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Test de l'iPad 4

Anthony Nelzin-Santos

mercredi 07 novembre 2012 à 18:15 • 10

Matériel

L'iPad 4 ressemble comme deux gouttes d'eau à l'iPad 3 et à l'iPad 2 avant lui, sans modification majeure pour faire parler de lui. Pas étonnant donc qu'il ait été complètement éclipsé par l'iPad mini ! Ses nouveautés sont discrètes sur le papier, mais peuvent avoir un impact pratique énorme. Qu'apportent-elles vraiment ? La réponse dans notre test.

Serez-vous capable de deviner lequel de ces deux iPad est un iPad 4 ?

Sommaire
  1. Un iPad 3 de deuxième génération
  2. Un iPad 3 dopé à l'A6X
  3. Un iPad plus agréable à utiliser
  4. Conclusion et conseils d'achat

Un iPad 3 de deuxième génération

Il y avait le « nouvel iPad », il y a maintenant l'« iPad avec écran Retina ». Avec ce nouveau modèle, Apple clarifie (un peu) sa gamme, composée de l'iPad mini, de l'iPad, et de ce « nouvel iPad avec écran Retina ». Il s'agit en fait d'une mise à jour silencieuse, absolument pas mise en avant par Apple.

De fait, on serait bien en peine de distinguer un iPad de troisième génération d'un iPad de quatrième génération au premier coup d'œil. Il est toujours disponible en noir ou en blanc avec un dos en aluminium percé d'une fenêtre RF sur le modèle Wi-Fi + Cellular. Il mesure toujours 24,1 cm sur 18,5 cm pour 9,4 mm d'épaisseur et un peu plus de 650 grammes sur la balance. Et il utilise toujours un superbe écran Retina de 9,7" (2 048x1 536 px, 264 ppp).

Qualités et défauts sont donc les mêmes. Fin et léger pour une tablette 10", l'iPad est toujours aussi bien fini et dégage toujours une certaine impression de classe. Ses boutons, quoiqu'en plastique, sont bien placés et agréables au toucher. Son écran est tout simplement superbe, et s'il est désormais rattrapé par la concurrence en matière de définition, il continue à mener en matière de colorimétrie (il couvre 99 % de l'espace sRGB) grâce à un bon équilibre entre luminosité, contraste et saturation.

iPad

Bref, on ne change pas une formule qui gagne ? C'est peut-être le problème de cette mise à jour qui a tout d'une évolution intermédiaire en attendant mieux. L'écran fait toujours office de miroir d'appoint (la dalle de verre le protégeant n'y est pas collée) et son revêtement censé être oléophobe attire toujours autant les traces de doigts (la colorimétrie et la définition, sous le gras…) L'iPad conserve son côté très industriel, un peu froid, là où l'iPhone 5 ou l'iPad mini ont acquis une finition bijou avec leurs bords chanfreinés finis brillant.

La finesse a ses inconvénients, comme les coins et bords qui ont tendance à marquer et ont forcé Apple comme plusieurs accessoiristes à revoir leurs protections pour éviter tout problème. L'iPad reste parfois désagréable à tenir, du fait de sa finesse extrême, du profil de ses bords et de son poids, une impression renforcée par la présentation de l'iPad mini.

Alors que l'iPhone 5 se démonte très facilement et que son écran comme sa batterie peuvent être aisément remplacés, l'iPad est toujours un produit fermé et jetable. Apple vante sa construction « verre et aluminium » recyclable, mais ces deux matériaux sont assemblés de telle sorte que leur valorisation est pour ainsi dire impossible. On comprend les impératifs industriels qui dictent les choix d'Apple, mais le double langage que tient la firme de Cupertino sur ce sujet est toujours aussi gênant.

