Si nous qualifions la Nest Cam IQ ou la D-Link Omna de caméras « domestiques », c’est qu’elles peuvent difficilement constituer le centre d’une solution de surveillance. Vous voulez vous assurer que les enfants sont bien rentrés, que le chien n’a pas fait de bêtises, qu’un arbre n’est pas tombé sur le toit ? Ces caméras vous conviendront. Vous voulez réagir à une tentative de cambriolage, voire vous en prémunir ? Ces caméras vous laisseront Gros-Jean comme devant.
Voilà pourquoi l’Arlo Pro 2 est intrigante. Arlo ne la positionne pas comme une « simple » caméra domestique, mais comme une véritable « caméra de sécurité ». La société californienne ambitionne de marier la simplicité des caméras domestiques à la robustesse des solutions de sécurité. Pari réussi ? La réponse dans notre test de la caméra Arlo Pro 2.
Une caméra membre d’un « kit de surveillance »
Vous avez lu notre test de l’Arlo Q Plus ? Oubliez tout, ou presque. Arlo n’est plus une gamme de produits de Netgear, mais une société à part entière, depuis son entrée en bourse cet été. Surtout, l’Arlo Pro 2 ne ressemble en rien à son ancêtre, ni d’ailleurs à la plupart des caméras domestiques que nous avons testées.
Première spécificité : si vous pouvez acheter des caméras supplémentaires à l’unité, vous devrez acheter votre première Arlo Pro 2 au sein d’un « kit de surveillance intelligente », qui contient l’indispensable « station Arlo ». La station se connecte à votre réseau domestique, et la caméra se connecte à la station par le biais d’un réseau sans-fil optimisé.
Les inconvénients sont évidents. Il faut débourser pas moins de 349,95 € pour mettre un pied dans l’écosystème, la caméra supplémentaire coûtant 279,99 €. Et puis l’installation est forcément compliquée, puisqu’il faut configurer la station puis connecter la caméra, d’autant qu’il nous a fallu nous y reprendre à deux fois.
Mais les avantages le sont tout autant. La station n’est pas qu’un boîtier Wi-Fi, mais aussi une alarme sonnant à plus de 100 dB, comme nos tympans ont pu le constater. C’est aussi un hub sur lequel on peut brancher une clef USB pour conserver une copie des enregistrements (qui toutefois passent par le nuage).
Une caméra sans fil ni attaches…
Deuxième spécificité : avec sa grosse batterie d’une capacité de 17,57 Wh, l’Arlo Pro 2 n’est pas enchaînée à la prise de courant la plus proche. Avec sa fixation magnétique et son pas de vis, elle peut être placée à peu près n’importe où. Avec ses joints lui assurant une résistance contre les poussières et les projections, elle peut même coucher dehors1.
Le réseau de la station porte suffisamment loin — jusqu’à 90 mètres en 2,4 GHz — pour que l’on puisse placer la caméra au fond du jardin. Outre les supports de fixation fournis, plutôt conçus pour une utilisation à l’intérieur, Arlo propose toute une gamme d’accessoires de fixation (comme le support VMA4000 que l’on peut visser sur une haie) et même de camouflage (comme les coques VMA4200 qui disparaîtront parmi les branches d’un arbre).
Les prétentions d’Arlo sont telles que nous avons pris un soin tout particulier à les vérifier. La survie face aux éléments, d’abord. Arlo mentionne la certification IP65, qui exige une résistance aux jets d’eau avec un débit de 12,5 L/min, et assure que sa caméra « supporte […] la chaleur ». L’Arlo Pro 2 s’est sorti sans problèmes de quelques semaines sous la pluie au printemps puis quelques semaines en plein cagnard cet été.
L’autonomie, ensuite. Arlo se garde d’annoncer une durée, préférant parler de « longue autonomie », qui peut varier « en fonction des paramètres, de l’utilisation et de la température ». De fait, il est difficile de donner un chiffre précis, puisque l’on parle en mois. L’application Arlo envoie des notifications plusieurs semaines avant la panne sèche, et la recharge prend quelques heures au travers du port micro-USB intégré.
Cette solution n’est pas seulement flexible, elle est résiliente. Branchez votre routeur et la station Arlo sur une alimentation ininterruptible, et le système résiste à une coupure de courant. Achetez le panneau solaire Arlo, et la caméra ne s’approchera jamais d’une prise de courant. C’est malin, mais ce n’est pas magique : pour atteindre une telle autonomie avec une telle portée, Arlo a dû faire quelques compromis.
…mais avec quelques compromis
Comme les autres caméras de la gamme Arlo et plusieurs modèles concurrents, l’Arlo Pro 2 n’enregistre pas en continu, mais seulement après avoir détecté un mouvement ou un bruit. L’enregistrement en continu peut être débloqué avec un abonnement sur l’Arlo Q Plus, une caméra filaire, et les trois secondes précédant l’alerte sont conservées sur l’Arlo Pro, qui filme en HD 720 p. Rien de tout cela sur l’Arlo Pro 2 : la batterie n’encaisserait pas le choc d’un flux continu en HD 1080p.
