Comment les traqueurs d'activité peuvent-ils résister aux montres connectées dotées des mêmes fonctions de suivi physique et plus polyvalentes à la fois ? En étant beaucoup moins chers ! Misfit et Jawbone ont commercialisé récemment des déclinaisons bon marché de leur convaincants Shine et UP respectifs. À seulement 50 €, le Flash et le UP Move sont ainsi deux à trois fois moins chers que leur version originale. Mais au prix de quelles concessions ? Réponse dans notre test.
Design et fabrication
Le premier traqueur d'activité de Misfit, le Shine, nous avait notamment séduits par son côté bijou. Il s'agissait d'une pastille en aluminium bien finie et solide qui s'accordait aussi bien avec un costume qu'un survêtement (lire notre test).
Le Flash prend lui aussi la forme d'une pilule aux dimensions quasi similaires (28,5 x 28,5 mm contre 27,5 x 27,5 pour le Shine), à l'exception de l'épaisseur qui augmente sensiblement (8 mm contre 3,3). Cependant, au poignet, cette différence ne se fait pas sentir et le Flash est même plus léger (6 g contre 9,4).
La principale différence concerne le matériau employé. Entièrement en plastique, le Flash n'a pas le cachet du Shine. Le plastique est vraiment quelconque et peu résistant. Après deux semaines d'utilisation, les bords de l'accessoire sont déjà abimés, alors qu'il est toujours resté dans son bracelet.
Seules les 12 LED rouges permettent de distinguer le Flash noir d'un vulgaire bout de plastique quand elles s'illuminent. Les autres coloris (blanc, fuchsia, vert, bleu, bleu-vert et rouge) apportent peut-être cette touche d'originalité qui manque au traqueur, même si elles ne résolvent en rien le problème du plastique bas de gamme.
Le Flash est livré avec un bracelet et une broche si on préfère l'accrocher à ses vêtements. Contrairement au Shine, il n'y a pas d'autre bracelet vendu séparément (mais cela arrivera peut-être plus tard).
Les deux attaches sont aussi cheap l'une que l'autre. Qui plus est, Misfit a abandonné les bonnes idées du Shine. Il était facile d'insérer ce dernier dans son bracelet grâce à sa rainure. Le Flash demande, lui, beaucoup de force et de dextérité pour être glissé dans son bracelet... qui a craqué pendant l'opération. Contacté comme un client lambda, le SAV nous a envoyé un nouveau bracelet gratuitement et sans faire de manière. Un bon point, même si on aurait tout simplement préféré que l'attache soit plus solide
Quant à la broche, le Shine utilisait astucieusement un aimant pour s'accrocher, tandis que le traqueur low-cost se loge dans un bête bout de plastique qui n'inspire pas confiance.
Le UP Move n'a rien à voir dans sa forme avec le UP ou le UP24 de Jawbone qui sont des bracelets (lire notre test). Comme le Flash, il s'agit d'une pastille (27,7 × 27,7 × 9,7 mm) que l'on place dans une broche ou dans un bracelet... mais ce dernier est à acheter séparément. On reviendra sur ce point plus tard, mais on peut déjà noter que la broche du UP Move, en caoutchouc TPU « de qualité médicale », est de bien meilleure qualité que celle du Flash.
Le traqueur low-cost de Jawbone n'est pas chic comme le Shine, mais il ne fait pas non plus cheap comme le Flash. Fabriqué dans un matériau en nylon et décoré d'un motif en forme de rosace (cinq coloris sont disponibles), le UP Move ressemble à un bonbon en gelée.
Il utilise lui aussi des LED pour afficher des informations. Il y a 12 LED blanches pour indiquer le niveau d'activité et une orange et une bleue pour afficher l'heure.
Au quotidien
À l'usage, les deux traqueurs d'activité sont très similaires. Pour interagir avec l'un comme l'autre, il faut appuyer dessus, mais la pression à exercer n'est pas la même. Le Flash demande une pression assez forte, de sorte qu'il faut durcir son poignet ou le tenir pour que le clic se fasse. Le UP Move nécessite, lui, moins d'effort, sans que cela n'entraîne pour autant de clics accidentels.