Un iPad 3 dopé à l'A6X

L'iPad 4 s'impose donc comme une mise à jour d'étape. Sa seule modification extérieure est la présence du port Lightning… et Apple n'en a même pas profité pour utiliser l'espace libéré à l'intérieur. Il faudra sans doute attendre le prochain modèle pour trouver des différences plus profondes, mais il convient tout de même d'expliquer pourquoi Apple a procédé à cette mise à jour à contretemps, seulement huit mois après le précédent modèle.

iPad 4 en dessous, iPad 3 au-dessus. Apple n'a pas profité de l'espace libéré par le port Lightning pour caser un deuxième haut-parleur. Image (cc) iFixit

L'A5X de l'iPad 3 et l'A5 de l'iPad 2 sont des puces assez comparables du point de vue de leur processeur bicœur cadencé à 1 GHz. Elles se distinguent très nettement sur le plan graphique : alors que l'iPad 2 se contente d'une puce PowerVR SGX 543MP2, l'iPad 3 utilisait une puce PowerVR SGX 543MP4 à quatre cœurs, comme la PS Vita. Grâce à cette puce et sa dotation mémoire doublée, l'iPad 3 n'a jamais démérité, bien au contraire. Mais à cause de son écran Retina qui affiche quatre fois plus de pixels, il n'a jamais été vraiment beaucoup plus impressionnant que l'iPad 2.

Apple n'avait sans doute pas le choix que de sortir un iPad avec écran Retina à l'époque pour enfoncer le clou, sans être particulièrement servie du côté des puces (on retrouve le même problème sur les MacBook Pro Retina). Elle n'a aujourd'hui sans doute pas le choix que de mettre à jour l'iPad pour lui donner un second souffle face à une concurrence plus agressive (on pense notamment à la Nexus 10). Cette fois avec des puces à la hauteur de son écran Retina.

L'Apple A6X. Image Chipworks.

Gravé en 32 nm, l'A6X est 30 % plus grand que l'A6 de l'iPhone 5, mais un peu plus petit que l'A5X de l'iPad 3 : 123 mm2 contre respectivement 94 mm2 en 32 nm et 163 mm2 en 45 nm. Comme l'explique Chipworks, cette surface supplémentaire n'est pas utilisée par la partie processeur : conçue par Apple pour l'A6, elle a nécessité beaucoup de travail et n'a ici pas été revue. Car oui, iPhone 5 et iPad 4 possèdent le même processeur bicœur, à ceci près que celui de l'iPad 4 peut atteindre 1,4 GHz, contre 1,3 GHz pour l'iPhone 5.

La carte-mère de l'iPad 4. Image iFixit.

La place occupée par l'Apple A6X est mise à profit par la nouvelle partie graphique de chez Imagination Technologies, la PowerVR SGX 554MP4 : les quatre cœurs graphiques occupent pas moins de 18,6 mm2 supplémentaires. Les données théoriques sont parlantes : à 300 MHz, la puce graphique de l'iPad 2 peut calculer 19,2 GFLOPS, celle de l'iPad 3 38,4 GLOPS, celle de l'iPhone 5 28,8 GFLOPS… et celle de l'iPad 4 pas moins de 76,8 GFLOPS.

Les tests bruts confirment : l'iPad 4 écrase tout sur son passage. SunSpider et Geekbench permettent d'éprouver le processeur : alors que l'iPad mini, l'iPad 2 et l'iPad 3 jouaient dans la même cour et que l'iPhone 5 avait marqué une forte progression, l'iPad 4 est loin devant. Les tests mémoire montrent aussi le travail accompli par Apple en la matière. Les tests graphiques réalisés avec GLBenchmark sont aussi en faveur de l'iPad 4, qui affiche deux fois plus d'images par seconde que ses prédécesseurs et rivalise avec l'iPhone 5 qui doit afficher beaucoup moins de pixels.

Un iPad plus agréable à utiliser

Comment se traduisent ces performances dans les tâches quotidiennes ? L'iPad 4 est tout simplement plus agréable à utiliser. On remarque d'abord qu'alors que l'iPad 3 avait tendance à être toujours tiède, l'iPad 4 ne l'est jamais en conditions normales. Après plusieurs heures d'utilisation d'AirPlay ou plusieurs dizaines de minutes de jeu ou de tests graphiques très intensifs, l'iPad 3 pouvait présenter un point brûlant au niveau de l'A5X. Dans ces conditions, l'iPad 4 est à peine tiède sans housse, un peu plus avec une protection qui empêche une dissipation optimale.

