense pas, car en usage courant, je ne vois pas ces désagréments et je profite des noirs profonds. Si vous êtes plus sensible au phénomène, votre conclusion sera peut-être bien différente.
Une puce surpuissante, mais pour quoi faire ?
Au lieu de créer un nouveau système-sur-puce (SoC) spécialement pour ses deux iPad Pro, Apple a repris l’Apple M1 présenté à l’automne pour ses Mac. Ce n’est pas seulement pour la blague lors de la présentation de la tablette, c’est réellement la même puce que l’on trouve dans tous les Mac Apple Silicon sortis jusque-là, et désormais dans la tablette.
L’iPad Pro de 2021 est ainsi animé par un processeur (CPU) de huit cœurs, quatre performants et quatre efficients, ainsi qu’une puce graphique (GPU) de huit cœurs également. Un moteur neuronal de 16 cœurs est aussi au rendez-vous pour toutes les tâches liées de loin ou de près à l’intelligence artificielle. Le tout est associé à 8 ou 16 Go de mémoire unifiée (RAM) qui servira à tous les composants du SoC.
Avec une telle fiche technique, Apple vante des performances ébouriffantes, avec une progression de 50 % pour le CPU et 40 % pour le GPU par rapport à l’Apple A12Z, le SoC qui équipait les iPad Pro de 2020. Mais avant de parler de performances, un mot sur l’autonomie, nécessairement liée.
Pour Apple, rien ne change avec cette nouvelle gamme et le constructeur promet « jusqu’à 10 heures » en navigation web Wi-Fi ou en lecture vidéo, et « jusqu’à 9 heures » en navigation web cellulaire. Ce sont les mêmes valeurs depuis 2018 et d’après mon expérience, cela se retrouve en usage courant. Je peux tenir une journée de travail avec une charge, mais guère plus et même moins si j’utilise trop d’apps gourmandes ou si je commence à jouer.
C’est correct et en même temps décevant face aux Mac portables Apple M1. Le MacBook Air et surtout le MacBook Pro ont une autonomie de plusieurs jours en usage courant, mais il ont aussi une batterie nettement plus grosse.
CPU
Puisque le processeur de la tablette est le même que ceux des Mac, j’ai glissé un portable vendu par Apple dans les tests de performances. J’ai opté pour le MacBook Air haut de gamme (avec 8 cœurs GPU) dans mes comparaisons pour ne pas avantager la puce avec un ventilateur.
Que ce soit sur un seul cœur ou avec tous les cœurs disponibles dans le CPU de l’Apple M1, la tablette et l’ordinateur ultra-portable d’Apple sont au coude à coude, ce qui est logique. Le MacBook Air est légèrement devant, mais on est dans la marge d’erreur et il ne faut pas oublier que l’on ne compare pas entièrement la même situation. Ce sont deux systèmes d’exploitation sous-jacents et deux versions différentes de Geekbench 5.
Cela dit, on voit bien les progrès réalisés par cette nouvelle génération de tablette par rapport aux deux précédents iPad Pro. En single-core, l’Apple M1 souligne sa proximité avec l’Apple A14 d’un iPhone 12 Pro et creuse l’écart avec l’Apple A12Z de l’iPad Pro 2020. C’est logique, on a deux générations d’écart pour le design des cœurs CPU et le M1 reprend le même design que l’A14. L’écart de performances entre les deux s’explique notamment par la fréquence du CPU, limitée à 3,1 Ghz pour l’iPhone, contre 3,2 GHz pour les modèles M1.
En multi-core, le M1 avec ses huit cœurs prend forcément l’ascendant sur l’A14 et ses six cœurs, dont seulement deux rapides. Il se distingue aussi de l’A12Z qui bénéficiait pourtant du même nombre de cœurs. Mais en deux générations, Apple a fait des progrès notables et les cœurs de son dernier système-sur-puce sont nettement plus rapides. La preuve avec ce score qui dépasse allègrement les 7 000 points, quand l’iPad Pro de 2020 bloquait autour de 4 700 points.