C'est d'autant plus dommage pour le Flash que Misfit avait mis au point pour le Shine un système de tapotements qui était plus pratique, même s'il n'était pas parfait.
Les deux traqueurs peuvent être portés au poignet ou accrochés à un vêtement ou à un sac grâce à leur pince. Si on porte déjà une montre, la seconde solution est bienvenue, mais c'est prendre aussi le risque d'oublier plus facilement son traqueur. Durant ces deux semaines de test, j'ai bien dû oublier de porter le UP Move une demi-douzaine de fois parce que resté accroché sur un autre vêtement, alors que le Flash n'a jamais quitté mon poignet.
Le produit de Jawbone n'est en effet livré qu'avec une broche. Le bracelet est à acheter séparément en pack de trois au prix de 29,99 €. Certes, la broche est meilleure que celle de son concurrent, mais c'est vraiment dommage qu'il faille ajouter 30 € pour pouvoir porter le UP Move au poignet. D'autant que la pince n'est pas pratique du tout si on veut garder le traqueur durant son sommeil — Jawbone recommande d'ailleurs d'utiliser le bracelet pour cela.
Les deux traqueurs permettent de suivre son activité physique sans regarder l'application. Après une pression, ils affichent tous deux où l'on se situe par rapport à l'objectif qu'on s'est fixé. Si par exemple on a réalisé 50 % de son objectif, la moitié des LED du Flash vont s'illuminer, tandis que le UP Move va juste allumer la LED du milieu. Les affichages sont donc un peu différents, mais dans un cas comme dans l'autre, l'information est lisible.
Après l'affichage de l'activité, le Flash donne directement l'heure ; quatre LED sont légèrement allumées pour afficher les quatre coins d’une montre (midi, 15, 30 et 45), l’heure est indiquée avec une LED plus vive et les minutes sont signalées par une LED qui clignote. Dit comme cela, ça semble un peu compliqué, mais c'est en fait bien compréhensible.
Le UP Move donne, lui, l'heure après deux clics et utilise pour cela deux LED dédiées. Ce n'est ni plus ni moins lisible que l'affichage du Flash.
Par défaut, les deux traqueurs enregistrent continuellement le nombre de pas. Pour enregistrer une activité sportive particulière et avoir des informations détaillées sur celle-ci, il faut appuyer longuement sur le Flash ou faire un clic puis un second plus long sur le UP Move. Les deux traqueurs sont toutefois capables de reconnaître automatiquement un effort intense et de le signaler comme tel dans l'app.
Pour activer le mode sommeil sur le UP Move, il faut faire une pression longue. Une lune apparait alors et le traqueur enregistre les mouvements durant le sommeil. Le Flash est plus pratique puisqu'il peut détecter automatiquement, et avec fiabilité, le moment où l'on dort. Pas de risque de perdre une nuit de données, donc.
Les deux traqueurs sont alimentés par une pile bouton CR2032 remplaçable qui leur fournit une autonomie allant jusqu'à six mois, selon les fabricants. Le Shine tenait lui entre trois et quatre mois. On peut donc s'attendre à une autonomie dans les mêmes eaux. En tout cas, c'est vraiment plaisant de ne pas avoir à se préoccuper de la batterie.
Notons enfin que le Flash est étanche, mais pas le UP Move. Ce dernier résiste aux éclaboussures, mais il ne doit pas être immergé. Dommage pour ceux qui voudraient suivre leurs séances de natation.
Au niveau de la fiabilité des données, le Flash surévalue un peu le nombre de pas, certainement parce qu'il interprète mal certains mouvements du poignet. Cela est toutefois assez minime, il ne s'agit que de quelques centaines de pas tout au plus.
Applications
Si les traqueurs fournissent quelques informations basiques de manière autonome, il faut aller faire un tour dans leur app respective pour avoir une vision complète de son activité.
Les données sont synchronisées en Bluetooth (4.0 pour le UP Move, 4.1 pour le Flash) à l'ouverture de l'app ou en tapotant sur un bouton dans l'interface. La synchronisation fonctionne bien avec les deux produits.
