On n’y croyait plus vraiment et pourtant Apple l’a fait. Après le MacBook Air, Apple a décidé de relancer l'iPad mini. Trois ans et demi après la sortie de l’iPad mini 4, voici enfin un nouveau modèle. De quoi mettre du baume au cœur des fans de la petite tablette, voire séduire un nouveau public ? C’est ce que nous allons voir dans le test de l’iPad mini de 5e génération.
Un design borné
Officiellement, le successeur de l’iPad mini 4 n’a pas de numéro, il s’appelle simplement iPad mini (5e génération). Par commodité, on s’autorisera à l’appeler iPad mini 5.
C’est lui que vous voyez sur les images ci-dessus et ci-dessous. Si si, je vous l’assure, c’est bien le nouvel iPad mini. C’est vrai que comparé à l’iPad mini 4, la différence n’est pas flagrante. Comparé à l’iPad mini 3 non plus. Et au mini 2 non plus… et au 1. OK, le design de la tablette de 7,9" n’a jamais vraiment changé depuis ses débuts en 2012.
C’est la première et principale déception de ce nouveau produit, il ressemble comme deux gouttes d’eau à ses prédécesseurs. Vous me direz que c’est aussi le cas de la lignée des iPad 9,7", mais ils ont quand même gagné quelques spécificités au fil des ans. Et puis l’iPad Pro 2018 est passé par là et il a montré combien Apple pouvait faire mieux.
La fabrication de l’iPad mini de 5e génération est impeccable, il n’y a pas de soucis là-dessus, la recette est éprouvée, c’est « juste » que la tablette traîne deux épaisses bordures en haut et en bas. Sans même avoir à remplacer Touch ID par Face ID, Apple avait moyen de raboter ces bordures si elle s’en était donné la peine.
Cela fait peut-être partie des gestes écologiques d’Apple que de recycler les mêmes châssis, à quelques détails, depuis sept ans. Il est vraiment dommage que le fabricant n’optimise pas l’architecture de l’iPad mini pour le rendre encore plus compact.
- Pour en savoir plus : Même démonté l’iPad mini 5 rappelle son prédécesseur de 2015
Un argument de taille
Cela étant dit, cette stagnation n’enlève rien au positionnement de l’iPad mini. La tablette est toujours sensiblement plus petite (203,2 x 134,8 x 6,1 mm, comme le mini 4) et sensiblement plus légère (300,5 g en Wi-Fi ou 308,2 g en Wi-Fi + Cellular, contre 299 g et 304 g pour le mini 4) que ses grandes sœurs de 9,7" et plus. Et les iPhone ont beau être de plus en plus gros, ils n’ont pas remplacé l’iPad mini pour autant. En tout cas pas pour tout le monde.
« Nous conservons l’iPad mini parce que des gens aiment son form factor », avait déclaré Phil Schiller en 2017, alors que la petite tablette était déjà en plein marasme. C’est la même raison — couplée à un nombre de clients potentiels suffisants, il ne faut pas se leurrer — qui a finalement conduit Apple à mettre à jour le produit.
Pour tout dire, fan de la première heure de l’iPad mini, j’ai essayé à plusieurs reprises des iPad plus grands (et plus récents) dans l’optique où il faudrait un jour me tourner vers un de ces modèles faute de nouveau mini. En dépit de leurs avantages indéniables, aucun ne me convient autant que l’ardoise de 7,9".
Cette petite tablette, je l’emmène et je l’utilise partout : au café, dans le canapé, sur un coin de table, au lit, dans le train… Je trouve les autres modèles souvent trop imposants ou trop lourds. Je fais de longues sessions de lecture ou de jeu sans avoir mal aux bras ou aux mains.
Cela reste une appréciation assez personnelle, d’autres s’accommodent d’un écran plus grand. Les différents types d’usage jouent aussi un rôle déterminant dans la préférence de tel ou tel iPad. J’utilise l’iPad mini en complément de mon Mac, principalement pour de la consultation de contenus. Si je voulais remplacer mon Mac par un iPad, j’aurais sans doute un modèle de 10,5" ou plus.