GPU
L’iPad Pro 2021 intègre le même GPU huit cœurs que tous les appareils équipés de l’Apple M12 et sans surprise là aussi, ses mesures de performance théoriques sont similaires à celles des premiers Mac Apple Silicon. Le score Compute de Geekbench 5 affiche un score si proche à celui du MacBook Air, près de 20 500 points, qu’on peut le considérer identique.
Face à l’iPad Pro de 2018, qui disposait lui aussi de huit cœurs GPU, le nouveau modèle creuse l’écart avec un gain de l’ordre de 71 %. C’est bien supérieur à ce qu’Apple a promis, bizarrement, mais il faut se rappeler que ces tests restent théoriques. En pratique, on sera sans doute plus autour des 40 % vantés par le constructeur.
Quoi qu’il en soit, la tablette n’a aucune difficulté sur ce plan, surtout dans la version actuelle d’iPadOS qui la limite à la définition de son écran et éventuellement un écran externe en mode miroir. Il faut quand même noter que cette génération est capable de gérer un Pro Display XDR et sa définition de 6K native, une configuration qui devrait tirer un petit peu plus sur le GPU.
Neural Engine
L’Apple M1 intègre le même moteur neuronal de 16 cœurs capable d’exécuter onze mille milliards d’opérations par seconde selon Apple. Un chiffre impressionnant qui traduit bien l’importante de l’intelligence artificielle et en particulier de l’apprentissage automatisé, ou machine learning. C’est encore plus vrai pour iOS que macOS et l’iPad Pro de 2021 est à la tête de ce que l’on peut obtenir dans ce domaine.
Cela se voit sur les tests théoriques, comme celui réalisé par Geekbench ML sur les appareils iOS. La tablette dépasse le modèle de l’an dernier d’une bonne marge et elle fait même mieux qu’un iPhone 12 Pro équipé d’une Apple A14 qui dispose pourtant du même moteur neuronal. Il faut souligner que cette app isole volontairement le CPU et le GPU, puis exploite CoreML qui repose autant sur le moteur neuronal que sur les deux autres.
À l’usage, la différence par rapport à un iPad Pro de 2020 peut être spectaculaire. J’ai utilisé l’app Pixelmator Photo et son outil d’agrandissement basé sur CoreML pour tester les deux tablettes sur la même photo prise avec un iPhone 11 Pro. Le modèle de l’an dernier a terminé la tâche en 34 secondes, alors qu’il n’en a fallu que 17 pour celui de 2021. Un temps de calcul divisé par deux en une seule génération, c’est un sacré bond de performance !
Un bond qui n’est pas une surprise, le score obtenu par la tablette dans ce test étant très proche de celui affiché par les Mac M1 dans les mêmes conditions, mais avec l’app Pixelmator Pro pour macOS. Sur le Mac mini, il m’avait fallu 15 secondes pour finir la même tâche, également avec une photo prise à l’iPhone.
L’impact de CoreML n’est pas toujours aussi simple à quantifier au quotidien, mais l’intelligence artificielle est désormais au cœur d’iPadOS et Apple a choisi de faire le maximum en local. L’analyse des photos, les suggestions de Siri ou même les contacts mis en avant dans la fenêtre de partage sont autant de tâches qui seront effectuées plus rapidement et en consommant moins d’énergie sur cette tablette.
RAM
En matière de performances, la différence la plus notable est peut-être à chercher du côté de la mémoire vive. Alors que les anciens iPad Pro se contentaient de 6 Go de RAM, les modèles de cette génération disposent au minimum de 8 Go et montent même à 16 Go sur les versions haut de gamme. La différence se fait selon la capacité de stockage, les versions 1 et 2 To étant les seules à disposer de la RAM doublée. C’est la seule concession sur ce point faite par rapport aux Mac : il n’est pas possible de payer plus juste pour ajouter de la mémoire vive, il faut obligatoirement passer au niveau de stockage supérieur.
