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Test de la Moto 360

Mickaël Bazoge

mercredi 05 novembre 2014 à 13:30 • 52

Accessoire

Oui, une montre connectée peut se porter au poignet sans honte. À l’aspect « montre calculatrice des années 80 » des premiers essais de Samsung ou de LG, Motorola a opposé les vertus du design, tout en dépassant l’aspect intrinsèquement geek des smartwatchs. En flirtant aux frontières de la technologie et du design, la Moto 360 remporte pratiquement son pari… sans convaincre totalement.

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Dès le départ, Motorola aligne les bons points. Le constructeur américain a su prendre son temps par rapport à une concurrence trop pressée de profiter du lancement de la vague Android Wear, et qui se sont contentés de proposer aux premiers acheteurs des produits sans âme : choisir entre une Gear Live (Samsung) ou une G Watch (LG) revient à condamner son poignet à la peste ou au choléra.

La Moto 360 est la première montre connectée proposant un écran circulaire, un facteur de forme traditionnel pour une montre (LG a depuis annoncé sa G Watch R plus sportive). Un design innovant pour ce tout jeune marché qui ne jurait jusqu’à présent que par les formats carrés ou rectangulaires, et qui offre au produit un positionnement singulier, à même d’attirer des utilisateurs qui ne s’intéressaient pas nécessairement à ce type de produits.

En plus de cet œil neuf sur le design, Motorola a également soigné les finitions. C’est d’ailleurs le principal argument de vente de la Moto 360… Le constructeur a conçu un châssis en acier inoxydable (noir ou argent) de bonne qualité mais pas trop lourd (la montre pèse 49 grammes contre 59 grammes pour la Gear Live et 63 grammes pour la G Watch). Il s’accompagne d’un bracelet d’un cuir de bonne qualité lui aussi (sable ou noir) ainsi que d’une boucle du même métal que le boîtier. À noter qu’il est possible de remplacer le bracelet par un modèle plus conventionnel (ou plus fou selon les envies), mais pour cela il faudra se rendre chez un bijoutier. Motorola a tout de même eu le bon goût de proposer une solution plus ouverte que la concurrence.

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Pour renforcer l’aspect « montre traditionnelle », le constructeur a rajouté un bouton sur le côté — il ne s’agit pas de la couronne digitale de l’Apple Watch, puisque l’appendice de la Moto 360 permet de la mettre en veille ou de l’en sortir. Le périphérique est certifié IP 67, il résiste donc à la poussière et est protégé contre l’immersion jusqu’à 1 mètre de profondeur : les nageurs ne devraient donc rencontrer aucun souci et pourront bénéficier du cardiofréquencemètre intégré à la montre durant leurs sessions de natation. La douche et la vaisselle ne représenteront pas plus d’obstacles infranchissables.

Pas de saphir de synthèse sur la surface de l’écran, mais du Gorilla Glass 3 : pour le prix demandé, il est difficile de demander ce revêtement haut de gamme, qu’Apple n’offrira pas sur la variante Sport de sa Watch (celle proposée à 349$). Il n’empêche : on est ici à mille lieues de la G Watch, vilain petit canard à la repoussante finition tout plastique, qui ressemble à un jouet que l’on offrirait à un enfant pour le punir.

La Moto 360 et ses dimensions de 46 mm de diamètre pour 11,5 mm de hauteur sont d’autant plus à leur place sur un poignet que Diesel a labouré le terrain des montres rondes relativement imposantes, même si sur un petit poignet, elle sera clairement surdimensionnée. Cette taille grand format empêche également la montre de gagner le défi de la manche de chemise, que la montre déformera (mais ce sera aussi le cas de l’Apple Watch).

Ces éloges doivent cependant être nuancés. L’écran déborde légèrement du châssis en acier, alors qu’on aurait préféré une finition affleurante. Rien de bien grave évidemment, mais au vu des efforts de Motorola pour fignoler les détails, le sans-faute n’est pas tenu. Le métal du boîtier ne concerne que le tour de la montre, puisqu’au dos on retrouve une surface en plastique plus traditionnelle, qui protège le capteur du cardiofréquencemètre optique. Le fabriquant n’a pas non plus choisi une conception unibody à la Apple Watch; cela déflore quelque peu l’aspect premium du produit, sans toutefois totalement disqualifier le gros travail sur le design et les finitions.

