La ville sous-marine de Rapture, utopie démente bâtie par un milliardaire mégalomaniaque désireux de s'affranchir de la morale du monde extérieur, a bien mal tourné. Un événement a transformé en cauchemar ce qui aurait dû apparaître comme un paradis sur Terre, enfin, sous Terre…
Jack, le héros incarné par le joueur, est le seul survivant d'un crash d'avion tout près de la tour d'entrée de Rapture. Ses aventures au sein de la cité vont laisser des traces : non seulement il va découvrir l'effroyable destinée de Rapture et de ses habitants, mais également se rendre compte petit à petit qu'il est peut-être plus impliqué qu'il y paraît…
Sorti en août 2007 sur Xbox 360 et Windows, Bioshock a fait l'effet d'une bombe sur les joueurs de l'époque. Plus encore que l'action à proprement parler, les développeurs de 2K Games ont particulièrement soigné le scénario et l'ambiance du jeu. On ne revient pas indemne de Rapture, mégalopole sous-marine à l'architecture évoquant l'Art Déco et le steampunk où, au milieu des morts-vivants, les petites sœurs et leurs Big Daddy incarnent des personnages plus tragiques qu'ils n'en ont l'air. De fait, au delà de l'aspect purement bourrin, Bioshock questionne aussi le joueur sur ses choix moraux tout au long de son chemin de croix dans Rapture.
Bonne nouvelle : tout cela, l'atmosphère, le questionnement moral, les petites sœurs, l'ambiance poisseuse… On le retrouve dans l'adaptation mobile du chef d'œuvre. Mais il faudra accepter des graphismes indignes même de la version de 2007. Textures sans éclat, finition à la truelle (aliasing), effets délavés (un comble pour un jeu qui se passe sous l'eau)… Si on devine la magnificence de Rapture derrière les décors grossiers du jeu, on est loin du compte et l'immersion en prend un sacré coup.
C'est là la rançon à payer pour pouvoir jouer au jeu complet. Il pèse 1,65 Go sur iOS (où Apple pose la limite à 2 Go pour une app) et 7,6 Go sur OS X. On le comprend bien, mais dans des genres différents, d'autres titres ont su tirer au maximum profit des capacités graphiques des terminaux iOS, d'Infinity Blade à Dark Meadow en passant par Horn. Ces jeux ont en commun de fonctionner avec le moteur Unreal Engine, tout comme Bioshock. 2K Games n'a pas su, pu ou voulu profiter des performances offertes par la technologie d'Epic.
L'autre écueil de Bioshock est commun avec la plupart des jeux de tir à la première personne sur iOS. Les commandes tactiles ne sont pas particulièrement efficaces. Les développeurs ont réalisé un certain effort d'adaptation et d'optimisation pour accommoder les joueurs mobiles, mais cela reste pâle en comparaison d'une « vraie » manette ou d'un combo clavier/souris. Néanmoins, il aurait fallu aller plus loin dans l'optimisation pour iOS. Les boutons restent trop nombreux à l'écran, et il est parfois difficile de passer d'une arme à une autre, ou de recharger la jauge de vie, par exemple.
Le temps passé à chercher les boutons se réalise au détriment de l'action à l'écran et empêche le joueur de complètement s'abandonner au jeu. Sans compter que sur le petit écran d'un iPhone, l'interface prend beaucoup de place (et il n'est pas possible de réorganiser l'emplacement des différents boutons).
Fidèle à son modèle économique, 2K Games reprend la formule héritée d'XCOM: Enemy Unknown : Bioshock est donc un jeu cher (13,99 euros) mais « sans compromis », du moins en matière de contenu offert car comme on l'a vu, le moteur graphique a sérieusement souffert du passage du grand au petit écran. De fait, Bioshock ne souffre pas des écueils du jeu mobile gratuit ou peu cher d'aujourd'hui : pas de minuteurs, pas de micro-paiements.
XCOM obéit aux même principes (même s'il a vu son prix baisser depuis), et si l'on pouvait reprocher à ce dernier des graphismes pas vraiment folichons, les stratégies à mettre en œuvre représentaient tout l'intérêt du titre. Pour Bioshock, c'est l'atmosphère qui prime et malheureusement, celle-ci n'a guère été soignée. On était même prêt à accepter de télécharger le jeu par épisode si cela avait permis de contourner la limite des 2 Go maximum de données par application, et d'améliorer les textures et les graphismes.
La marche était haute pour les développeurs de 2K Games. En 2007 sur Xbox, Bioshock était un jeu d'exception. Aujourd'hui en 2014 sur iOS, Bioshock est simplement un bon jeu, qui ressemble parfois à l'ombre du chef d'œuvre qu'il a été sur d'autres plateformes. Une ombre qui reste malgré tout suffisamment large pour attirer les joueurs en quête de sensations fortes…