Mais je ne réduis pas pour autant le mini à une liseuse de luxe, c’est aussi un formidable appareil créatif, en particulier avec les nouveautés détaillées ci-après…
Un écran stylet
Assez de bavardage, voyons enfin ce qu’il y a de nouveau dans cet iPad mini de 5e génération. Commençons par l’écran. Déjà très plaisant sur le mini 4, il est encore meilleur maintenant.
Ce qui ne change pas :
- diagonale de 7,9" ;
- définition de 2 048 x 1 536 pixels ;
- résolution de 326 ppp (la plus élevée sur un iPad) ;
- revêtement oléophobe (pour limiter les traces de doigts, mais on n’y échappe pas quand même) ;
- revêtement antireflet ;
- écran laminé (les différentes couches de l’écran sont fusionnées, ce qui réduit les reflets internes, l’interface d’iOS est comme à la surface de l’écran).
Il y a quatre nouveautés. La première, c’est la prise en charge de l’espace colorimétrique DCI-P3. Cet espace est plus étendu que le sRVB habituel, ce qui signifie que l’écran peut afficher plus de nuances de couleurs, en particulier dans les verts et les rouges… à condition que le contenu soit compatible. C’est le cas des photos prises avec un iPhone 7 ou ultérieur.
Pour dire vrai, sur ce point, la différence entre le mini 4 et le mini 5 ne saute pas aux yeux sur la plupart des contenus, sauf sur les images de démonstration. C’est néanmoins un progrès bienvenu, les graphistes et photographes pointus retrouveront des images plus fidèles.
Plus sensible pour l’utilisateur lambda, la compatibilité avec True Tone. Cette fonction optionnelle adapte l’affichage des couleurs selon les conditions de luminosité ambiante. En résulte un écran aux blancs très légèrement réchauffés (c’est beaucoup plus subtil que Night Shift), ce qui le rend plus reposant pour les yeux.
Une fois que l’on possède un appareil True Tone, on souhaite que tous les autres soient compatibles, non seulement pour le confort visuel que cela procure, mais aussi pour garder une uniformité d’affichage.
La troisième nouveauté est la luminosité maximale 25 % plus importante à 500 nits. Une augmentation bien visible et toujours bonne à prendre pour améliorer la lisibilité en plein soleil — elle est bonne, en l’occurrence.
Enfin, l’iPad mini devient compatible avec l’Apple Pencil (ouais !) de 1re génération (rôh…). Dommage qu’Apple n’ait fait que la moitié du chemin en limitant la compatibilité au Pencil 1, tellement le deuxième est plus pratique à utiliser. On comprend qu’il aurait fallu changer l’iPad mini 5 en profondeur pour que le Pencil 2 fonctionne avec lui, un effort qu’Apple n’a pas consenti.
La prise en charge de l’Apple Pencil 1 (sans oublier le Crayon de Logitech) reste néanmoins une bonne nouvelle. L’iPad mini 5 ne servira sûrement pas à créer une fresque, mais il fait un excellent carnet de croquis et de notes manuscrites. L’utilisation des deux stylets n’appelle pas de commentaires particuliers, ils fonctionnent comme sur les autres ardoises compatibles.
En somme, la nouvelle tablette dispose d’un excellent écran. Il ne manque en fait que ProMotion pour que cet écran soit aussi perfectionné que celui d’un iPad Pro.
Une maxi puissance
A12 Bionic
L’évolution la plus importante de l’iPad mini 5 est son nouveau processeur. La tablette passe directement d’une puce A8 à une A12 Bionic, celle-là même qui équipe les iPhone XR et XS.
- Pour en savoir plus : Apple A12, une puce qui cache bien son jeu
L’ancienne puce a juste deux cœurs cadencés à 1,5 GHz, contre six cœurs (deux à 2,48 GHz et quatre à 1,59 GHz) pour la nouvelle, sans oublier son Neural Engine dédié aux opérations d’apprentissage automatique. L’iPad mini 5 peut aussi compter sur 1 Go de RAM en plus, pour un total de 3 Go.
