Vous attendez peut-être le Kindle Voyage. Malheureusement, il ne sera sans doute pas disponible en France à temps pour les fêtes, et il se négocie à prix d’or sur les sites d’enchères en ligne. Dommage ? Peut-être pas. Le Kindle d’entrée de gamme a été revu pour la première fois en trois ans, et ne vaut désormais plus que 59 €. Le parfait cadeau de Noël ? La réponse dans notre test.
Un Kindle Touch recarrossé
Cette sixième génération de Kindle est la première sans autre bouton physique que le bouton d’allumage, car c’est aussi la première avec un écran tactile. Au premier coup d’œil, on pourrait donc croire qu’il est moins un successeur du Kindle 5 qu’une déclinaison sans éclairage du Kindle Paperwhite. Il s’agit plutôt… d’un Kindle Touch recarrossé.
Le Kindle 6 doit en effet se contenter d’un bel écran E Ink Pearl d’une résolution de 167 ppp, quand le Paperwhite profite d’un superbe écran E Ink Carta d’une résolution de 212 ppp. En l’absence d’éclairage, le contraste n’est pas aussi bon qu’il pourrait l’être : le blanc perle promis par E Ink tire sur l’ivoire, et le noir est au mieux anthracite.
Les deux appareils se distinguent aussi par leur technologie tactile : alors que le Kindle Paperwhite utilise une couche capacitive, le Kindle 6 a renoué avec le système à diodes infrarouges du Kindle Touch. Amazon l’a amélioré, c’est indéniable — nous ne pouvons plus dire qu’il est « aussi peu pratique qu’une voiture à roues carrées ». Mais elle ne peut dépasser ses limites.
L’écran est ainsi enfoncé de quelques millimètres, pour laisser place à la bande de diodes, ce qui peut provoquer des ombres en fonction de l’éclairage ambiant. On peut aussi tourner des pages par erreur, ces diodes ne pouvant pas faire la différence entre un doigt et le bout d’une manche. Et comme elles ne sont pas non plus capables de gérer plus d’un point de contact à la fois, il faut ralentir la frappe lorsque l’on prend des notes.
En cette période où la lumière naturelle vient à manquer, l’absence d’éclairage se fait parfois sentir, mais notre habitude du Kindle Paperwhite doit sans doute jouer. À condition d’avoir activé l’actualisation de l’écran à chaque page pour minimiser la rémanence et donc maximiser le contraste, le Kindle 6 se révèle tout aussi lisible que ses prédécesseurs. Son écran n’est pas aussi fin qu’une bonne impression, mais il rivalise aisément avec le papier grisâtre des livres de poche.
Un système simple, mais pas toujours efficace
La comparaison est d’autant plus pertinente que comme la plupart des livres de poche, le Kindle 6 souffre de défauts typographiques frustrants. Ses polices ont soi-disant « été ajustées manuellement […] pour une lisibilité et un confort exceptionnels », mais leur rendu n’est pas meilleur que sur le Kindle Paperwhite, où il est loin d’être optimal. La justification forcée est toujours agaçante, l’absence de césure provoquant souvent l’apparition de lézardes disgracieuses.
Ces lacunes ne troublent pas la lecture outre mesure, mais l’empêchent d’être aussi agréable que sur d’autres liseuses. Cela résume bien l’« expérience Kindle », d’ailleurs : son système est simple, mais pas toujours efficace. La publicité qui subventionne l’achat, par exemple, est assez discrète… mais elle dégrade quand même le confort d’utilisation. Sans elle, une simple pression sur le bouton de veille suffit pour afficher un livre ; avec elle, il faut en plus balayer l’écran de veille pour confirmer le déverrouillage.
La navigation gagnerait à être améliorée, notamment sur l’écran d’accueil — sauf à passer en mode liste, on peine à trouver ses livres au milieu des liens vers la boutique Kindle. Dans le même temps, les fonctions accompagnant la lecture ne cessent de surprendre par leur utilité. La recherche a été considérablement améliorée, FreeTime permet maintenant aux enfants de lire dans un environnement contrôlé par leurs parents, et X-Ray est présent dans un nombre croissant d’ouvrages.
Ce n’est pas une nouveauté, mais il est toujours appréciable de constater que l’estimation de temps de lecture restant est affinée en fonction de l’utilisateur, ce qui permet par exemple de savoir si l’on va avoir le temps d’entamer ce chapitre avant de sortir du métro. La correspondance pages virtuelles / pages réelles, ou le presse-papiers contenant les notes prises sur l’ensemble des livres, sont autant de petits détails qui distinguent le Kindle des autres liseuses.
Un Kindle pas cher à pas cher
Comment ferait-on la différence autrement ? Chaque génération de Kindle est un peu plus sobre que la précédente. La sixième est même anonyme : les logos « Amazon » et « Kindle », noirs sur plastique noir, sont presque invisibles. Les matériaux employés sont communs, presque vulgaires — le plastique granuleux du dos anguleux rappelle celui des blocs secteurs des copies de copies de produits de sous-marques. Ils ne sont donc pas valorisants, mais ils sont assemblés avec soin.
Étrangement cependant, ce Kindle 6 n’a pas la densité de ses prédécesseurs : on dirait qu’il est creux… parce qu’il l’est ! Il ne renferme rien d’autre qu’une petite carte-mère et une petite batterie, dont la capacité de 3,29 Wh n’assure que quatre semaines d’autonomie théorique. Si vous lisez une heure par jour et laissez le Wi-Fi allumé, l’autonomie ne devrait pas dépasser deux semaines. Un Kindle Paperwhite peut tenir six semaines dans les mêmes conditions, huit semaines en théorie.
Décevant ? Dans l’absolu oui, mais le Kindle 6 ne vaut que 59 €. À ce prix là, c’est une chouette petite liseuse. Le Cybook Odyssey rivalise en prix et en fonctions, mais il souffre de défauts similaires et n’est pas soutenu par le redoutable écosystème d’Amazon. Le Kindle Paperwhite est encore en vente, mais l’éclairage représente un surcoût de 70 € que seuls les lecteurs réguliers pourront amortir dans un temps raisonnable.
Pour répondre à la question posée en introduction, donc : oui, le nouveau Kindle d’entrée de gamme fait un bon cadeau de Noël pour un lecteur occasionnel. Surtout s’il s’agit de sa première liseuse — Amazon, qui est un vendeur avant tout, fournit une bonne introduction à son écosystème.