Le surplus de puissance a un effet direct sur la rapidité générale des opérations. Il faut par exemple 27 secondes à un iPad 3 pour démarrer, presque 24 secondes pour un iPad mini. 20 secondes après avoir appuyé sur le bouton de démarrage, l'iPad 4 est opérationnel. Les applications sont plus rapides à se lancer, notamment les plus lourdes. Les ralentissements qui pouvaient survenir sur iPad 3, notamment lors de l'apparition d'une notification dans une application lourde comme un jeu, sont de mauvais souvenirs.

Les différences sont encore difficilement perceptibles, car beaucoup de développeurs sont assez conservateurs dans leur utilisation des ressources. Mais elles deviennent flagrantes dans des applications optimisées, notamment dès que les graphismes sont sollicités. Le meilleur exemple est sans doute fourni par les premiers jeux optimisés, comme ceux de Gameloft. Asphalt 7, par exemple, se charge (beaucoup) plus vite et est désormais exempt de tout ralentissement. Les textures sont plus riches, les reflets plus nombreux, bref, le jeu est plus beau.

iPad 3 à gauche, iPad 4 à droite (cliquez pour agrandir). Les textures sont plus détaillées (plantes, goudron), les détails fourmillent çà et là, les reflets sont plus nombreux. On retrouve la même différence sur Need for Speed: Most Wanted ou Infinity Blade II par exemple.

L'écart théorique entre l'iPad 4 et ses prédécesseurs ne fera que s'accentuer en pratique dans les mois à venir, à mesure que les développeurs de jeux ou d'applications ambitieuses profiteront de l'A6X. Il devrait rester néanmoins plus limité dans les applications plus légères, d'autant que leurs développeurs prendront là plus de précautions à ne pas étouffer l'iPad mini. Si vous avez donc un iPad 3, vous devriez rester dans le coup jusqu'à la prochaine génération. Mais le progrès est clairement non pas en marche, mais à la course.

Cette débauche de puissance n'a pour ainsi dire pas d'impact sur l'autonomie. Dans notre test de lecture en boucle de vidéos avec le son et la luminosité réglés à 50 %, le Wi-Fi actif avec la relève des mails toutes les 15 minutes, l'iPad 4 a tenu 13h00, un petit quart d'heure de moins de son prédécesseur. En usage courant, il a fallu forcer (lecture et rédaction de longs textes, lecture d'un film HD et de plusieurs vidéos YouTube, plusieurs séances de jeu) pour vider la batterie en moins d'un week-end.

Tout change mais rien ne change, donc ? Pas sur la recharge, et heureusement ! Apple est passé d'une batterie 25 Wh / 6944 mAh sur l'iPad 2 à une batterie 42 Wh / 11 666 mAh sur l'iPad 3 en gardant le même chargeur 10 W. Alors qu'il faut 4 h 30 pour recharger un iPad 2, il faut ainsi pas moins de 6 h, et souvent plus, pour recharger un iPad 3. L'iPad 4 est livré avec un chargeur 12 W pour une batterie 43 Wh / 11 500 mAh. On en revient donc à des temps de recharge plus raisonnables, autour de 4 h 30. Il sera malheureusement toujours aussi long de charger l'iPad 4 avec un ordinateur ou un chargeur USB standard (5 W au mieux), quand il ne continuera pas à se décharger sur ces sources.

Appareil par essence connecté, l'iPad 4 progresse aussi sur ce front : il est compatible avec les réseaux Wi-Fi 802.11n 2,4 et 5 GHz et prend en charge l'agrégation de liens. Apple promet des débits doublés, on n'en est loin en pratique ; mais la différence est tout de même sensible. Dans nos locaux morcelés par plusieurs cloisons et où de très nombreux réseaux se concurrencent, les gains par rapport à l'iPad 3 sont d'environ 15 %, et d'environ 10 % par rapport à l'iPad mini. Plus petit et moins sensible, l'iPhone 5 affichait pendant nos tests des débits environ deux fois inférieurs à ceux de l'iPad 4.