Stockage | RAM |
---|---|
128 Go | 8 Go |
256 Go | 8 Go |
512 Go | 8 Go |
1 To | 16 Go |
2 To | 16 Go |
Mon iPad Pro de test n’est équipé « que » de 8 Go de RAM, mais je me demande encore à quoi pourraient me servir les 8 Go supplémentaires. Cette dotation de base est déjà généreuse, surtout par rapport aux 4 Go de l’iPad Pro de 2018 que j’utilise au quotidien. Par exemple, j’ai noté que Safari conservait tous les onglets ouverts bien plus longtemps, alors que l’ancien modèle forçait régulièrement leur recharge. Même mes raccourcis qui manipulent des images et ont tendance à vider les 4 Go de ma tablette n’ont aucun effet sur les autres apps avec cette nouvelle génération.
Quand on sait qu’un Mac M1 peut tourner très correctement avec 8 Go de RAM, ce n’est pas surprenant qu’un iPad s’en sorte encore mieux. D’autant qu’iPadOS ne gère pas la RAM comme macOS. D’une part, on ne laisse pas tourner autant d’apps en parallèle avec la tablette, vous aurez au mieux trois fenêtres au premier-plan (deux en partage d’écran, une en slide-over), plus une poignée à l’arrière-plan, et encore, pour une durée limitée à quelques rares exceptions près.
D’autre part, il faut souligner une autre limitation d’iPadOS : même si votre iPad Pro dispose de 16 Go de RAM, une app ne pourra pas exploiter toute la mémoire disponible. La quantité de RAM accessible par une app est la même sur les deux versions : 5 Go au mieux. Cette limite augmentera peut-être avec une future mise à jour du système, mais à l’heure du test, il est inutile d’opter pour 16 Go en espérant améliorer les performances d’une app. Ce choix sera plus utile pour exploiter plusieurs apps gourmandes en parallèle.
Comme pour les performances en hausse des autres composants, la quantité de RAM ne semble pas indispensable aujourd’hui. Dans un iPad, l’Apple M1 peut sembler surdimensionné, mais c’était déjà le cas en 2018 avec l’Apple A12X. La seule différence par rapport aux générations précédentes au fond, c’est que les Mac contemporains ne sont plus à la ramasse en matière de performances, ils sont au même niveau.
Naturellement, on peut aussi penser qu’Apple a vu large en prévision d’iPadOS 15. Je suis le premier à espérer du nouveau à la WWDC, mais je sais bien en même temps qu’il ne faut pas s’attendre à un bouleversement en un an. La marge sur la puissance et la mémoire sera surtout utile sur le long terme : un iPad Pro de 2021 devrait conserver ses excellentes performances pendant plusieurs années sans problème.
Thunderbolt et 5G pour le futur (?)
Deux autres nouveautés sont à signaler en matière de performances avec l’ajout de la 5G et du Thunderbolt. Commençons par ce dernier, parce que ça ira vite : l’Apple M1 intègre tout le nécessaire pour gérer du Thunderbolt, l’iPad Pro 2021 en bénéficie « gratuitement ». Son connecteur USB-C devient ainsi aussi compatible Thunderbolt/USB 4, ce qui permet d’atteindre un débit théorique de 40 Gbit/s et le rend compatible avec tous les périphériques qui exploitent cette norme.
Tous ? En théorie, parce qu’en pratique, il reste une limite de taille : iPadOS. Le système n’a pas été mis à jour pour gérer davantage de cas de figure, si bien que la prise en charge réelle est toujours aussi limitée. Mon collègue Stéphane a branché un iPad Pro de 2021 à une station d’accueil Thunderbolt d’Elgato et le bilan est mitigé. Les ports USB fonctionnent pour des périphériques de contrôle (souris, clavier) ou du stockage.
L’Ethernet a posé problème avec une perte de connexion totale (y compris en Wi-Fi et 4G) qui a nécessité un redémarrage de la tablette. L’audio ne fonctionne pas du tout et ni la prise jack, ni l’entrée audio ne sont reconnues par iPadOS. Et l’écran externe fonctionne, mais il est toujours en copie d’écran, ce qui en limite considérablement l’intérêt.
