En tant qu'évolution radicale, le nouvel Apple TV se pose là. Montré à la presse comme "iTV" fin 2006, il est devenu Apple TV début 2007, il contenait un disque dur de 40 Go et coûtait 300$. La dernière incarnation de sa précédente génération a fini sa route avec 160 Go pour 229$.
Trois ans et demi plus tard, le prix a donc chuté à 99$ (119 €) et le concept a été remis à plat. Plus de disque dur pour stocker des fichiers. Les photos, musiques et vidéos transitent obligatoirement par streaming. Reçues depuis un ordinateur, depuis le réseau et prochainement depuis un iPad, iPhone ou iPod touch avec iOS 4.2.
Le nouvel Apple TV a fondu et il tient la main, alors que le précédent modèle avait grosso modo la taille d'un boîtier ADSL. Le régime a porté sur le disque dur, supprimé au profit de 8 Go de mémoire flash, et sur une connectique plus ramassée.
On dispose d'une sortie HDMI pour l'audio et la vidéo (le câble est en option). Si votre téléviseur n'est pas équipé, point de salut. On a ensuite un port Ethernet, un port micro-USB (mais réservé aux tâches de maintenance), une sortie audio optique et de la prise d'alimentation (le bloc d'alimentation est toujours logé à l'intérieur). Pas de bouton de mise en marche, mais un délai de mise en veille réglable et on réveille le boitier d'une pression sur un bouton de sa télécommande.
Le tout est en plastique et se calera gentiment dans un coin près de la télévision. Il ne fait aucun bruit (pas de pièce mécanique) et il chauffe à peine.
Une télécommande est fournie, le modèle aluminium, plus confortable en main que l'ancienne petite Apple Remote blanche. Enfin, l'Apple TV 2010 utilise la puce A4 des iPhone et iPad ainsi qu'une variante d'iOS comme système d'exploitation.
Une fois branchée, la connexion en Wi-Fi à notre box s'est faite sans aucun problème, on est guidé au fil d'une poignée de menus que l'on parcourt avec la télécommande. Lorsque l'on doit entrer des mots de passe, un clavier s'affiche à l'écran. Son utilisation est plus laborieuse, mais on verra plus loin qu'on peut s'y prendre plus simplement, moyennant un iPhone ou un iPad.
Le mode d'entrée des infos sur l'Apple TV
L'interface n'a guère bougé depuis la refonte d'il y a un an. Tout au plus Apple a réorganisé les menus et leurs contenus. Ils sont au nombre de quatre : Films, Internet, Ordinateurs et Réglages.
Le premier, "Films" donne accès aux longs métrages en location sur iTunes ainsi qu'aux bandes-annonces américaines que l'on trouve déjà via Front Row sur son Mac ou chez Apple.
L'écran d'accueil
Le choix est donné entre des locations HD (si le film n'est pas trop ancien) ou SD. Les séries TV en sont exclues. En France, elles ne peuvent être qu'achetées, et puisque l'Apple TV ne peut plus rien stocker à demeure, il n'y a plus aucun moyen de les y déposer. En revanche, toute série achetée depuis son Mac ou son iPhone sur iTunes peut être diffusée en streaming vers l'Apple TV.
Aux États-Unis, les utilisateurs de cet Apple TV ont le choix entre le catalogue de films d'iTunes et celui de Netflix, un incontournable de la location vidéo. En outre, Apple a obtenu que des épisodes de séries soient loués au prix plancher de 0,99$. Même si elle a toute les peines du monde à convaincre l'ensemble des diffuseurs et producteurs américains à la suivre sur ce prix, c'est également une offre dont on est privé chez nous.
Car en France, Netflix n'existe pas et aucun service hexagonal n'est venu le remplacer. On s'en tiendra donc au jeune stock de films en location d'iTunes. Sur ce point, le boîtier d'Apple souffre donc de la comparaison d'avec ce que proposent les boîtiers ADSL. La Freebox par exemple donne accès à plusieurs services de location, dont Canalplay. Citons aussi des contenus télévisés avec par exemple M6 Replay pour revoir des programmes diffusés. Mais rien de tel chez Apple.
On se consolera avec les tarifs parfois plus intéressants chez iTunes. Par exemple, le dernier "Robin des Bois" est en HD à 4,99€ sur l'Apple TV et au même prix, mais en SD sur CanalPlay avec la Freebox. Un "In The Air" (2009, avec Clooney) est loué en HD à 4,99€ sur l'Apple TV et 5,99€ en HD sur CanalPlay. Dans les deux cas, on est en HD 720p et les durées de location sont de 48h. Même si Canalplay oscille entre 24, 48h et (plus rarement) 15 jours selon le film. Dans les deux cas, on a 30 jours pour commencer la lecture de son film. Les titres sont accompagnés des critiques laissés par les spectateurs sur iTunes et des suggestions d'autres oeuvres vous seront faites par la sélection des noms d'acteurs et de réalisateurs.