L'application Misfit [1.24.0 - Gratuit – 45,7 Mo] est la moins complète des deux. Elle a en fait très peu évolué depuis notre test du Shine en octobre 2013 (elle n'est toujours pas adaptée aux écrans Retina HD des iPhone 6).
L'application affiche pour chaque jour le nombre de points obtenus. Pour réaliser 1 000 points, il faut par exemple marcher pendant 1 h 30, faire 30 min de course ou bien nager pendant 45 minutes. On module cet objectif journalier en fonction de ses capacités et de ses ambitions.
En tapotant sur le nombre de points, l'application dévoile le nombre de pas effectués, les calories brûlées et la distance parcourue. Un graphique permet de visualiser la répartition de son activité au fil de la journée.
En faisant défiler cette vue vers le bas, on découvre des carrés qui symbolisent les efforts particuliers ainsi que les jalons franchis (objectif tenu, objectif doublé, etc.). En tapotant sur l'un de ces carrés, on a quelques données supplémentaires, comme le type d'activité réalisée, sa durée et le nombre de points qu'elle a rapporté. On peut également suivre sa progression sur une semaine entière, avec un résumé de l'objectif pour chaque jour.
Le suivi du sommeil est dans un second onglet. La vue journalière indique le temps passé à dormir, la durée du sommeil réparateur et l'objectif qu'on s'était fixé. Un graphique met en image le sommeil profond (violet foncé) et le sommeil léger (violet clair). Une vue hebdomadaire est également disponible. L'application permet aussi de suivre son poids, mais il faut entrer les données manuellement.
Pour finir, l'application du Flash dispose de quelques fonctions sociales. On peut consulter les statistiques de ses amis s'ils ont autorisé le partage de leurs données et on peut se comparer à Mr. Average Misfit, qui représente en fait la moyenne de tous les utilisateurs de traqueurs Misfit. Mais l'aspect social s'arrête là, on ne peut ni créer de groupe ni envoyer de messages à ses amis pour les féliciter ou les défier par exemple.
L'application UP [4.0.1 – Français – Gratuit – 95,7 Mo] est, elle, bien plus complète. C'est même la meilleure application pour traqueur d'activités que nous ayons testée, et ce, depuis 2013 ! Elle parvient à rester simple d'utilisation tout en proposant beaucoup d'informations.
L'écran d'accueil affiche un graphique avec l'activité physique et la durée du sommeil. En dessous, on trouve le Smart Coach qui donne des conseils pour se sentir mieux. Il y a des conseils sur le sport, l'alimentation et même la vie sociale. Certains peuvent paraître étranges (« Passer trop de temps seul peut présenter une menace pour la survie. La solitude augmente tes risques de maladies cardiovasculaires. Reste avec tes amis ! ») et le tutoiement est un peu infantilisant, mais le Smart Coach est une bonne idée qui ajoute une petite touche humaine à l'application.
Ce coach commente aussi certaines activités, toujours dans le but d'encourager l'utilisateur. C'est ce qui manque notamment à l'application du Flash, qui délivre les données sans contextualisation ni explication.
L'application de Jawbone intègre également dans la vue principale les activités de ses amis, de façon à se tirer la bourre en temps réel ou presque. On peut néanmoins filtrer ces activités pour ne garder que les siennes.
Comme on le voit sur les captures ci-dessus, l'application du UP Move donne des informations beaucoup plus précises sur les séances de sport — de la course à pied dans le cas présent. Alors que l'app du Flash se contente de mentionner la durée et le nombre de points, celle du UP Move indique également la distance, le nombre de pas, le rythme et la dépense en calorie. Un graphique permet même de visualiser l'évolution de l'effort.
L'application de Jawbone dispose d'une vue hebdomadaire, mais aussi mensuelle, que l'on peut personnaliser avec de nombreux filtres (affichage des calories brûlées, des glucides, du cholestérol, du poids, de la graisse corporelle...). La vue sommeil est aussi complète que le reste.
L'aspect social est intéressant, avec la possibilité de créer des équipes, de poster des commentaires sur les activités de ses amis et de réagir avec des émoticônes.