En somme, on trouve les mêmes limites que celles que j’avais constatées en 2019, lorsque je testais des hubs USB-C sur mon iPad Pro de 2018. Cela fonctionne bien en USB simple et pour un écran en mode miroir. Pour tout le reste, c’est la loterie et mieux vaut ne pas trop compter dessus. Le seul avantage du passage au Thunderbolt, c’est de pouvoir utiliser une station d’accueil dans cette norme. Si vous en aviez une pour votre Mac, elle peut aussi servir pour l’iPad, mais n’espérez pas changer fondamentalement vos habitudes avec cela.
Même topo d’ailleurs pour les débits. En théorie, l’iPad Pro peut monter jusqu’à 40 Gbit/s, mais tous les tests montrent que les débits réels sont bien inférieurs. La tablette est encore bridée, probablement par le logiciel et on pense en particulier à l’app Fichiers, toujours loin derrière le Finder de macOS. Mais si c’est bien du logiciel, cela veut dire que l’appareil pourrait gagner des fonctions bien utiles au détour d’une mise à jour : réponse en juin ?
Au sujet des connecteurs, notez que la prise intégrée au Magic Keyboard reste dédiée à la charge. Elle ne bascule pas en Thunderbolt et elle ne permet pas de transférer de données, comme avec les anciens iPad Pro.
Autre technologie d’avenir qui n’a pas encore forcément beaucoup d’intérêt à l’heure actuelle, la 5G débarque à son tour dans l’iPad, quelques mois après les iPhone 12. Notez que c’est une option qui est toujours facturée aussi cher, en l'occurrence 170 €. Les bandes de fréquences 5G prises en charge par les smartphones et les tablettes d'Apple sont identiques3, à une exception près : les iPad Pro gèrent en plus la bande n71 (600 MHz), utilisée uniquement aux États-Unis.
Comme les iPhone 12, seuls les iPad Pro vendus aux États-Unis prennent en charge les ondes millimétriques (mmWave). Étant donné que l'on ne verra pas ces très très hautes fréquences avant plusieurs années en France et dans une large partie du globe, cette lacune est pardonnable. En attendant, ça donne quoi la 5G en utilisation courante sur un iPad ? Faute de réseau 5G quimpérois, mon collègue Stéphane a arpenté les rues lyonnaises en quête de celui de SFR, puisqu’il est difficile de capter la 5G en intérieur.
Ses tests réalisés avec les apps Speedtest et nPerf donnent des résultats contrastés. Capter la 5G ne rime pas toujours avec une vitesse folle et les débits peuvent varier fortement d’un lieu à un autre, y compris au sein d’un même quartier. Au pire, les débits et la latence en 5G étaient similaires, voire légèrement inférieurs, à la 4G. Voici les valeurs obtenues à un endroit où la 5G n’est pas idéale :
Réseau | Téléchargement | Envoi | Latence |
---|---|---|---|
4G | 74,5 Mb/s | 17,9 Mb/s | 38 ms |
5G | 76 Mb/s | 13,9 Mb/s | 32 ms |
À seulement 200 mètres de là en revanche, les résultats ont été totalement différents et la 5G a montré son vrai potentiel, en téléchargement en tout cas :
Réseau | Téléchargement | Envoi | Latence |
---|---|---|---|
4G | 82 Mb/s | 18,8 Mb/s | 20 ms |
5G | 742 Mb/s | 34,8 Mb/s | 18 ms |
Grâce à la 5G, le débit descendant a été multiplié par presque dix pour atteindre une valeur digne de la fibre optique. Ce n’est pas le cas du débit montant qui n’a fait « que » doubler, et la latence a été à peine améliorée, mais elle atteint une valeur suffisamment basse pour atteindre le niveau d’une connexion fixe.