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Techniquement parlant, Motorola n’a pas lésiné sur la marchandise. L’écran LCD d’1,56 pouce (320 x 290, 205 pixels par pouce) offre ainsi de jolis noirs et des couleurs éclatantes. Le produit intègre un moniteur de fréquence cardiaque, un composant encore peu courant sur les montres connectées Android Wear. Par contre, l’OMAP3630 choisi par Motorola, à base d’ARMv7, est sur le marché depuis 2010, autant dire que ce processeur n’est pas de la première jeunesse. Pour motoriser une montre, après tout, on n’a pas réellement besoin d’une bête de course, et cela participe sans doute du coût relativement bas du produit. Mais la Moto 360 risque d’être vite limitée en matière de fonctionnalités, si la puissance n’est pas là.

Malgré ces défauts, Motorola réussit donc là où la concurrence avait jusqu’à présent lamentablement échoué : redonner envie de porter une montre. Mine de rien, pour une génération qui a appris à se passer d’une montre pour lire l’heure (et tellement plus) sur un smartphone, c’est déjà un bel exploit.

Un bel écran tronqué

Tout cela est bel et bon, mais le bât blesse dès qu’on allume la Moto 360 : son écran n’est pas complètement rond. Un espace en bas reste désespérément éteint, ce qui casse le bel équilibre circulaire de l’écran. Motorola a casé ici les drivers de la dalle ainsi que le capteur de luminosité. Le constructeur a opté pour ce compromis afin de conserver une bordure aussi fine que possible. Les montres carrées de LG et Samsung n’ont pas ce problème à gérer, avec leurs contours imposants qui cachent cette électronique, sans réduire l’intégrité de l’écran. Si l’on peut comprendre la raison pour laquelle Motorola n’a pas eu le choix de faire autrement, les esthètes (et les autres) ne peuvent que regretter de ne pas avoir devant les yeux un écran parfaitement rond — la promesse contenue dans le nom de la montre n’est donc pas tenue.

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Cela explique pourquoi l’écran de la Moto 360 se contente d’une définition de 320 x 290 : les 30 pixels manquants sont ceux que Motorola a supprimés pour glisser l’électronique de la dalle. L’écran offre une résolution de 205 pixels par pouce, qui donne un résultat plutôt satisfaisant même si les yeux les plus acérés sauront repérer les pixels : on est loin des 326 ppp de l’iPhone 6 (et bien plus encore des 401 ppp de l’iPhone 6 Plus). Étant donné qu’on consulte une montre à une distance équivalente à celle d’un smartphone, cette définition de 205 ppp peut difficilement être qualifiée de Retina. Les écrans des iMac Retina 5K ou des MacBook Pro Retina tournent certes autour de 220 pixels par pouce, mais l’utilisateur laisse plus d’espace entre ses yeux et la dalle de ces ordinateurs, ce qui leur permet de récolter leur macaron Retina (qui n'est pas un standard de toutes manières).

La Moto 360 est relativement loin de la résolution 240 ppp de la G Watch, et encore plus des 278 ppp de la Gear Live, qui comprennent des écrans plus grands (respectivement 1,63 et 1,65 pouce), contre 1,56 pouce pour le produit de Motorola à qui les 30 pixels manquent décidément bien cruellement. Est-ce à dire pour autant que la qualité de la dalle de la Moto 360 est en retrait par rapport à la concurrence ? Au quotidien, pas vraiment : la technologie LCD utilisée par Motorola est de très bonne facture et il faut vraiment avoir l'œil collé sur l'écran pour commencer à apercevoir des pixels. L'espace occupé par le capteur de luminosité a une utilité que l'on ne rencontre pas sur les toquantes connectées concurrentes : la montre ajuste automatiquement le rétro-éclairage de son écran, ce qui permet une consultation plus facile en extérieur. Pour forcer la veille de la montre, on peut poser la main dessus : l'idée est bonne, mais le moindre mouvement du poignet la réveillera — attention donc aux voisins irascibles qui, au cinéma, n'apprécieront pas forcément la luminosité de votre montre.

