Dix-huit mois après leur lancement aux États-Unis, les « boutons Dash » sont disponibles en France. Ces petits galets permettent de commander, d’une simple pression sur leur bouton, les produits des marques dont ils arborent les couleurs. Un gadget inutile, ou le futur du commerce en ligne ? La réponse dans notre test.
Commençons par le commencement : les boutons Dash sont réservés aux membres du programme Amazon Premium, celui-là même qui permet de bénéficier de la livraison gratuite « en 1 jour ouvré », sans laquelle ces petits bidules n’auraient aucun intérêt. Si les boutons sont remboursés lors de la première commande, ils ne sont donc pas tout à fait gratuits.
À l’heure de la rédaction de cet article, Amazon propose 43 boutons pour autant de marques. C’est cinq fois moins qu’aux États-Unis, mais de Whiskas à Pedigree, de Kleenex à Nivea, de Pampers à Skip, et de Signal à Durex, vous devriez y trouver votre bonheur. Sauf bien sûr si vous cherchez des produits bio et ultra-locaux, mais après tout, il faut bien que vous ayez encore une raison de sortir de chez vous.
Chaque bouton correspond donc à une marque, mais ne vous attendez pas à pouvoir choisir n’importe lequel de ses produits, contrairement d’ailleurs à ce que sous-entendent les fiches produits d’Amazon. Le distributeur impose une sélection très réduite : quatre produits dans le cas du bouton Head & Shoulders, par exemple.
Les conditionnements proposés, lots ou grands formats, donnent la priorité au prix au litre/kilo… mais aussi à l’optimisation des expéditions. Amazon pourrait peut-être annoncer clairement la couleur, et lister les produits disponibles sur la page de chaque bouton(*). Et sans doute devrait-elle avoir la présence d’esprit de les stocker dans chacun de ses dépôts ! La promesse de commande rapide s’est transformée en attente de quatre jours.
Le service laisse donc une impression mi-figue mi-raisin, et le bouton lui-même n’a rien de particulièrement remarquable. Fabriqué dans un plastique dur et brillant qui se rayera à la première occasion, il est muni d’un adhésif repositionnable et d’un crochet amovible, qui permettent de le placer au fond d’un placard ou sur les carreaux de la salle de bains.
Bien que l’application Amazon soit indispensable à sa configuration et à la réception des notifications de commande, le bouton Dash ne communique pas avec votre téléphone en Bluetooth, mais se connecte directement à votre réseau Wi-Fi. Amazon ne dit pas combien de temps le bouton peut fonctionner sur sa batterie, mais puisqu’il s’agit en fait d’une pile AAA au lithium soudée sur la petite carte-mère, il n’est pas impossible que le matériel survive au service.
Reste enfin à répondre à la question la plus importante : non, votre chat ne pourra pas se commander des dizaines de boites de Whiskas en jouant avec un bouton Dash. Amazon empêche toute commande tant que la précédente n’est pas arrivée, sauf à ce que vous ayez activé la fonction de commande multiple, et laisse sinon suffisamment de temps pour annuler un achat réalisé par erreur.
Que conclure ? Que le bouton Dash n’a sans doute pas le génie commercial des autres propositions de la firme de Jeff Bezos. Les pubs d’Amazon sur le web sont parfois pertinentes, et on peut légitimement croire que celles affichées sur l’écran d’accueil du Kindle font baisser son prix d’achat. Mais ces petits boutons, qui ne sont rien d’autre que de minuscules encarts publicitaires à coller soi-même dans son espace privé, n’apportent aucun avantage décisif.
Pire, ils en font même perdre, puisque les boutons Dash ne permettent pas de profiter des divers coupons offerts par Amazon, ou des réductions disponibles à travers le programme « Économiser en s’abonnant ». Et puis en attendant que mon litre de shampoing daigne arriver, j’ai eu le temps de racheter un flacon au supermarché du coin. Bref, ce n’est pas encore ça…
(*) Entre la rédaction et la publication de ce test, Amazon a changé la présentation de son site, qui indique plus clairement la liste des produits que l’on peut commander avec chaque bouton. Un progrès, qui ne change toutefois pas notre appréciation générale.