De façon générale, les nouveautés en HD sont louées 4,99€, ou 3,99€ pour du moins récent et en SD c'est à 3,99€ pour du neuf et 2,99€ pour le reste. Selon les films on aura du Dolby Digital 5.1.
Location à choix réduit
La location proprement dite se fait aisément et la lecture démarre au bout d'une dizaine de secondes. La qualité est au rendez-vous. Les amateurs de contenus en 1080p et de Blu-ray regretteront certainement de s'en tenir à de la "petite" HD (alors que le boîtier est capable de gérer le 1080p), mais l'image diffusée par l'Apple TV est plus que satisfaisante pour le téléspectateur lambda.
La lecture d'un film loué démarre au bout d'une dizaine de secondes - mais cela peut varier selon les performances de la connexion - et il en faut encore moins pour passer d'un chapitre à l'autre et voir le film se recaler sur sa nouvelle position.
Notre film a joué sans anicroche ni saute d'images ou désynchronisation, pendant que dans le même temps il continuait de se charger. Notre configuration était une Freebox V5 (pas d'autre routeur), une connexion Wi-FI 802.11n
Notre connexion
Le film était Robin des Bois dans sa version HD. Nous avons testé sa lecture à plusieurs reprises.
Choix d'un chapitre
Si vous devez interrompre la lecture, à votre retour l'Apple TV se remettra au bon endroit du film après quelques secondes. Un détail annexe, mais néanmoins agaçant, au moment de la location, le choix entre la qualité SD ou HD est impossible. C'est l'un ou l'autre par défaut. Pour en changer, il faut retourner dans les réglages de l'Apple TV.
Le réglage de choix par défaut de la qualité des locations
Un media center complet
Les trois autres menus n'appellent guère de commentaires. Ils assoient le boîtier dans son rôle de media center étroitement lié à iTunes. "Ordinateurs" permet une connexion à un Mac ou à un PC Windows dans la maison et la récupération de ses contenus audio/vidéo d'iTunes 10 et iPhoto (compatible avec les albums, les lieux et les visages). Auparavant ces fichiers étaient stockés sur l'Apple TV, maintenant ils arrivent obligatoirement en streaming, le Mac devant rester allumé.
Les délais d'attente et de connexion sont brefs. Ajoutez un album photos à la liste de ceux pouvant être partagés et l'Apple TV régénèrera immédiatement sa liste. Des photos que l'on peut regarder manuellement ou laisser jouer avec différents diaporamas animés.
La galerie sur MobileMe
L'accès aux musiques d'iTunes
Citons aussi la fonction Genius, offerte pour laisser le Mac composer une liste de lecture à partir d'un morceau. Tout cela fait de l'Apple TV une très bonne passerelle pour lire sur son téléviseur les ressources multimédias de son Mac. Sous réserve, faut-il le rappeler, qu'ils soient lisibles par iTunes ou stockés dans iPhoto. Un film en MPEG-4 oui, un DivX ou un .mkv non…
Suit le menu "Internet". Avec lui on va aller piocher dans les galeries photos de MobileMe ou de Flickr (pas de Picasa) ou le catalogue de vidéos de YouTube. Un regret s'agissant de Flickr, seuls les contenus publics sont accessibles. Impossible de se connecter avec son compte personnel et d'afficher des photos ou clips enregistrés à usage privé. S'ajoutent à cela des radios Internet que l'on pourra écouter en fond sonore, ou pendant la présentation d'une galerie photos.
Lecture d'une galerie MobileMe avec une piste iTunes en fond sonore
Enfin le menu "Réglages" avec les préférences de veille, de contrôle parental (pour limiter l'accès à certains films loués ou aux services contenus dans "Internet"), pour les options de réseau, etc.
AirPlay, la botte secrète
La fonctionnalité la plus originale et la plus attendue est justement celle qui manque encore à l'appel : AirPlay. Une fois iOS 4.2 sorti (il est prévu en novembre) et installé sur un iPhone 3GS/4, touch 2G/3G/4G ou iPad, il sera possible d'envoyer une piste audio, mais surtout une vidéo depuis l'un de ces appareils, directement sur son téléviseur et via l'Apple TV.
Concrètement, vous regardez une vidéo sur votre iPhone, vous arrivez chez vous et d'un tapotement, l'image et le son vont quitter l'écran de l'iPhone pour s'afficher sur le téléviseur. D'autres applications pourront intégrer AirPlay, c'est d'ailleurs le cas déjà avec l'application YouTube. A priori, toute application jouant du contenu audio/vidéo pourra l'envoyer vers le téléviseur (lire AirPlay ouvert à toutes les vidéos en H.264).
La version bêta d'iOS 4.2 offre partiellement cette possibilité. Le son est transmis, mais l'image pas encore. La manipulation est formidablement simple, mais les résultats varient. L'exemple donné dans la vidéo de démo ci-après n'est pas forcément représentatif. ll nous est arrivé que la lecture du son sur le téléviseur soit très hachée ou que l'icône AirPlay n'apparaisse pas. Mais on l'a dit, c'est une bêta.