Que conclure de ces essais ? Que la 5G peut changer la donne en offrant une connexion digne de la fibre quand les conditions sont réunies. Et pour cela, en France tout du moins, il faut avoir beaucoup de chance, car le déploiement n’en est qu’à ses débuts. Selon votre situation, vous obtiendrez peut-être bien mieux que nous, dans le septième arrondissement de Lyon et sur le réseau de SFR.
Outre des débits supérieurs, la 5G offre des bénéfices intéressants par rapport à la 4G : en activant le mode « autoriser plus de données », la qualité des appels FaceTime est améliorée, les apps tierces peuvent utiliser plus de données pour rehausser leur qualité et les mises à jour d'iPadOS peuvent être téléchargées en cellulaire.
On retrouve les avantages du Wi-Fi en situation de mobilité… quand les conditions sont réunies. En attendant la 5G, les iPad Pro cellulaires fonctionnent toujours parfaitement sur le réseau 4G toutefois et si vous voulez acheter un appareil qui durera plusieurs années, c’est l’assurance de garder une tablette qui ne sera pas dépassée de sitôt.
Une caméra élargie à l’avant pour mieux cadrer la visio
Avant de parler de la caméra avant, évacuons celles à l’arrière, puisque rien n’a changé par rapport à l’iPad Pro de 2020. On a toujours deux appareils photo, un grand-angle de 12 mégapixels à ouverture ƒ/1,8 en guise de capteur principal et un ultra grand-angle de 10 mégapixels et ƒ/2,4. Le zoom optique varie entre 0,5x et 1x, avec un zoom numérique qui peut monter à 5x. Le flash lumineux « True Tone » est de la partie, tout comme le scanner LiDAR pour la réalité augmentée.
Il y a malgré tout une différence à noter du côté du traitement des images. L’Apple M1 est basé sur l’Apple A14 que l’on trouvait dans les iPhone 12 et comme eux, le nouvel iPad dispose du « Smart HDR 3 » pour les photos. C’est la dernière génération du traitement automatisé des images d’Apple et il est associé à la détection automatique de scènes, que l’on peut désactiver dans les réglages d’iPadOS.
Smart HDR de troisième génération ou pas, la tablette reste inférieure aux iPhone en matière de photographie. Elle s’en sort bien quand les conditions notamment lumineuses sont bonnes, mais ses composants de moins bonne qualité, du capteur à l’optique en passant par la stabilisation, cèdent vite le pas. Même sur cet exemple, on note vite la différence avec la photo prise par l’iPhone, en particulier sur les détails.
Les photos prises avec les iPad Pro modernes ne sont pas mauvaises pour autant, mais Apple ne fait pas évoluer ce composant aussi activement que sur ses iPhone. La preuve, le grand-angle de mon modèle de 2018 est identique à celui des modèles de 2021 et le constructeur s’est contenté d’ajouter des composants, avec un ultra grand-angle fort pratique, il faut bien le reconnaître, et un LiDAR encore sous-exploité. Il n’y a toujours pas de mode nuit, ni de Deep Fusion et la tablette reste visiblement inférieure dans ce domaine.
À l’avant en revanche, Apple a fait un vrai effort cette année. Le grand-angle de 7 mégapixels que l’on avait depuis plusieurs années cède la place à un ultra grand-angle de 12 mégapixels. Une belle augmentation du nombre de pixels en trompe-l’œil : la caméra avant de l’iPad Pro 2021 combine un ultra grand-angle matériel à un grand-angle logiciel. Quand vous prenez une photo en mode 0,5x, vous bénéficierez de la totalité du capteur. Le mode 1x en revanche consiste en un zoom numérique qui exploite la moitié des pixels seulement.
Malgré cette astuce, le résultat est propre dans les deux cas, en tout cas il n’est pas possible de distinguer de différence de qualité entre les deux niveaux de zoom et il n’y a aucune déformation visible en mode 1x, ce qui n’était pas gagné d’avance. Plus qu’une augmentation de la qualité des selfies pris avec la tablette, il faut considérer ce changement comme une astuce bien trouvée de la part d’Apple pour combiner deux appareils photo en un seul.