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L'autonomie d'un smartphone dans une montre

En utilisant la technologie de recharge par induction de Qi, Motorola épargne aux porteurs de la Moto 360 l’embarras des systèmes de charge baroques ou carrément bizarres des montres concurrentes (comme le berceau de la Galaxy Gear). Néanmoins, le constructeur oblige les utilisateurs à transporter avec eux non seulement un socle (qui heureusement, reste relativement petit et léger) mais également un long câble micro USB et son chargeur secteur. Un mal pour un bien ? Cela reste à voir.

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Certes, poser la Moto 360 sur son dock fait toujours son petit effet. D'une, le processus est simple et élégant, bien moins alambiqué que les systèmes de LG ou Samsung. Motorola a là encore soigné les détails avec l'affichage de l'heure entourée par une jauge de charge circulaire du meilleur effet. Les atouts de cette technologie sont malheureusement contrebalancés, voire annulés, par la nécessite de transporter avec soi le socle et son câble, qui prennent de la place (comme pour tout câble qui se respecte, celui de la Moto 360 a une très nette tendance à s'entortiller dans tous les sens).

Apple a également fait le choix de cette technologie pour sa Watch, avec un câble dont la conception doit beaucoup au MagSafe des MacBook. On ignore encore si ce cordon sera relié à un chargeur secteur de type de celui de l'iPhone, mais espérons qu'il sera possible de le brancher à un port USB classique. Motorola déconseille en tout cas de recharger ainsi sa montre.

Une fois posée sur son socle, la Moto 360 a besoin d'environ 1h30 pour recharger complètement sa batterie. Une durée plutôt correcte : on peut ainsi recharger une bonne partie de la batterie pendant la douche matinale et le petit déj', si jamais on a oublié de déposer la montre sur son socle avant de s'endormir. Motorola a intégré dans sa montre une batterie d'une capacité de 320 mAh : c'est plus que la Gear Live (300 mAh), mais beaucoup moins que la G Watch (400 mAh).

Que peut-on faire de toute cette énergie ? Plein de choses comme on le verra dans le prochain chapitre, mais pas forcément pour très longtemps. Dans une configuration standard (notification courriel et Google Now, pilotage du lecteur musical, deux ou trois trajets Google Maps…), nous avons tout de même réussi à faire tenir la montre près de 14h, ce qui est plus que correct pour un usage journalier sans trop pousser à la consommation. La dernière mise à jour d'Android Wear, disponible depuis fin octobre et qui fait passer le logiciel de la montre en version 4.4W.2, désactive l'écran de veille dès que la batterie passe sous les 15%. On gagne ainsi quelques dizaines de minutes supplémentaires.

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Mais dès qu'on commence réellement à vouloir tirer profit de toutes les possibilités offertes par Android Wear et la connexion avec le smartphone (reconnaissance vocale OK Google, navigation Maps plus intensive…), cette autonomie chutera forcément. Chaque utilisateur a évidemment son propre usage des terminaux connectés qu'il porte, et c'est encore plus vrai pour un produit aussi personnel qu'une montre.

Android Wear, un système d'exploitation qui taille petit

Android Wear est la plateforme de Google pour les montres connectées. Basiquement, elle offre deux « bouquets » de services : l'un est lié à la connexion à un smartphone, l'autre se destine à un usage hors connexion. De base, c'est à dire sans lien avec le monde extérieur par l'entremise d'un mobile, la Moto 360 comprend quelques fonctions fondamentales, comme un minuteur, l'affichage de l'agenda, un chronomètre, une alarme, et bien sûr… l'heure (il suffit de « secouer » le poignet pour que la montre sorte de veille). Le produit propose d'ailleurs sept façades aussi sobres qu'élégantes, tout à fait dans le ton de son design (que l'on pourra personnaliser avec l'application Android compagnon).

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Les données tirées du cardiofréquencemètre et du podomètre sont elles aussi accessibles hors connexion. La montre sait aussi afficher le pouls en direct (il faudra rester immobile pendant quelques secondes), mais il est impossible de partager un petit morceau de son cœur avec un ami comme sur l'Apple Watch ! La récente mise à jour permet de tirer profit du lecteur musical intégré. Rappelons que la Moto 360, à l'instar de ses concurrentes, abrite 4 Go de stockage. Après le téléversement de morceaux depuis l'application Google Play Musique et l'appairage avec des écouteurs Bluetooth, la montre peut servir de lecteur audio autonome (ce sera aussi le cas de l'Apple Watch). Le lanceur d'applications d'Android Wear est caché dans le logo « OK Google », disponible après un tapotage sur l'invitation idoine s'affichant automatiquement sur le cadran de la montre.