À noter aussi que l'application permet d'enregistrer son humeur du jour et de tenir un journal de son alimentation. En outre, on peut définir des alertes pour que l'app nous rappelle de bouger ou d'aller dormir. En bref, l'application du UP Move enfonce totalement celle du Flash.
Les traqueurs ont-ils encore un intérêt ?
Avant de passer à la conclusion, un aparté sur l'intérêt des traqueurs d'activité aujourd'hui. Durant ce test, une interrogation nous est venue à l'esprit : l'iPhone n'est-il pas suffisant pour suivre son activité quotidienne ? Après tout, il existe une myriade d'applications qui exploitent les capteurs du smartphone pour calculer le nombre de pas, les étages montés, l'activité sportive, etc. On peut citer Moves, Podomètre++, Human et Nike+ Move dans les applications de suivi générique. Du côté des spécialisées, il y a Nike+ Running, Strava, Runtastic et encore bien d'autres.
Les traqueurs gardent tout de même comme principal avantage le fait de pouvoir justement se séparer de son iPhone tout en continuant à enregistrer son activité. C'est surtout utile quand on va faire du sport et qu'on ne veut pas s'embarrasser de son iPhone (d'autant qu'ils sont de plus en plus gros) ou que le téléphone n'est pas adapté pour un sport, comme la natation. Dans ces cas de figure, le Flash et le UP Move sont toujours pertinents, mais ils vont être de plus en plus concurrencés par les montres connectées, à commencer par l'Apple Watch Sport.
Misfit et Jawbone ne restent toutefois pas les bras croisés face à cette menace. Le premier est en train de bâtir un écosystème prometteur en nouant des partenariats avec Spotify, Nest, Yo, Logitech... Pour le deuxième, cet écosystème est déjà en partie en place. Le UP Move, et les autres traqueurs de Jawbone, peuvent déjà commander au Nest de monter le chauffage au réveil, contrôler les produits de domotique SmartThings et son application peut importer les données des balances connectées Withings, entre autres.
En outre, le Flash comme le UP Move s'intègrent tous deux au service d'automatisation IFTTT. On trouve ainsi des recettes pour recevoir un résumé de son activité dans sa boîte mail, dire à son patron qu'on a eu une panne d'oreiller ; poster un message sur Facebook quand on a atteint un objectif ; enregistrer ses données de sommeil dans son calendrier ; contrôler ses ampoules Hue...
Bref, il existe toutes sortes d'actions et si l'on ne trouve pas son bonheur on peut créer les siennes — cela dit, nous n'avons pas toujours réussi à faire fonctionner les recettes. Ces fonctions annexes ne sont pas particulièrement mises en avant par Misfit et Jawbone, alors qu'elles permettent pourtant au Flash et au UP Move d'être plus que des simples compteurs de pas.
Pour conclure
Si vous cherchez un traqueur d'activité à la fois simple et pas cher, le UP Move est un excellent choix. On retrouve les points forts des autres produits Jawbone (application, design et fabrication) à un tarif abordable. Dommage toutefois qu'il ne soit pas étanche et qu'il faille payer 30 € de plus si on veut le porter au poignet.
Le bilan est plus mitigé pour le Flash. Son utilisation est gâchée par des plastiques de mauvaise qualité et par un clic qui demande trop de force. Son application fait également pâle figure à côté de celle du UP Move. Le Flash fait tout de même ce qu'on lui demande et l'écosystème à venir est prometteur, mais ce n'est pas le meilleur choix à l'heure actuelle.
Misfit Flash (environ 50 €)
Les plus :
- Pas cher
- Excellente autonomie
- Peut servir de montre
- Écosystème à venir
Les moins :
- Très cheap
- Le clic pas pratique
- Le bracelet qui casse
- Application incomplète
Note : 5/10
Jawbone UP Move (environ 50 €)
Les plus :
- Pas cher
- Bonne fabrication
- Excellente autonomie
- Application très complète
- Écosystème
Les moins :
- Pas de bracelet fourni
- Pas étanche
Note : 8/10