Ces limites disparaissent logiquement si la caméra est alimentée par une source externe — un bloc secteur, une batterie, un panneau solaire… Les trois secondes précédant l’alerte sont alors conservées, l’option « magnétoscope » activant l’enregistrement en continu est disponible, et la détection des mouvements peut être restreinte sur une zone du cadre. Ce n’est pas l’idéal, mais l’alternative est claire.
En contrepartie, la qualité de l’image est sensiblement supérieure à celle de l’Arlo Pro, qui pouvait souffrir d’un léger voile dans les situations très contrastées. L’angle de vue de 130°, désormais classique, est suffisamment large pour capter toute une pièce sans déformer les perspectives de manière excessive. Les diodes infrarouge, qui se déclenchent en moins d’une seconde, permettent de capter des images nocturnes parfaitement lisibles.
La caméra détecte les mouvements dans un champ d’environ sept mètres, de quoi couvrir un grand salon ou un petit jardin, mais pas un champ. Les détections parasites ou le bruit numérique ne sont plus un problème sur les caméras récentes, et Arlo ne fait pas exception. La sensibilité au bruit est très bonne — presque trop, quand une porte claquée chez le voisin du dessus suffit à déclencher une alerte, mais le niveau de sensibilité peut être abaissé dans l’application Arlo.
Une partie logicielle irréprochable
Parlons-en, de cette application Arlo : c’est, encore aujourd’hui, l’application la plus complète et la mieux organisée du marché. Le premier onglet affiche l’état de la caméra, ou des caméras si l’on en possède plusieurs, et permet d’accéder au(x) flux vidéo rapidement. Une récente mise à jour impose de glisser vers le bas pour afficher le bouton Alarme — ce n’est pas bien compliqué, cela évite des erreurs, et l’on peut toujours configurer l’alarme pour qu’elle sonne dès qu’un mouvement est détecté.
Le deuxième onglet regroupe les enregistrements sous la forme d’un calendrier bien plus pratique qu’un fil chronologique, le troisième onglet permet notamment de configurer les règles d’activation et de désactivation automatique selon un planning précis ou la position du téléphone. Le quatrième et dernier onglet est consacré aux réglages du compte Arlo, parmi lesquels le partage avec d’autres utilisateurs et l’état de l’abonnement.
Un abonnement qui possède la particularité — et l’intérêt — d’être gratuit. Du moins, gratuit pour stocker jusqu’à sept jours d’enregistrement provenant de cinq caméras, autant dire bien assez pour une utilisation domestique. Arlo propose bien entendu des offres payantes2, mais son modèle semble plus équilibré que celui de ses concurrents.
Au final, il ne lui manque que la détection des visages3. Cette fonction est disponible depuis peu aux États-Unis, dans le cadre d’un abonnement Arlo Smart à 9,99 $ par mois pour 10 caméras et 30 jours d’historique, trois fois moins que l’abonnement Nest Aware équivalent. Espérons qu’il sera prochainement disponible dans le monde entier — outre les visages, il détecte la livraison d’un colis, l’arrivée d’une voiture inconnue, ou encore le passage d’un animal étranger.
Sans couvrir tous les angles morts comme une solution de sécurité complète, l’offre d’Arlo dépasse le simple cadre du monitoring domestique. L’Arlo Pro 2 n’est certes rien sans sa station dotée d’une alarme, et révèle tout son intérêt une fois entourée de quelques accessoires. Autant dire que ce n’est pas la caméra la moins chère du marché, loin de là. Mais c’est l’une des plus intéressantes, précisément parce qu’elle est accompagnée d’une station dotée d’une alarme et entourée d’accessoires.
Petit à petit, Arlo construit un écosystème complet. Les housses et supports ont été rejoints par le panneau solaire, la torche à détecteur de mouvement et la sonnette connectée ont récemment complété la gamme, l’ensemble a gagné une compatibilité avec IFTTT et Amazon Alexa. Mais il va falloir aller vite et fort. Face à la société californienne ambitieuse, le « petit » français Netatmo est loin de faire de la figuration.
- Rappelons à toutes fins utiles que l’installation d’un système de vidéosurveillance de la voie publique ou d’un lieu ouvert au public est soumise à l’autorisation préalable de la préfecture. Le public doit être prévenu de l’existence des caméras — Arlo fournit deux autocollants à cet effet. ↩︎
- 8,99 € par mois pour 10 Go et 30 jours d’historique avec 10 caméras, 13,99 € par mois pour 100 Go et 60 jours d’historique pour 15 caméras, et le fameux mode « magnétoscope » d’enregistrement continu ↩︎
- Et la compatibilité HomeKit, si la prise en charge extraordinairement déficiente des caméras dans HomeKit vous semble être un argument pertinent. ↩︎