Le Smart Body Analyser WS-50 de Withings n’est pas qu’une jolie balance à 150 € avec un nom à rallonge. En plus de vous peser, elle est capable de mesurer votre masse grasse, votre rythme cardiaque et la qualité de l’air que vous respirez, et d’envoyer toutes les données sur votre iPhone et en ligne. Le fait-elle bien ? Est-ce vraiment utile ? La réponse dans notre test.
Une jolie balance… à 150 €
Très honnêtement, des balances à 50 € sont aussi bien finies que le Smart Body Analyser WS-50 — on citera au hasard le Fitness Coach de Terraillon, et pas uniquement parce qu’il lui ressemble. Cela ne veut pas dire que la balance de Withings est de mauvaise qualité, loin de là. Mais ce n’est pas là-dessus qu’on la jugera.
Son plateau en verre de 36 cm de côté est facile à nettoyer, son grand écran est parfaitement lisible, et Withings fournit des pieds pour une utilisation sur moquette et les quatre piles LR03 nécessaires à son démarrage. Des piles qui lui offrent une excellente autonomie, bien que la balance embarque une puce Wi-Fi, une puce Bluetooth et divers capteurs — après trois mois d’utilisation, les piles de notre exemplaire ont encore 76 % de leur charge.
Le paramétrage n’est pas difficile, même s’il est quelque peu fastidieux. Si vous disposez d’un réseau Wi-Fi, le Smart Body Analyser WS-50 pourra s’y connecter et directement envoyer les mesures aux serveurs de Withings. Sinon, il se synchronisera avec votre appareil iOS ou Android en Bluetooth. Dans les deux cas, il faut créer un profil d’utilisateur, mais la balance peut gérer toute une famille : elle reconnaît jusqu’à huit utilisateurs. Cette reconnaissance s’effectuant essentiellement par le poids, la balance peut se tromper si deux personnes ont le même poids et un profil similaire.
On peut attribuer la mesure au bon utilisateur dans l’application Compagnon Santé de Withings — application qui, par défaut, regroupe tous les utilisateurs dans un seul compte. Chaque utilisateur dispose de paramètres de confidentialité, mais on aurait préféré que Withings demande par défaut de créer des comptes séparés : c’est un peu plus compliqué certes (quoique), mais cela éviterait tout problème.
Une balance qui mesure la qualité de l’air
Autre moyen d’attribuer la mesure au bon utilisateur en cas de confusion : se pencher à droite ou à gauche, sur la balance, pour faire défiler les profils. Le Smart Body Analyser WS-50 est en effet capable de juger de la position de l’utilisateur grâce à des capteurs, une fonction nommée Position Control. Lors de la pesée, de petites flèches apparaissent sur l’écran si l’on penche trop d’un côté ou de l’autre, ce qui peut fausser la mesure. Le poids est mesuré à l’aide de quatre capteurs et donné à 100 grammes près (avec un minimum de 9 kg et un maximum de 180 kg).
Après votre poids, c’est votre masse grasse qui est mesurée, du moins si vous ne descendez pas de la balance avant. Pour ce faire, le Smart Body Analyser WS-50 envoie un courant sinusoïdal de très faible intensité et de haute fréquence à travers votre corps. Le tissu adipeux étant moins conducteur d’électricité que le tissu musculaire, la mesure de l’impédance, autrement dit l’opposition de votre corps à ce courant, permet d’estimer votre masse grasse. Ce courant est trop faible pour être senti, mais il est tout de même déconseillé aux personnes portant un pacemaker et aux femmes enceintes d’utiliser le Smart Body Analyser WS-50.
L’impédancemètre est un composant désormais répandu dans les balances, mais il faut bien être conscient qu’il n’est pas toujours parfaitement fiable. Selon que vous portiez des chaussettes ou pas et que vous ayez les pieds humides ou pas, les résultats varieront de quelques pour cent. Sur le long terme, la tendance des mesures donnera une bonne indication, mais il ne faudra pas forcément avoir l’œil sur le détail des relevés quotidiens.
Dernière mesure, celle du rythme cardiaque. Lorsque le Smart Body Analyser WS-50 parvient à le mesurer, il donne un résultat identique ou très proche de celui obtenu dans le même temps avec une ceinture pectorale Polar. Lorsqu’il y parvient : il a tendance à refuser de prendre la mesure s’il a le moindre « doute ». Withings fait là un excellent choix, celui de préserver la cohérence des mesures sur le long terme — même si, là encore, on pourrait espérer que la balance mesure toujours parfaitement.
Ces mesures effectuées, le Smart Body Analyser WS-50 affiche la température de la pièce (en °C) et la qualité de l’air (en ppm de CO₂), relevées toutes les demi-heures. Withings justifie cette fonction en expliquant qu’« une forte concentration de dioxyde de carbone indique que votre maison n’est pas assez aérée. » C’est vrai, et ce paramètre environnemental ne manque pas d’intérêt : « à des niveaux très élevés, le dioxyde de carbone peut nuire à la qualité du sommeil, causer des maux de tête et même des problèmes de santé bien plus graves. » Mais Withings ne le lie pas suffisamment avec les autres mesures pour qu’il soit réellement pertinent.
Un compagnon santé
C’est d’autant plus flagrant que l’application et le site Withings font un excellent travail de mise en perspective des mesures. L’affichage est aussi concis ou précis qu’on le souhaite, et peut être entièrement personnalisé. Mais ce simple relevé n’est pas suffisant pour justifier l’achat du Smart Body Analyser WS-50 : une bête balance et un classeur Excel font le même travail.
C’est l’intégration à d’autres applications qui fait tout l’intérêt de cette balance : le Compagnon Santé peut récupérer les données d’applications comme MyFitnessPal ou RunKeeper, et vice-versa. On peut ainsi vraiment comprendre comment l’alimentation et l’activité influent non seulement sur le poids, mais aussi la manière dont on le perd ou on le prend (gras ou muscle) et sur la capacité cardiaque. Le Compagnon Santé manque sans doute d’outils de visualisation, mais c’est déjà pas mal : Withings a au moins l’intelligence de proposer une API et de permettre ce genre d’intégrations.
Évidemment, le fabricant français pousse ainsi ses propres produits : après la balance WS-50, on peut acheter le tensiomètre BP-801 pour compléter les mesures cardiaques, et le traqueur Pulse pour obtenir des mesures plus précises d’activité et suivre son sommeil. Le tout forme il est vrai un ensemble cohérent et Withings est sans doute la première société à proposer un véritable écosystème de produits connectés communiquant ensemble.
Mais le fabricant permet aussi de récupérer les données de la balance si l’on utilise un Jawbone Up ou un traqueur Fitbit : on peut s’enfermer dans son écosystème, mais on n’y est pas obligé. On doute que ce genre d’intégration survive à la bataille qui s’annonce dans le domaine du quantified-self, mais on ne peut que la saluer en attendant : ces objets séparés peuvent alimenter une base commune et y puiser, fournir un jeu cohérent de données à partir desquelles on peut agir (ou plutôt un médecin pourra le faire, puisqu’on peut les lui transmettre par e-mail).
Pour conclure
Bien entendu, le Smart Body Analyser WS-50 ne remplace pas la volonté de changer d’hygiène de vie ou les conseils d’un docteur. Mais si on a déjà tout ça, c’est un outil très pertinent et de bonne qualité, malgré quelques imprécisions ponctuelles. Non, le Smart Body Analyser WS-50 de Withings n’est pas qu’une jolie balance à 150 € avec un nom à rallonge. Et c’est mon toubib qui le dit.