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Test du Samsung Galaxy S6 Edge

Stéphane Moussie

mardi 28 avril 2015 à 18:00 • 152

Matériel

Par la force des choses, Samsung s'aventure dans une galaxie lointaine, très lointaine, avec son nouveau vaisseau amiral, le Galaxy S6 Edge. Le clinquant Galaxy S5 n'a rien pu faire l'année dernière face aux supersoniques iPhone 6 et aux smartphones chinois qui ont pris leur envol. Pour ne pas battre de l'aile de nouveau, le constructeur sud-coréen tente donc une toute nouvelle formule en remplaçant la carrosserie, le moteur et le logiciel. Décollage réussi pour le Galaxy S6 Edge ?

Un design et une fabrication haut de gamme

Jusqu'à présent, les Galaxy S n'ont jamais brillé par leur design ni par la qualité de leur fabrication. Avec ses tranches en plastique chromé et son dos en barquette de poulet, le Galaxy S5 faisait toc.

Samsung a enfin mis un terme à ses mauvaises habitudes cette année. Le Galaxy S6 (Edge) a un design et une fabrication qui correspondent à son statut d'appareil haut de gamme.

Le cadre est fait de métal, une première pour un Galaxy S. Les deux faces sont, elles, intégralement recouvertes de verre. Un chanfrein brillant fait la jonction entre ces deux parties. Les finitions sont exemplaires.

Alors que le Galaxy S5 ressemblait à un smartphone de milieu de gamme, le Galaxy S6 (Edge) se démarque véritablement de la masse par sa confection premium. On sait pourquoi on a dépensé plus de 700 € rien qu'en le tenant, ce qui n'était pas le cas avec ses prédécesseurs.

La taille de l'écran du Galaxy S6 Edge (5,1") est à mi-chemin entre celui de l'iPhone 6 (4,7") et de l'iPhone 6 Plus (5,5"), mais ses dimensions globales sont plus proches de l'iPhone 6 (142,1 x 70,1 x 7 mm contre 138,1 x 67 x 6,9 mm).

Cette nouvelle enveloppe implique toutefois des changements qui pourront décevoir certains utilisateurs. Le verre au dos prend très facilement les traces de doigt et s'en sortira moins bien que le plastique en cas de chute.

L'abandon du plastique signe aussi l'abandon de l'étanchéité. L'assemblage rend par ailleurs impossible le remplacement de la batterie et le lecteur de carte micro SD passe à la trappe. Ce sont des changements qui ne sonneront pas pareil aux oreilles de tout le monde. Selon ce que vous cherchez dans un smartphone, ce sera une perte, ou pas. Disons que le Galaxy S5 a un profil de baroudeur, tandis que le Galaxy S6 (Edge) est urbain.

Samsung n'accorde pas encore autant de soin au détail qu'Apple. Les trous de la tranche inférieure ne sont pas placés de manière symétrique, alors qu'ils le sont sur l’iPhone 6.

Un écran magnifique, mais...

Pour appuyer encore plus son caractère pimpant, Samsung a décliné son porte-étendard en une version avec écran aux bords incurvés, le Galaxy S6 Edge — c'est ce modèle que nous testons.

Le Galaxy Note Edge avait déjà un écran débordant, mais seulement sur un côté (il s'agissait en fait d'un second écran tout en longueur) et il n'a été produit qu'en petite quantité. L'écran du Galaxy S6 Edge s'étend, lui, sur les deux côtés. L'effet est assurément joli. Ces bords incurvés donnent un peu de relief à l'image. À côté, l'écran de l'iPhone 6 est tristement... plat.

Cet écran débordant est d'autant plus saisissant qu'il est d'excellente qualité. Sa définition Quad HD (2560 x 1440 pixels) assure bien entendu un rendu ultra précis. Le Galaxy S6 Edge peut se targuer d'avoir une résolution de 577 ppp, contre « seulement » 326 ppp pour l'iPhone 6 et 401 ppp pour l'iPhone 6 Plus. Cela étant, impossible de voir à l'œil nu plus de détails sur le smartphone de Samsung.