Dernier point participant à l'amélioration globale de l'iPad 4, ses capteurs photo — un capteur 1,2 Mpx / HD 720p à l'avant (« FaceTime HD ») et un capteur 5 Mpx / HD 1080p à l'arrière (« iSight »). Certains considèrent cette fonction comme accessoire sur une tablette : c'est oublier que le meilleur appareil photo est celui que l'on a sur soi, et que parfois, c'est celui de l'iPad. La prise de clichés peut aussi servir pour l'insertion dans des notes ou à des fins de référence. Le capteur arrière ne change pas et est toujours du niveau de celui de l'iPhone 4, mais la webcam passe à la HD : elle tire moins sur le rouge et est de meilleure qualité, sans que son piqué ne soit remarquable. Elle sera donc utile pour FaceTime, sans plus.

Pour conclure

Porsche a sa 911, Leica sa série M. Apple procède de la même manière, par petites touches, pour faire évoluer ses produits itération après itération, redéfinissant subtilement leur concept en chemin. Hors des contraintes du temps et de la concurrence, qui ne semblent pas avoir de prise sur l'iPad, Apple a ajusté les lignes du concept comme on dégrossit une sculpture pour approcher de l'œuvre — du chef-d'œuvre.

Ainsi concluions-nous notre test de l'iPad 3, et ainsi conclurons nous notre test de l'iPad 4. On peut lui reprocher encore quelques petits détails, mais c'est aujourd'hui la tablette 10" la plus cohérente du marché. Cette mise à jour intermédiaire permet à Apple de régler les problèmes de l'iPad 3 et de se positionner efficacement face à une concurrence qui peine à se faire connaître, mais dont certains représentants ne manquent pas d'intérêt (Nexus 10, gamme Transformer d'Asus…).

S'il fallait pointer des défauts flagrants, on parlerait sans doute du prix parfaitement délirant du stockage, uniquement destiné à augmenter la marge d'Apple (puisqu'il n'est pas proportionnel : 100 € les 16 Go supplémentaires sur le modèle 32 Go, 100 € les 32 Go supplémentaires sur le modèle 64 Go). En comparaison, Amazon et Google sont beaucoup moins gourmands. Et un jour, peut-être, Apple proposera 128 Go de stockage sur ses appareils dont les applications ont doublé de poids en un an et qui lisent des vidéos en HD 1080p…

Réponse : l'iPad blanc est un iPad 4. Ne vous fiez pas à horloge en retard, il est vraiment plus rapide.

Si le matériel, affiné chaque année, est désormais presque parfait, iOS, lui, n'évolue pas. Il convient certes tout à fait à la très grande majorité des utilisateurs, mais reste en retrait sur des points importants pour toute une frange du public d'Apple. Son apparence générale accuse le poids des ans et n'est pas toujours très cohérente et le système des notifications et celui du multitâche gagneraient à être améliorés — d'autant qu'Android comme Windows avancent vite sur ces terrains. Il faut bien qu'Apple ait quelque chose à faire en 2013.

Conseils d'achat
  1. Vous avez un iPad ou un iPad 2 : l'iPad 4 représente un véritable bond en avant qui peut justifier son achat, surtout si vous attendiez avant de passer à l'écran Retina. Si vous avez un iPad 3, le passage à l'iPad 4 ne se justifie pas vraiment : l'iPad 3 restera dans le coup au moins jusqu'à la prochaine génération.
  2. Apple fait payer très cher le stockage de l'iPad. Pour beaucoup, 16 Go suffiront, mais on commence à se sentir à l'étroit dans cette capacité pas franchement raccord avec les apps adaptées à l'écran Retina et les films HD 1080p. La version 64 Go est à vrai dire hors de prix, même s'il attirera les plus gros utilisateurs (beaucoup de jeux et/ou de vidéos et/ou photos) : le modèle 32 Go représente aujourd'hui un bon compromis, même si l'on pourrait souhaiter qu'Apple soit moins pingre en la matière.

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