Le « nouvel » iPod shuffle ? Et bien… c’est un iPod shuffle. Toujours dépourvu d’écran. Toujours muni d’une pince. Toujours fourni avec des écouteurs de 2006. Toujours doté de 2 Go de stockage. Mais avec trois nouvelles couleurs ! Ça ne fait rien d’autre que jouer de la musique, et ça vaut 59 €.
Ah, vous êtes toujours là ? Je suppose que certains d’entre vous doivent bien avoir besoin d’un rappel, puisqu’il s’agit de la première évolution de l’iPod shuffle en trois ans.
Prêt-à-porter, prêt-à-écouter
Une nouvelle fois, Apple s’est contentée de changer la livrée des iPod shuffle plutôt que leurs composants. À la gamme argent/bleu/vert/orange/rose de 2010 avait succédé deux ans plus tard une gamme ardoise/argent/bleu ciel/rose saumon/vert/jaune/lavande, aujourd’hui remplacée par une gamme gris sidéral/argent/or/rose fuschia/bleu électrique. Sans oublier un modèle (PRODUCT)RED, disponible exclusivement dans les Apple Store en briques et en ligne.
Faut-il s’offusquer de cette mise à jour a minima ? Pas forcément : le concept de l’iPod shuffle, premier et longtemps seul wearable d’Apple, est bien établi. Grâce à sa pince, ce petit baladeur de 2,9 cm sur 3 se fixe au bout d’une manche ou au revers d’un col, sur la bretelle d’un sac à dos ou la poche intérieure d’un sac à main.
L’iPod shuffle est le seul iPod dont il ne faut pas regarder l’écran pour lancer la musique — il faut dire qu’il n’a pas d’écran. Mais il faut aussi dire que ses commandes sont clairement identifiables du bout des doigts, l’orientation étant donnée par la sortie casque positionnée sur la tranche supérieure.
Accompagnée d’un témoin lumineux, d’un commutateur de mode de lecture et d’un bouton VoiceOver, elle fait aussi office… de port USB. L’iPod shuffle est fourni avec un câble jack-USB, extrêmement court et trop facilement perdable, qui permet de le charger en énergie et en musique. Une opération qui demande, comme depuis 2001 et tous les iPod dépourvus de connexion Wi-Fi, de passer par iTunes.
De la musique et des paroles
Peu de gens aiment passer beaucoup de temps dans iTunes, et le paramétrage de l’iPod shuffle se fait heureusement en quelques clics. Ses 2 Go de stockage peuvent accueillir un peu plus de treize heures de musique en AAC 256 kbit/s (qui ne peuvent provenir d’Apple Music, un mal pour un bien). Au prix auquel l’iPod shuffle est vendu en 2015, on aurait apprécié qu’Apple monte jusqu’à 4 Go.
Pas plus, ou alors le mode « shuffle » perdrait de son sens. Mais pas moins, puisque dans l’état des choses l’iPod shuffle embarque moins de musique qu’il n’est capable d’en lire, lui qui tient aisément seize à dix-huit heures sur une charge. Une option permet bien de compresser les morceaux à la volée pour en caser plus, mais avez-vous vraiment envie de vous casser les oreilles avec du bruit encodé à 128 kbit/s ?
Vous pourrez grapiller un peu d’espace en désactivant le retour vocal, toujours aussi inutile. Le bouton VoiceOver n’agit pas comme Siri : vous ne pouvez pas demander de jouer un morceau ou une liste de lecture, seulement savoir ce que vous écoutez. Or il y a de fortes chances que vous sachiez parfaitement identifier les 200 et quelques morceaux issus de votre bibliothèque, surtout si vous préférez gérer manuellement la synchronisation plutôt que laisser iTunes remplir votre iPod shuffle.
Et quand bien même vous ne le sauriez pas, il n’est pas sûr que vous compreniez ce que vous dira le retour vocal, qui utilise des « voix compactes » de piètre facture. La prononciation des mots anglais ou espagnols par la voix française est tragiquement comique, et celle des mots français par les voix anglaise et espagnole comiquement tragique. Et comme désactiver VoiceOver permet d’économiser un peu plus de 100 Mo…
Avec ou sans EarPods ?
De quoi caser un bon album de plus, que vous écouterez avec les bons vieux écouteurs de « troisième génération » fabriqués depuis 2006. Pour des écouteurs « gratuits », ceux d’Apple n’ont jamais été les plus mauvais, n’en déplaise à certains esprits chagrins incapables de se sortir les doigts… des oreilles. Reste que les EarPods, fournis avec les iPod touch et même les iPod nano, sont plus solides et offrent une meilleure dynamique sonore.
Une mesquinerie de plus, une mesquinerie de trop ? Si Apple avait glissé des EarPods dans la minuscule boîte de l’iPod shuffle, j’aurais trouvé le moyen de me plaindre de l’absence de télécommande sur les modèles réservés aux iPod. Et certains trouvent que les anciens écouteurs tiennent mieux en place pendant les balades en vélo et les séances de jogging, activités auxquelles l’iPod shuffle se prête bien. À vous donc de décider s’il s’agit d’un avantage ou d’un inconvénient.
On peut toutefois remarquer que ce n’est ni avec ses écouteurs ni avec les EarPods que l’on peut juger de la pleine qualité sonore de l’iPod shuffle. Armé d’un casque un peu plus « exigeant », elle apparaît comme tout à fait acceptable : l’iPod shuffle n’est pas un baladeur haute fidélité de la trempe des Astell&Kern, mais il suffit largement à la lecture des fichiers AAC 256 kbit/s provenant de l’iTunes Store. Si vous avez quelque chose à redire de la qualité sonore de l’iPod shuffle, c’est que ce n’est sans doute pas le baladeur pour vous — se concentre-t-on sur les nuances d’un fichier lossless pendant un jogging ?
Pour conclure
Bref, l’iPod shuffle de 2015… est un iPod shuffle. Sauf à adorer l’un des nouveaux coloris, vous ne gagnerez absolument rien en achetant un exemplaire neuf plutôt qu’un modèle d’occasion. Reste qu’il y a quelque chose de très agréable dans ce produit qui n’a évolué depuis des années — une éternité en temps informatique !
Je l’ai branché, et j’ai pu le synchroniser en quelques minutes. J’ai écouté ma musique d’une pression sur le bouton de lecture, même dans le train tortillant dans la campagne creusoise bien loin du Wi-Fi et de la 4G. Je l’ai rebranché, et il a mis à jour mes compteurs de lecture et sa sélection musicale. Et je n’ai perdu aucune jaquette ni égaré aucun morceau au passage.
C’est une formule éprouvée, et parfois, il ne faut rien de plus. Et quand il ne vous faut rien de plus, l’iPod shuffle est toujours aussi convaincant.