Grâce à la technologie Super AMOLED, l'écran du Galaxy S6 Edge est très contrasté et ses noirs sont très profonds. La luminosité est capable de dépasser les 600 cd/m2, un record selon AnandTech, ce qui veut dire que même en plein soleil, l'écran reste lisible.

La colorimétrie, qui est généralement le point faible des écrans AMOLED, est ici excellente. Les couleurs sont très fidèles, mais pour chipoter, on regrettera que le blanc ne soit pas un peu plus blanc (l'iPhone 6 fait mieux sur ce point).

Si cet écran est une grande réussite technique, c'est malheureusement moins le cas sur le plan de l'ergonomie. L'appareil tient bien en mains, mais l’écran qui s'étend jusque sur les bords oblige à faire preuve de plus de doigté pour éviter les tapotements indésirables.

Quand on veut appuyer avec le pouce sur le bouton Menu situé en haut à gauche des applications, il arrive parfois que l'éminence thénar (la partie de la main située sous le pouce) tapote en même temps, ou avant, sur un bouton en bas à droite.

Et si l'on préfère ouvrir le menu des applications d'un geste latéral, la courbure complique un peu la tâche. Il faut aller chercher plus loin le bord de l'écran avec son doigt pour bien ouvrir le panneau latéral. Certes, l'effet visuel est sympathique (c'est comme si on allait chercher ce menu derrière l'interface visible), mais c'est moins pratique à exécuter.

Les bords courbés ne posent pas de problème de lecture en général. On tombe parfois sur des textes qui « coulent » sur les bords car leur marge n'est pas assez importante. Ça ne gêne pas la lecture, mais l'effet n'est pas très heureux. Pour les vidéos en plein écran, le débordement sur les côtés n'apporte rien et n'enlève rien.

Samsung propose bien quelques fonctions spéciales pour les bords de l'écran, mais rien de très utile. La fonction EtiquEdge permet d'afficher des raccourcis vers des contacts en faisant glisser son doigt à partir du bord sur l'écran d'accueil. On peut également placer à cet endroit un widget pour Kick, l'application de foot de Samsung.

Quand l'écran est éteint, le bord peut afficher quelques informations, comme l'heure, la météo, les emails reçus et un flux RSS. Il faut pour cela effectuer un va-et-vient rapide le long de l'écran latéral. Un drôle de geste pas toujours bien reconnu. On a de toute façon plus vite fait d'allumer entièrement l'écran.

Ces petits ajouts ne parviennent pas à justifier l'intérêt de cet écran débordant ni à faire oublier ses soucis d'ergonomie. Au bout du compte, cet écran incurvé ne dépasse pas le stade de la démonstration technologique jolie, mais inutile.

Des performances de premier ordre

Un processeur et un GPU qui assurent

Contrairement à l'année dernière, Samsung n'a pas choisi un système sur puce (SoC) de Qualcomm et bien lui en a pris au vu des déboires du Snapdragon 810 qui chauffe trop. Le Galaxy S6 Edge est équipé du Exynos 7420 fait maison, qui est aussi le premier SoC pour mobile gravé en 14 nm. Il est composé de quatre cœurs Cortex A57 cadencés à 2,1 GHz et quatre cœurs Cortex A53 à 1,5 GHz. Son GPU est un Mali T760MP8 cadencé à 772 MHz. 3 Go de RAM DDR4 viennent épauler tout ça.

Les performances du Galaxy S6 Edge sont de haut vol. La navigation dans le système (Android 5.0.2) est rapide et fluide — encore heureux vu les caractéristiques du processeur. Aucun jeu ne lui pose problème et les temps de chargement sont rapides. La lecture de vidéo 4K (une définition qu'il est capable de sauvegarder avec le capteur photo intégré) est parfaitement fluide, ce qui n'était pas toujours le cas avec son prédécesseur.