À vous de voir si c’est utile pour les égoportraits — des amateurs de selfies de groupe pris à l’iPad dans la salle ? —, mais l’ultra grand-angle prend tout son sens en visioconférence. Apple a imaginé la fonction « Cadre centré », qui est disponible dans FaceTime et toutes les apps de visioconférence disponibles sur l’App Store4. Comme son nom l’indique, son principe est de centrer la caméra sur votre visage puis de le suivre.
Pour voir la fonction en action, le plus simple est d’ouvrir l’app FaceTime. L’app commence à afficher l’ultra grand-angle, le temps de détecter votre visage et de centrer le cadre sur lui. Par la suite, le cadre vous suit dans les limites de l’objectif, sur un angle de vue d’environ 120°. Tant que vous restez dans la zone d’action du capteur, l’image sera centrée sur vous. Dans cet exemple, je me penche vers la gauche et la droite, mais cela fonctionne aussi en hauteur : en me levant, le cadre s’agrandit pour garder mon visage visible, par exemple.
Cela fonctionne avec un seul visage ou plusieurs. Quand l’iPad détecte plusieurs personnes, le cadre est automatiquement ajusté pour que tout le monde soit visible. Et si une personne sort du cadre, celui-ci est ajusté dans la foulée pour se centrer sur celles qui restent. L’ensemble fonctionne très bien, avec un effet de zoom progressif dans chaque direction pour éviter les changements trop brusques.
Cadre centré est une nouveauté pensée pour poser l’iPad dans le coin d’une pièce et ne plus y toucher. L’exemple mis en avant par Apple est typique des cas où la fonction est adaptée : la tablette posée sur le comptoir de la cuisine, avec deux personnes qui passent et sortent du cadre. L’image vue par les destinataires s’adapte au mieux selon les circonstances, sans avoir à ajuster constamment la position de la tablette.
Si vous n’aimez pas les effets de zoom constants, vous pouvez désactiver cette nouveauté. Le choix se fait par application, dans les réglages d’iPadOS. Ouvrez l’app Réglages, puis la section dédiée à l’app que vous voulez contrôler, que ce soit FaceTime, Zoom ou encore Skype. J’ajoute que la fonction n’est pas active par défaut dans toutes les apps, il faut alors faire un tour dans l’app Réglage pour l’obtenir. Dans mes essais, Skype et Zoom activaient le cadre centré par défaut, mais ni Discord, ni Duo.
Ce cadre centré est une excellente idée et on espère qu’Apple la généralisera à tous ses appareils, iOS comme macOS d’ailleurs. Cela dit, l’iPad Pro de 2021 maintient sa caméra centrée en haut pour l’orientation portrait, ce qui veut dire qu’elle est placée à gauche en orientation paysage « standard » (celle des Magic Keyboard). Grâce à la nouvelle fonction, cela se voit un petit peu moins dans les apps de visioconférence même si vous avez tendance à regarder sur le côté quand vous êtes face à l’écran et que vous regardez votre interlocuteur.
Cette position a toujours une conséquence gênante avec Face ID. Selon comment vous tenez votre iPad, la reconnaissance faciale peut aisément être bloquée par une main ou un bras. D’autant que si la caméra avant a adopté un objectif ultra grand-angle, Face ID n’a pas évolué par ailleurs. Cela veut dire que la détection fonctionne exactement comme avant, ni sur un plus grand angle, ni sur une plus grande longueur.
Dans quelques cas, notamment lorsque j’utilise la tablette au fond du canapé, je dois approcher ma tête ou avancer l’iPad pour que la reconnaissance s’effectue correctement. Ce n’est pas pire qu’avant toutefois, et Face ID est toujours aussi agréable au quotidien, surtout quand vous utilisez un clavier externe pour sortir l’appareil de veille : il suffit de toucher une touche ou le trackpad et vous êtes dans iPadOS, sans avoir à faire quoi que ce soit d’autre.
