La relation entre les stylets et l'iPad peut se résumer à un « je t'aime, moi non plus ». Détestés par Steve Jobs et souvent moqués par les utilisateurs de la pomme, ils offrent pourtant des avantages non négligeables dans certaines situations.
FiftyThree, l'éditeur de l'excellente application Paper [2.1.0 – Français – Gratuit (achats in-app) – iPad – 108 Mo], s'est lancé sur le marché des stylets avec le Pencil. Son approche est quelque peu singulière mais logique dans le cas présent : un stylet développé en parfaite symbiose avec l'application. Pari réussi ou énième tentative ratée ?
Design et fabrication
La première chose sur laquelle on s'attardera, c'est le design. Fait soit d'aluminium ou de bois de noyer, le Pencil propose un look atypique pour ce genre de produit. Sa forme, qui rappelle les anciens crayons de menuisier, tient plutôt bien en main. Le modèle que nous avons testé est celui en bois de noyer, avec un contact chaleureux. On est loin des habituels plastiques ou métaux froids.
Les deux embouts, un à chaque extrémité du stylet, sont faits d'un caoutchouc souple et doux, malheureusement peu durable. Il n'aura pas fallu deux jours pour que l'un des embouts, celui de la pointe, montre déjà des signes de faiblesse. Heureusement, un embout de rechange est fourni, pour chaque côté. Mais il faudra sans doute faire attention à ne pas trop forcer sur la pointe lors de l'utilisation. Comptez 10 € pour deux pointes de remplacement.
Précision importante : lors de notre test, l'iPad était muni d'un film de protection, ce qui a probablement constitué un facteur de détérioration rapide. Car l'usure a été beaucoup plus lente avec un iPad avec un écran « nu ». Cependant, notre pointe utilisée depuis la mi-octobre risque bien de devoir être à nouveau changée avant la fin novembre. Dans tous les cas, mieux vaut donc utiliser le Pencil sans le brusquer et directement sur le verre de l'iPad.
Au niveau de la batterie et de la connexion avec l'iPad, rien à signaler. La batterie du stylet tient ses promesses, sur un mois d'utilisation régulière, une seule recharge a été nécessaire. Une recharge relativement rapide puisqu'elle ne dure que 90 minutes, exactement comme annoncé par le constructeur. Cette batterie alimente une connexion Bluetooth, une particularité du stylet.
Connexion
Au lieu d'être un simple morceau de métal avec un embout adapté aux écrans capacitifs, il intègre un système qui permet à l'iPad de savoir quel embout touche l'écran. L'embout normal est utilisé pour le dessin, alors que l'autre, à l'arrière, est utilisé comme gomme. Exactement comme un vrai crayon. Cette connexion travaille en parfaite harmonie avec l'application de Paper, et uniquement avec cette application. Le reste du temps, le Pencil agit comme un stylet ordinaire.
La connexion avec l'iPad se fait de manière simplissime. Après avoir activé le Bluetooth de l'iPad, il vous suffira d'appuyer le stylet sur la zone indiquée dans l'application, et voilà. L'application joue d'ailleurs avec cette simplicité et montre une interface à la fois claire et futuriste.
Utilisation
L'application Paper est parfaitement adaptée au stylet, et inversement. Si vous connaissez déjà l'application, l'usage sera immédiatement naturel. Sinon, un apprentissage sera nécessaire pour savoir gérer les nombreux gestes qu'elle offre. Paper s'emmêle quelques fois les pinceaux dans tous ces gestes. La paume de la main, qui est censée ne pas avoir d'action une fois posée sur l'écran lorsque l'on utilise le Pencil, peut parfois déclencher le mélangeur. C'est très anecdotique, mais une fois plongé dans un dessin, ce genre de dysfonctionnements peut très vite devenir agaçant.
La pointe du stylet est relativement épaisse, ce qui peut poser des soucis de précision. Même si l'application est dotée d'un astucieux mode zoom, le dessin avec le feutre très fin pourra poser problème. L'application elle, gagne clairement en intérêt avec ce stylet. Si Paper était déjà très convaincante dans sa catégorie, elle prend tout son sens avec le stylet Pencil.
Du côté des optimisations récentes, on retrouve la fameuse gestion de la pression, inaugurée avec iOS 8. L'iPad est donc maintenant capable de reconnaître quelle surface de l'embout est utilisée, s'il s'agit de la pointe ou de son bord. Les effets sont très réalistes et plutôt impressionnants. C'est d'ailleurs une des fonctionnalités les plus remarquables du Pencil. Le crayon virtuel (un des outils de l'application) est ultra réaliste à l'usage, avec des textures et des traits pratiquement identiques à ce que fait un crayon sur du papier. La gomme devient elle aussi très efficace, avec des traits très précis et fins, ce qui n'était pas le cas avant cette mise à jour. FiftyThree livre une vidéo explicative (ci-dessous), qui permettra de mettre des images sur les mots.
Conclusion
Le Pencil est vendu 49,95€ en version noire et à 59,95€ pour la version en bois de noyer, qui a la particularité de s'aimanter à la Smart Cover de l'iPad. Comme consolation à ces prix plutôt élevés, les achats in-app de l'application Paper sont automatiquement déverrouillés une fois le stylet synchronisé. Il s'agit d'une collection supplémentaire de stylos et crayons (5,99 € le lot complet).
Le constat général est donc positif, avec un design réussi, une autonomie convaincante et un bon fonctionnement général avec l'application Paper. Il faut garder à l'esprit que, hors de l'application, le stylet agit comme tout autre stylet, et son prix peut alors paraître démesuré. Mais la situation devrait évoluer prochainement grâce au SDK mis en place par FiftyThree qui permettra aux autres apps de l'exploiter comme il se doit.