Test synthétique. Le plus grand est le meilleur.
Test graphique. Le plus grand est le meilleur.

La très haute définition de l'écran vient un peu plomber le résultat du Galaxy S6 Edge sur le test graphique GFXBench 3.0 Manhattan onscreen, mais nous n'avons constaté aucun ralentissement dans tous les jeux que nous avons testés, y compris les plus gourmands.

Test graphique. Le plus grand est le meilleur.
Test JavaScript. Le plus petit est le meilleur.

Une connexion sans fil irréprochable

La connexion sans fil du Galaxy S6 est à la pointe. Il prend en charge le Wi-Fi 802.11ac, le Bluetooth 4.1, la 4G+ (LTE-A), dipose d'un émetteur infrarouge pour commander un téléviseur et se recharge sans fil.

Les performances du Wi-Fi n'évoluent pas par rapport au Galaxy S5, ce qui n'a rien de décevant puisqu'elles étaient déjà excellentes l'année dernière. Connecté à une AirPort Time Capsule en 802.11ac (à quelques mètres de la borne et dans un environnement surchargé d’ondes sans fil), il atteint 150 Mbit/s au maximum (moyenne de 90 Mbit/s). C'est du même niveau que les iPhone 6.

Samsung utilise des modems différents selon les opérateurs et les pays. Chipworks a découvert un modem maison, le Shannon 333, mais des puces de Qualcomm sont aussi utilisées. Quoi qu'il en soit, le Galaxy S6 prend en charge la 4G+ (LTE-A) de catégorie 6 (jusqu'à 300 Mbit/s) au moins. Nous avons obtenu un résultat record sur le réseau de Bouygues Telecom à Lyon : 92 Mbit/s. Le maximum que nous avons pu mesurer avec les iPhone 6 à l'extérieur de la rédaction de MacGeneration est environ 60 Mbit/s.

Toujours sur le plan du sans fil, le Galaxy S6 peut être rechargé simplement en le posant sur une base compatible. Il supporte le standard Qi, le plus répandu dans les terminaux mobiles. Nous avons pu vérifier le bon fonctionnement de la recharge avec un chargeur Qi Koolpuck. La recharge est bien plus longue qu'avec un câble (elle demande deux fois plus de temps selon les mesures de FrAndroid), mais on apprécie tout de même cette technologie sympathique.

Une autonomie qui recule

On en vient à l'autonomie de l'appareil. Les Galaxy S6 sont équipés d'une batterie 2 600 mAh, contre 2 800 mAh pour le Galaxy S5. Cette capacité moindre (et les pixels supplémentaires à gérer) a malheureusement un impact négatif sur l'autonomie. Alors que le Galaxy S5 tenait sans problème un jour et demi, voire deux, en utilisation polyvalente, le nouveau smartphone tient plutôt une journée. Ce n'est pas véritablement mauvais, et en coupant certaines fonctions on atteint la journée et demie, mais c'est tout de même en recul par rapport à la génération précédente... et il n'y a plus la possibilité de remplacer la batterie.

Le mode ultra économie d'énergie, qui passe l'écran en noir et blanc et ne garde que les fonctions indispensables, est toujours présent pour allonger de plusieurs heures l'autonomie en cas d'urgence. Toujours est-il que Samsung ne peut plus se moquer des possesseurs d'iPhone à propos de l'autonomie.

Un lecteur d'empreintes digitales qui fonctionne

Le lecteur d'empreintes digitales du Galaxy S5 était une calamité : il fallait soigneusement balayer son doigt sur le bouton d'accueil pour qu'il soit reconnu. Le geste n'était pas pratique et la reconnaissance échouait fréquemment.

Samsung a heureusement corrigé cela avec le Galaxy S6 Edge. Il suffit maintenant de poser son doigt sur le bouton d'accueil, comme on le ferait avec le capteur Touch ID de l'iPhone. La reconnaissance est aussi bonne que celle de l'iPhone ; il y a très peu d'erreurs et l'opération est très rapide.