C'est la connexion avec un smartphone qui donne tout son intérêt à la Moto 360. Nous avons utilisé notre unité de test avec un Moto G de première génération. Le jumelage et les premiers pas n'ont rien de franchement encourageants, puisqu'il faut télécharger non seulement l'application Android Wear, mais aussi la dernière version de l'app Google, et dans notre cas une troisième app, Motorola Connect. C'est ce logiciel qui permettra de personnaliser les cadrans de la montre, créer un profil de forme (pour Google Fit), et connaitre la dernière localisation de l'appareil (une information fort utile en cas de perte).

Cette entrée en matière un peu difficile se double d'une ergonomie confuse. Google ne facilite en effet pas les choses, laissant l'utilisateur partir seul à la découverte des possibilités d'Android Wear… Une fois la connexion établie avec le smartphone, Android Wear prend en effet une autre dimension : l'OS ouvre d'une part l'accès aux fonctions en ligne comme la reconnaissance vocale, l'envoi de SMS ou de courriels, le calcul et l'affichage d'itinéraires, mais aussi les fameuses notifications Google Now qui sont censées s'afficher au moment le plus opportun. Cela fonctionnera d'autant mieux si l'utilisateur se sert régulièrement des services de Google, qui analysent les données personnelles.

Motorola a mis en ligne un guide/FAQ (uniquement en anglais, hélas) qui permet de se faire la main, si on ose dire, et de saisir les rudiments du système d'exploitation : c'est par exemple le cas pour les mouvements de doigts qu'il est possible d'accomplir. L'accès aux cartes Google Now s'effectue d'un geste du bas vers le haut, tandis que l'on accède aux différentes options d'une carte donnée en glissant de droite à gauche — mais il est aussi possible de basculer d'une carte à une autre en glissant de gauche à droite… Autant dire qu'on se perd très vite dans l'arborescence de l'interface, sans compter que parfois plus rien ne s'affiche malgré des gestes rageurs sur l'écran ! Un appui sur le bouton physique de la montre permet alors de retrouver l'heure.

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Un dernier irritant pour la route : Android Wear n'est pas adapté à une consultation sur un écran rond. C'est vraiment, mais alors vraiment ballot car la Moto 360 tire tout son intérêt de son design circulaire; il n'est ainsi pas rare de voir des mots tronqués sur certaines notifications. Espérons que Google corrige rapidement ce problème vraiment idiot qui dégrade franchement l'expérience utilisateur.

Une fois les premiers pas (et une certaine confusion) passés, il faut cependant avouer que la Moto 360 est un produit intéressant à plus d'un titre : par son design évidemment, mais également pour la vie qu'il faut inventer autour. Il est clair qu'Android Wear, tout comme le jumelage avec Android, nécessitent encore beaucoup de travail et de peaufinage pour parvenir à la facilité d'usage et au niveau d'intégration que l'on attend avec l'Apple Watch (espérons que nous ne serons pas déçus !).

Pour conclure

La Moto 360 est la première montre connectée, toutes plateformes confondues, que l'on peut porter sans honte de passer pour le geek de service. Bien sûr, il faut aimer les toquantes épaisses, et les petits poignets ne seront pas forcément les plus à l'aise. Mais saluons Motorola qui a été le premier constructeur à avoir compris qu'une montre était d'abord un objet que l'on prend plaisir à porter, avant d'être un objet utilitaire.

Il n'en reste pas moins que passés les premiers contacts enthousiastes, l'utilisateur n'aura pas fini de se gratter la tête devant l'ergonomie discutable d'Android Wear, les notifications tronquées, les cartes Google Now qui apparaissent au petit bonheur la chance, et globalement, sur l'usage général de cette montre — hormis l'affichage de l'heure.

L'avantage de la Moto 360 (ainsi que des autres montres Android Wear), c'est que Google a toute latitude pour améliorer son logiciel. Et les centaines d'applications déjà disponibles sur le Play Store (pas toutes indispensables ni bien pensées, certes) permettent d'imaginer des utilisations originales qui rendront le poignet un peu plus intelligent. En attendant, les premiers pas de cette révolution sont encore difficiles, mais un peu plus jolis.

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