Les benchmarks confirment le gouffre qui sépare ces deux générations d’iPad mini. Le nouveau est quatre fois plus rapide que le précédent sur le test CPU multicœur de Geekbench, excusez du peu ! C’est l’avantage de laisser en jachère un appareil pendant des années, quand on le met à jour la différence est spectaculaire…
L’écart est le même concernant le GPU, le mini 5 est quatre fois plus rapide que le mini 4. Ce n’est pas une surprise, mais que ce soit en matière de CPU ou de GPU, le nouvel iPad mini a aussi une bonne longueur d’avance sur l’iPad 6, qui est simplement équipé d’une puce A10. L’iPad Pro 2018 conserve son leadership grâce à son A12X surpuissant.
Si les scores de l’iPad mini 4 sont très inférieurs, il est important de préciser que ce modèle s’en tire toujours plutôt bien en utilisation courante grâce à iOS 12, qui lui a redonné un coup de fouet. Les apps se lancent assez rapidement et les saccades sont quasiment inexistantes. Il a néanmoins des limites visibles, limites que l’iPad mini 5 efface complètement.
Le processeur A12 assure une expérience très rapide et fluide en toutes circonstances. Pour prendre un exemple parlant, l’iPad mini 5 est capable de faire tourner simultanément un gros jeu (PUBG Mobile en l’occurrence), une vidéo en mode picture in picture et une app en Slide Over, sans le moindre ralentissement. Sur son prédécesseur, le jeu ralentit sévèrement quand on manipule la fenêtre Slide Over.
Sans aller jusque-là — il est vrai que l’iPad mini n’est pas la tablette la plus adaptée pour afficher autant d’informations à l’écran —, la nouvelle puce permet de profiter des graphismes les plus poussés dans les jeux, de temps de chargement réduits et même carrément de nouvelles applications.
Affinity Photo, qui est trop gourmand pour l’iPad mini 4 (il est tout bonnement incompatible), est à son aise sur la nouvelle tablette. Celle-ci s’ouvre aussi à toutes les applications de réalité augmentée exploitant ARKit. En bref, avec le processeur A12, on est tranquille pour un bon bout de temps.
Apple n’a pas communiqué sur le sujet, mais d’après nos essais Touch ID est lui aussi plus rapide. On ne sait pas si c’est grâce à un capteur d’empreintes de 2e génération (Apple ne précise plus ce point) ou si c’est simplement grâce au processeur, en tout cas le déverrouillage est plus véloce. C’est un petit lot de consolation, à défaut d’avoir un bouton Touch ID capacitif (comme les iPhone 7 et 8) ou Face ID.
Connectivité sans fil
Passons à la connectivité sans fil. Concernant le Wi-Fi, pas de changement dans la fiche technique (802.11ac bi-bande MIMO) et pas de changement non plus dans nos mesures. Le Bluetooth 4.2 est, lui, remplacé par du Bluetooth 5.0, plus rapide et plus étendu.
Le modèle Wi-Fi + Cellular (une option à 140 €) évolue de manière intéressante. Le modem cellulaire est maintenant compatible avec les réseaux 4G Gigabit. Nous n’avons pas noté de différence de performances sur le réseau de Free Mobile à Lyon par rapport à l’iPad mini 4, mais un gain est bien possible, sinon immédiatement, au moins plus tard.
En outre, ce nouveau modem prend en charge des bandes de fréquences supplémentaires (bandes 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 17, 18, 19, 20, 21, 25, 26, 28, 29, 30, 34, 38, 39, 40, 41, 46, 66), ce qui assure une meilleure compatibilité sur les réseaux étrangers.
Enfin, en plus de l’habituel tiroir pour carte nano-SIM, le mini 5 Cellular dispose d’une eSIM pour souscrire un forfait auprès d’un opérateur compatible. Il est aussi possible de prendre un forfait directement depuis iOS chez les opérateurs internationaux AlwaysOnline, GigSky et Truphone.
Autonomie
Comme son prédécesseur, l’iPad mini 5 est équipé d’une batterie de 19,1 Wh censée lui fournir 10 heures d’autonomie en utilisation mixte (web, vidéo, musique) en Wi-Fi ou 9 heures en connexion cellulaire.
Nous n’avons pas encore beaucoup de recul, mais d’après ce que nous avons observé jusqu’à maintenant, l’autonomie est en phase avec celle du mini 4 et ce qui est annoncé par Apple. La tablette tient bien une dizaine d’heures en utilisation disons « courante ». C’est convenable, il y a peu de risque de se retrouver à sec par surprise.
