Malgré les trésors d’ergonomie déployés par iOS 11 pour offrir à l’iPad une productivité digne d’un ordinateur traditionnel, on ne peut que constater qu’avec l’expérience, rien ne vaut un bon vieux clavier pour tirer le meilleur parti des tablettes d’Apple.
Le constructeur en a d’ailleurs bien conscience : le port Smart Connector a été conçu pour brancher des claviers sur l’iPad Pro. À l’exception d’un dock, les seuls périphériques compatibles avec ce port propriétaire sont des claviers, pas terribles par ailleurs.
À côté de ces claviers Smart Connector, il existe pléthore d’alternatives en Bluetooth. Il y a du bon comme le Slim Folio de Logitech, et du très médiocre en la matière. Le clavier Brydge entend faire partie du haut du panier, même si tout n’est pas parfait.
C’est du lourd
En sortant le clavier Brydge de son emballage (un modèle gris sidéral pour mon iPad Pro 10,5 pouces), on sait immédiatement qu’on n’a pas affaire à un jouet. Le périphérique est lourd, 520 grammes pour ce modèle (720 grammes pour la version destinée à la tablette de 12,9 pouces). Et il est aussi pas mal épais : 6,8 mm pour le 10,5’’ (6,35 mm pour le 12,9’’, plus fin donc).
Avec les matériaux utilisés, ces claviers pour iPad confèrent à la tablette un petit air de MacBook. Difficile de dire si c’est une bonne idée ou pas : après tout, si on utilise un iPad, ce n’est pas pour se retrouver avec un ordinateur portable comme avant...
Si on ajoute au poids et à l’épaisseur de l’iPad ceux du clavier, on obtient près d’un kilo (989 grammes) avec le modèle 10,5 pouces, pour une épaisseur totale de 12,9 mm. C’est encore plus impressionnant avec un iPad de 12,9 pouces : 1,4 kg pour 13,2 mm.
Des mensurations qui ne se comparent pas très favorablement avec celles d’un MacBook (920 grammes pour 13,1 mm au point le plus haut). Dans ces conditions, c’est vrai qu’on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle solution qui annule deux des principales qualités de l’iPad, à savoir la légèreté et la finesse.
Un iPad sous tous les angles
À la décharge de Brydge, on peut avancer que la problématique du poids et de l’épaisseur se retrouve chez tous les fabricants de claviers externes pour iPad (le Smart Keyboard d’Apple est un peu à part avec son matériau textile). Et puis Brydge a fait le choix de l’aluminium pour la caisse de son périphérique, ce qui lui donne un aspect haut de gamme pas désagréable.
Le clavier bénéficie aussi d’une finition soignée. En dessous, on trouve quatre patins en plastique pour éviter les glissades intempestives, et deux sur les angles supérieurs pour que les touches du clavier ne marquent pas l’écran de la tablette.
Le poids du périphérique devient un atout au moment de soutenir l’iPad sous tous les angles. Le système de maintien du Brydge, qui se compose de deux berceaux dans lesquels vient se glisser la tablette, est simple et robuste. Cette charnière permet de basculer l’iPad complètement à plat — certes, ce n’est pas spécialement utile, ce qui l’est plus c’est de pouvoir adapter la position de la tablette exactement comme on le souhaite, et c’est possible grâce à ce clavier.
On est loin de l’angle unique du Smart Keyboard. Le Brydge a un autre atout par rapport au clavier d’Apple : il est tout à fait possible de le poser sur ses genoux et travailler de la sorte. Que du bon donc en matière d’ergonomie, avec cette conception qui permet de glisser et de sortir la tablette facilement pour l’utiliser « en solo ». Ce qui relativise au passage le problème du poids et de l’épaisseur. Ceux qui ont déjà utilisé les claviers CREATE de Logitech pour iPad Pro savent à quel point il est difficile d’en retirer la tablette.
