Withings est surtout connue pour ses traqueurs d’activité et ses balances connectées, mais la société française s’est aussi taillée une belle part du marché des « babyphones ». Le Smart Baby Monitor lui a offert une première expérience des caméras, mise à profit par la suite avec la Home.
Après des débuts difficiles marqués par de nombreux problèmes logiciels, la Home a trouvé sa place dans la gamme Withings, jusqu’à prendre la place du Smart Baby Monitor. À mi-chemin entre la caméra domestique et le babyphone, la Withings Home est-elle digne d’intérêt ? La réponse dans notre test.
La Withings Home fut parmi les premières « caméras domestiques », des caméras plus faciles à installer et plus jolies à regarder que les traditionnelles caméras IP. D’une forme qui n’est pas sans rappeler les boîtes à meuh, la faute sans doute à la grille du haut-parleur, elle est ceinte d’une coque en bois.
Si cette coque ne recouvre pas toute la caméra, c’est que la base est faite d’un plastique doux et translucide, qui diffuse la lumière émise par un témoin interne. Une coupelle magnétique, qui épouse les courbes de la base, permet d’incliner la caméra, mais Withings n’a pas prévu qu’on puisse la fixer au mur.
La coque peut pivoter pour recouvrir l’objectif, qui offre un angle de vue « panoramique ». Comme Netatmo et contrairement à Nest, Withings fait le choix de corriger les déformations inhérentes aux optiques à très grand-angle, et donc de resserrer le cadre. Reste que la Home couvre un champ de 135°, de quoi embrasser du regard la pièce principale d’un grand appartement.
Le capteur placé derrière cette optique possède 5 millions de pixels, bien plus qu’il n’en faut pour filmer en HD 1080p. Ce surplus est mis à profit pour offrir un zoom x12 commode et convaincant. À défaut d’un véritable zoom optique, on s’en contentera bien volontiers, d’autant qu’on ne l’utilise pas tous les jours.
Mais ce surplus dégage aussi une chaleur que le boîtier en plastique ne peut dissiper efficacement. Qu’il soit exposé un peu trop longtemps au soleil, ou qu’il soit un peu trop près d’un radiateur, et il sera brûlant. La qualité de l’image en pâtit : l’image ne fourmille pas seulement quand les conditions de luminosité se dégradent, mais parfois en plein jour.
L’application laisse la même impression mi-figue mi-raisin. Elle présente l’avantage d’être « immédiate » : le flux en direct en haut, l’historique en bas, les choses sont simples et claires. Mais c’est là sa seule force : elle souffre de nombreux bugs graphiques et fonctionnels, qui donnent l’impression qu’elle n’est pas aussi bien développée que ses concurrentes, et certainement pas aussi bien maintenue.
C’est d’autant plus dommage que par ailleurs, Withings est un excellent « citoyen » de l’écosystème Apple. Son application Apple Watch n’est pas un simple témoin d’activité, comme celle de Netatmo, ou un doux rêve, comme celle de Nest. Non, c’est une application complète et puissante, qui permet de voir le flux en direct et l’historique, ainsi que de contrôler certaines fonctions de la caméra.
Mieux, Withings propose une application tvOS, qui transforme un téléviseur en moniteur affichant jusqu’à quatre flux. De quoi en faire une solution de sécurité professionnelle ? Peut-être pas : sans même parler du coût ou de l’intérêt d’un tel déploiement, il faut remarquer que la Home est un peu moins prompte que ses concurrentes à signaler les mouvements.
Elle ne pèche pourtant pas par excès de prudence : si elle ne rate jamais les mouvements importants, elle a aussi tendance à surinterpréter des changements moins significatifs. On sent bien qu’elle n’est pas secondée par un puissant « nuage » ou des algorithmes évolués quand elle s’émeut du passage d’un nuage ou de l’ondulation d’une branche.
Il est toutefois possible de baisser la sensibilité de la caméra aux mouvements et aux bruits, et surtout de régler très finement la manière dont elle réagit. Le « Centre de contrôle » de l’application Home permet de couper l’envoi de notification, voire la caméra. Mais il faut faire l’effort d’aller dans l’app — on pourrait être tenté de simplement tourner la coque en bois pour cacher l’objectif.
C’est sans compter sur le « pilote automatique », qui permet de (dés)activer la surveillance et les notifications à horaires fixes. Voilà qui est bien pratique en semaine, où l’on est susceptible de suivre un agenda bien réglé, beaucoup moins le week-end ou pendant les vacances. Sauf que Withings permet aussi de (dés)activer la caméra en fonction de votre position, par l’intermédiaire d’IFTTT.
L’enregistrement en vidéo HD est conditionné à l’abonnement au service de « Vidéo dans le Cloud ». Withings propose deux offres, l’une à 7,95 € par mois avec une semaine d’historique, l’autre à 19,95 € par mois avec trente jours d’historique. On ne se plaindra pas d’avoir le choix, mais on regrettera qu’il faille ajouter 5 € par caméra supplémentaire.
Au moins la caméra n’est-elle pas tout à fait inutile sans abonnement : les « événements » sont enregistrés sous la forme d’un timelapse de qualité passable, que l’on peut consulter et sauvegarder pendant 48 heures. C’est déjà ça… mais ce n’est pas forcément très clair dans la communication de Withings, qui se garde bien de mettre en avant les abonnements.
La société promeut par contre l’utilisation de la Home comme un babyphone évolué : elle remplace de facto le Smart Baby Monitor, sans toutefois récupérer l’intégralité de ses fonctions matérielles (capteurs de température et d’humidité) et logicielles (suivi des mouvements et des bruits de l’enfant). Un mode « babyphone » permet ainsi de diffuser le son capté par les micros lorsque l’application est en arrière-plan, et même d’afficher une capture du flux sur l’écran de verrouillage du téléphone.
En cas de bruit, les diodes infrarouge suffisent à distinguer clairement les mouvements de bébé dans le noir, même si elles pourraient être plus puissantes dans l’absolu. La caméra peut même faire office de veilleuse : sa base s’éclaire, tandis que le haut-parleur diffuse une berceuse parmi les neuf proposées. Les capteurs de composés organiques volatifs prennent tout leur sens dans ce cadre — ou plutôt prendraient, si Withings détaillait leur nature, et donnait de véritables conseils pour les éviter.
Nous sommes en possession de la Home depuis qu’elle a été annoncée, mais avons longtemps dû attendre qu’elle intègre toutes les fonctions promises. C’est aujourd’hui le cas, et même un peu plus, mais elle peine toujours à convaincre. Elle offre en effet une bonne qualité vidéo… mais on n’en profitera totalement pas sans abonnement. Ses capteurs de COV sont intrigants… mais ils sont sous-exploités. Ses applications watchOS et tvOS sont franchement impressionnantes… mais son application iOS est instable.
Bref, la Home est prometteuse, mais encore inachevée. Reste qu’elle mérite sa place dans notre comparatif : elle se distingue avec son mode babyphone, sa parfaite intégration à l’écosystème Apple et son ouverture sur IFTTT, et ses réglages simples et précis. S’il est impossible de la recommander sans réserves, il est tout aussi difficile de la disqualifier sèchement.