L’iPad mini 5 conserve son port Lightning. Apple réserve l’USB-C à l’iPad Pro parce qu’elle considère cette connectique comme une fonction pro. Une décision qui s’entend, même si ce n’est pas comme ça qu’on arrivera à avoir enfin un seul câble pour recharger tous ses appareils. Il est tout de même dommage de ne pas avoir rendu la tablette compatible avec la recharge rapide.
Haut-parleurs
Autre déception, les haut-parleurs. Ils sont peu puissants, délivrent un son peu ample et l’effet stéréo est inaudible (les derniers iPhone font mieux sur ce point). Ils ne sont pas médiocres, ils sont passables. Or, Apple a montré avec les iPad Pro qu’elle savait faire des haut-parleurs impressionnants.
L’emplacement des haut-parleurs n’est pas idéal non plus. Que ce soit en orientation paysage ou portrait, il arrive souvent qu’on les couvre partiellement ou intégralement. En avoir deux de plus en haut, comme sur les iPad Pro, résoudrait le problème…
La prise jack est quant à elle toujours présente.
Y’a pas photo
L’appareil photo avant fait un bond en… avant. Le vieux capteur 1,2 MP est remplacé par un capteur 7 MP. Les photos voient leur définition (3 088 x 2 320 contre 1 280 x 960 pixels) et leur qualité changer du tout au tout. Les clichés sont plus détaillés, plus contrastés et les couleurs mieux rendues.
On gagne aussi trois options. On peut activer le mode HDR si on le souhaite, se prendre en Live Photos et activer un flash (l’écran s’illumine l’espace d’un instant pour éclairer le visage). Quant à l’enregistrement vidéo, il passe du 720p au 1080p.
À lire les caractéristiques de l’appareil photo arrière (capteur 8 MP, ouverture ƒ/2,4, objectif à cinq éléments), on pourrait croire qu’il s’agit du même que celui de l’iPad mini 4, et pourtant la qualité des photos progresse de manière spectaculaire. Apple ne précise s’il y a un nouveau capteur, elle parle simplement d’une « mise à niveau » de l’appareil photo.
Par rapport à l’iPad mini 4, les photos sont bien plus lumineuses et contrastées. Il y a aussi beaucoup moins de bruit numérique sur les clichés pris en intérieur. On est toujours loin de la qualité offerte par un iPhone ou un iPad Pro (il n’y a pas de flash), mais cela s’améliore véritablement. C’était peut-être la condition sine qua non pour garantir une bonne expérience en réalité augmentée.
À noter aussi que l’appareil photo arrière gagne un mode HDR automatique (le HDR s’active tout seul si besoin) et qu’il sait enregistrer les photos et les vidéos en HEIF et HEVC, quand l’ancien modèle se contente du couple JPEG-H.264.
Pour conclure
Un moteur tout neuf dans une vieille carrosserie, c’est ainsi qu’on pourrait résumer l’iPad mini de 5e génération. Aussi agréable soit-il à utiliser, ce nouvel iPad mini laisse un petit goût amer.
Mieux vaut ne pas trop réfléchir à ce qu’il aurait pû être si Apple avait vraiment mis les moyens pour le moderniser — bordures réduites, Face ID, quatre haut-parleurs, Apple Pencil 2… j’arrête la liste ici.
L’iPad mini 5 est de toute façon incontournable pour tous les amateurs de petites tablettes. Même si son design n’est plus actuel, c’est une excellente tablette puissante et complète. Et puis il est unique sur le marché. Sans même parler de la supériorité d’iOS sur ce segment, les rares tablettes compactes de marques concurrentes ne lui arrivent pas à la cheville.
Apple le sait et facture ce nouvel iPad mini plus cher que jamais (l’iPad mini 4 coûtait 439 € en 128 Go) :
- 64 Go Wi-Fi : 459 €
- 64 Go Wi-Fi + Cellular : 599 €
- 256 Go Wi-Fi : 629 €
- 256 Go Wi-Fi + Cellular : 769 €
Ce prix l’éloigne d’ailleurs d’une potentielle clientèle d’entrée de gamme, qui préférera l’iPad 6 plus abordable. On n’achètera pas l’iPad mini 5 par hasard, on l’achètera pour ce qu’il est, un iPad mini.