Bluetooth oblige, il n’est bien sûr pas nécessaire de glisser l’iPad dans les berceaux du Brydge pour s’en servir ! Le clavier peut aussi être utilisé avec un iPhone, un appareil Android, voire un Mac pour dépanner. Le Bluetooth a ses défauts, mais au moins le protocole est universel.
Bonne et mauvaise touche
Un clavier, c’est aussi et surtout... des touches, bien sûr. Celles du Brydge sont en plastique bien dur, on y retrouve les touches de fonction multimédia (lecture/pause, volume, précédent et suivant), celles liées à la gestion Bluetooth du clavier (appairage, on/off, niveau de batterie), ainsi que les touches spécifiques à l’iPad.
Cette rangée de touches de fonction fait rapidement la preuve de son utilité, à tel point qu’on regrette amèrement son absence sur le Smart Keyboard d’Apple.
Les sensations de frappe sur le Brydge rapprochent le périphérique du clavier des MacBook Pro d’avant 2016 et la technologie « papillon ». La course des touches est donc relativement longue (1,2 mm), celles-ci produisant un son sourd tout à fait satisfaisant. Par contre, j’ai pu noter qu’il ne fallait pas hésiter à vraiment taper sur les touches pour que la frappe soit prise en compte par l’iPad.
Il m’est arrivé un nombre incalculable de fois où j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour qu’une lettre s’inscrive bien sur la tablette, voire revenir sur un mot mal orthographié car le clavier n’avait pas enregistré correctement la frappe. C’est très frustrant à l’usage, car cela oblige non seulement à une vigilance de tous les instants, mais aussi à taper constamment comme un bourrin pour être sûr et certain que les mots sont bien tapés au complet.
Est-ce dû à un problème de Bluetooth ? Une mauvaise série ? Ou est-ce le cas pour tous les modèles ? Difficile à dire, mais toujours est-il que la fatigue se fait ressentir assez rapidement à force de taper comme un sourd et de faire attention à ce qu’on tape.
Le Brydge intègre le rétro-éclairage sous les touches, ce qui est bien pratique pour travailler à la pénombre le soir ou dans une pièce sombre. Trois niveaux, à contrôler avec une touche spécifique, sont disponibles pour accommoder la plupart des besoins.
On apprécie également la présence dans le widget Batteries de l’autonomie restante du clavier. Brydge fournit un câble Micro USB pour la recharge d’une batterie censée assurer 12 mois d’autonomie sur une charge (à raison de 2 heures d’utilisation par jour).
Pour conclure
Le clavier Brydge ne cherche pas à plaire aux utilisateurs occasionnels de l’iPad. Le périphérique est lourd et épais, ce qui est un tue-l’amour pour ceux qui ne jurent que par la finesse et la légèreté de leur tablette.
Mais en contrepartie on gagne un clavier solide, bien fini, au contact agréable. Il y a même un petit quelque chose de mignon à voir la tablette reposer sur cette caisse, comme une réminiscence — toutes proportions gardées — du défunt et fameux PowerBook 12 pouces.
Le Brydge s’adresse donc plutôt aux utilisateurs qui ont besoin d’un clavier résistant, capable d’encaisser des heures de frappe. En termes de productivité, le contrat est à moitié rempli : d’un côté, on retrouve des sensations et une qualité de frappe proches de celles d’un clavier de MacBook Pro pré-2016, ce qui sera apprécié par bon nombre d’utilisateurs.
De l’autre, le fait de devoir taper assez fort pour enregistrer correctement les touches sur l’iPad rend les doigts assez lourds au bout de quelques heures de travail. Et puis le Bluetooth nécessite toujours des appairages fréquents, une opération qui peut échouer plus souvent qu’à son tour et qui a le don d’énerver.
Le Brydge est proposé en version azerty dans les coloris de l’iPad Pro. Il est vendu 150 € pour la version iPad de 9,7 pouces, 160 € pour la mouture 10,5 pouces, et 170 € pour la déclinaison de 12,9 pouces.