Un excellent appareil photo

Pour une fois, le nombre de mégapixels de l'appareil photo du nouveau Galaxy S n'augmente pas, mais des améliorations ont été apportées, au point d'en faire l'un des meilleurs du marché. Le capteur photo de 16 mégapixels ouvre à ƒ/1,9.

L'appareil photo, qui profite de la stabilisation optique, peut se lancer d'un double clic sur le bouton d'accueil. Un raccourci très pratique pour prendre un cliché sur le vif, d'autant que le déclenchement est ultra rapide.

Le rendu des photos est excellent. Les images sont très détaillées et les couleurs vives sans être fausses. En basse lumière, le bruit reste raisonnable.

L'appareil photo dispose d'un mode Pro qui permet de contrôler finement sa prise de vue en réglant les ISO, la balance des blancs, etc.

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Le Galaxy S6 Edge est par ailleurs capable de filmer en 4K (3840 x 2160 px) et en ralenti à 120 i/s en 720p (c'est moins bien que les iPhone 6 qui font du 240 i/s dans cette définition).

Le mode Pro avec la visualisation du rendu des réglages et effets en temps réel.

Un système plus homogène

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Samsung s'est vanté avoir mis 40 % de fonctions en moins dans le Galaxy S6 Edge que le Galaxy S5. Mais c'est effectivement une bonne nouvelle, tant le S5 débordait de fonctions gadgets. Air View, qui affichait des informations au survol d'un élément, ou Air Browse, qui faisait défiler des éléments par des gestes de la main sans toucher le smartphone, ont ainsi disparu et on ne s'en plaindra pas.

Les fonctions qui ont survécu sont cachées dans les réglages. En fouillant un peu, on peut activer le très efficace Download Booster, qui accélère les téléchargements en combinant les connexions Wi-Fi et 4G, le pratique Smart Stay, qui garde l'écran allumé tant qu'on le regarde, et le mode silencieux en posant le téléphone face contre table.

Un gros effort a aussi été apporté à la surcouche TouchWiz. On n'a plus l'impression d'avoir deux systèmes en un. La surcouche de Samsung cohabite de manière plus harmonieuse avec les éléments standards d'Android Lollipop.

Le mode multifenêtre est bien intégré ; dans la vue multitâche, un bouton permet d'afficher une application sur seulement une moitié de l'écran. On peut aussi redimensionner manuellement une application en glissant son doigt à partir de son coin en haut à gauche.

Samsung a aussi levé le pied sur l'intégration de ses applications... mais promeut maintenant celles d'autres. Instagram, Facebook Messenger, WhatsApp, OneDrive, OneNote et Skype sont préinstallés. Si on ne s'en sert pas, on peut désactiver ces apps (mais pas les désinstaller complètement, du moins pas simplement).

Des thèmes qui changent la police, les icônes, les sons et le fond d'écran sont disponibles. Ils ne sont pas tous réussis et la sélection est pour le moment assez restreinte, mais on apprécie cet effort de personnalisation.

Pour conclure

Samsung a su tirer les leçons de l'échec du Galaxy S5. Ses deux principales erreurs, une fabrication cheap et une surcouche logicielle laide, n'ont pas été répétées.

Le Galaxy S6 Edge est impressionnant. On n'avait jamais vu un smartphone Android rassembler un écran, une finition, un appareil photo et un processeur d'une telle qualité. Samsung signe là sans conteste son plus beau smartphone.

Cependant, cet écran incurvé si joli joue aussi des tours à l'appareil. Il pose quelques soucis ergonomiques et n'apporte rien du point de vue fonctionnel. Le Galaxy S6 « standard », qui partage les mêmes caractéristiques techniques à l'exception de cet écran débordant, est au bout d'un compte un meilleur choix (sa note aurait un point de plus), d'autant qu'il est vendu 150 € moins cher.

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