Pour conclure
L’iPad Pro a toujours été une tablette résolument haut de gamme, destinée à ceux qui l’utilisent intensément et qui ont des besoins importants. Génération après génération, Apple n’a de cesse d’aller plus loin dans cette direction et cette nouvelle version n’est pas une exception. Avec une puce identique à celle des Mac et son écran mini-LED dans sa version 12,9 pouces, l’iPad Pro 2021 n’a jamais été aussi puissant et complet.
Comme toujours chez Apple, toutes ces technologies ont un prix : 1 219 € au strict minimum pour le grand modèle, soit cent de plus que la génération précédente. Et même si le constructeur offre désormais une dotation de stockage généreuse de 128 Go par défaut, cela reste plus cher qu’un MacBook Air d’entrée de gamme, doté lui d’un SSD de 256 Go. Sans compter que l’iPad est fourni nu, la note montera à 1 618 € pour un iPad Pro de base avec son clavier et trackpad Apple !
L’iPad Pro est cher, mais il a des arguments à faire valoir. L'écran mini-LED du modèle 12,9 pouces est bien supérieur à celui de n’importe quel Mac, Pro Display XDR excepté. On peut lui ajouter une connexion cellulaire — une option facturée 170 €, certes — alors que les Mac sont toujours limités au Wi-Fi. Et débarrassé de son clavier et trackpad, on retrouve une tablette ultra-fine avec son écran tactile compatible avec l’Apple Pencil qui ouvre de nouvelles opportunités.
Malgré ce prix en hausse, l’iPad Pro 12,9 pouces est une formidable démonstration technique et un produit taillé pour l’avenir. Ce qui est un avantage ou un inconvénient, selon les points de vue. D’un côté, vous avez un appareil qui tiendra de longues années sans problème, ce qui peut justifier le prix de base élevé. De l’autre, plusieurs nouveautés sont encore inutiles, ou tout du moins mal exploitées à l’heure actuelle. Que ce soit la 5G en France, la connexion Thunderbolt ou la puissance de la puce Apple M1 qui semble bridée par iPadOS… on sent bien encore une fois que le matériel est en avance sur le logiciel.
Est-ce qu’iPadOS 15 compensera ce décalage ? Peut-être et on le saura vite5, mais on ne peut pas juger un produit en se basant sur d’hypothétiques promesses. L’iPad Pro que j’utilise depuis quelques jours est une formidable tablette, probablement la meilleure sur le marché à l’heure actuelle, mais bridée par un logiciel pas à la hauteur de son matériel.
Vous avez besoin d’une tablette et iPadOS vous convient en l’état ? Vous bénéficierez de sa meilleure incarnation avec un iPad Pro de 2021 et vous aurez l’assurance que votre achat ne sera pas dépassé avant plusieurs années. Vous avez déjà un iPad Pro et vous hésitez ? Mon conseil si vous voulez économiser de l’argent est de ne pas tester la nouvelle génération en vrai, car l’écran mini-LED est difficile à oublier.
Si l’on met de côté cet aspect, le gain de puissance apporté par l’Apple M1 reste grandement théorique à ce stade face à un Apple A12Z ou un Apple A12X. Le plus raisonnable est peut-être d’attendre iPadOS 15 pour voir s’il y a des fonctions nouvelles qui sont réservées à ce nouveau matériel, avant de vous décider…
Avec Stéphane Moussie
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Nous détaillerons la place de l’iPad Pro 11 pouces dans la gamme actuelle dans un prochain article. ↩︎
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Sauf les MacBook Air et iMac d’entrée de gamme qui n’ont que sept cœurs, mais la différence est négligeable. ↩︎
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n1, n2, n3, n5, n7, n8, n12, n20, n25, n28, n38, n40, n41, n66, n77, n78, n79 ↩︎
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Il y a peut-être des exceptions, mais j’ai pu vérifier que la fonction est bien disponible dans Zoom, Skype, Discord et Google Duo, alors même que ces apps n’ont pas été nécessairement mises à jour au moment où j’écris ce test. ↩︎
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La WWDC se tiendra du 7 aux 11 juin, dans une bonne semaine à l’heure où j’écris ces lignes. ↩︎