À terme, en plus des applications, des équipements électroniques pourront être aussi compatibles AirPlay. Des enceintes, pour ne citer qu'elles, pourront recevoir et jouer un flux audio depuis un iPad sans autre forme de procès. Il leur faudra cette licence AirPlay ainsi qu'une connexion Wi-Fi ou Ethernet intégrés. Bowers & Wilkins, Marantz, JBL, iHome ou encore Denon ont déjà dit ok (lire Apple ouvre AirPlay). On pense par exemple à VLC tout juste débarqué sur l'iPad.
iPad et iPhone font télécommande
On l'a dit, une télécommande est livrée, mais les propriétaires d'iPhone/iPod touch et d'iPad apprécieront certainement de la troquer par l'un ou l'autre de ces appareils. Grâce à l'application (gratuite) Remote, le téléphone ou la tablette deviennent des surfaces de contrôle de l'Apple TV (via leur liaison Wi-Fi). Afin de se promener dans les menus, pour lancer une action, piloter la lecture ou saisir une information avec un clavier nettement plus pratique que celui sur la télévision. Tout passe par des gestes, tapotements (pour sélectionner une commande) et boutons.
Remote sur iPhone
Le champ de recherche de Flickr à l'écran…
…mais on entre les mots clefs depuis l'iPad
C'est aussi avec Remote que l'on peut diriger la lecture de flux audio entre plusieurs appareils. Par exemple on va lancer un morceau sur un Mac dans une pièce, un autre morceau ou une vidéo sur son Apple TV (reçue depuis le même Mac) et éventuellement jouer un troisième morceau encore différent sur un second Mac dans la maison.
Sur l'iPad en particulier, l'interface fait qu'on a littéralement l'impression d'avoir iTunes sous les doigts. Précisons qu'ici l'Apple TV ne joue pas un rôle central, Remote n'a pas besoin de lui pour accéder à un Mac. De même que l'on peut, depuis iTunes et un petit menu, envoyer le son vers l'Apple TV. Mais les périphériques Apple sont assez intéressants dans ce rôle de tour de contrôle.
Remote détecte les Mac et Apple TV
L'interface façon iTunes de Remote
A gauche les trois appareils détectés que l'on peut commander indépendamment
La découverte automatique des Mac et Apple TV en présence se fait après avoir activé la fonction Partage à domicile sur chacun d'eux. Une activation qui implique de fournir un identifiant le mot de passe d'un compte iTunes Store.
Une fois fait, sur son iPad ou son iPhone apparaissent les machines détectées et l'Apple TV. Nous avons toutefois rencontré quelques problèmes de perte de connexion de temps à autre avec Remote sur l'iPad alors qu'il se comportait très bien sur l'iPhone.
Un appareil riche de potentiel
En abaissant son prix, Apple a rendu son boîtier nettement plus attractif (même un iPad nano est plus cher). Passée la question du coût, restent les usages. Comme passerelle entre son Mac et son téléviseur, l'Apple TV est excellent. L'intégration est exemplaire, l'interface est élégante, simple d'emploi et l'est encore plus avec Remote et les appareils iOS. On est au milieu d'un écosystème Apple très efficace… si l'on prend en compte l'absence de support de formats vidéo prisés par les amateurs de ciné.
Mais sorti du rôle de média center, les choses deviennent plus compliquées. Le service de location vidéo fonctionne bien, mais sa dépendance exclusive à iTunes limite son intérêt. On pourra tout aussi facilement louer un film avec sa Freebox ou autre box ADSL et en profiter dans des conditions assez similaires. Ici l'Apple TV n'offre pas de valeur ajoutée fondamentale malgré des prix (légèrement) plus intéressants.
Reste l'avenir, et c'est là que pourrait se faire la différence. Avec AirPlay les appareils iOS vont pouvoir diffuser très facilement du contenu vers le téléviseur. Les développeurs ont là un tout nouveau terrain de jeu à leur disposition. Apple, par la voix de Steve Jobs, n'a pas non plus rejeté l'idée de faire entrer des applications de l'App Store sur l'Apple TV. Lorsqu'on voit que l'on peut en commander l'interface depuis son iPad, cela ouvre des perspectives dont on n'imagine peut-être pas encore la portée, tout comme l'arrivée de l'App Store sur iPhone a complètement transformé le téléphone et décuplé ses possibilités (lire aussi L’Apple TV, console masquée ?).
En résumé, l'Apple TV nouvelle génération est un très bon média center pour qui veut profiter de ses contenus iTunes et iPhoto avec, en bonus, un service de location de films pour occuper une soirée de temps à autre. Mais pour les férus de DivX, inutile de s'arrêter.
Pour ceux qui hésitent encore malgré la baisse de prix, les mois à venir et les développements logiciels et matériels permis par l'arrivée d'iOS 4.2 permettront d'y voir plus clair, d'ouvrir le champ d'action du boîtier et de provoquer, peut-être, quelques impulsions d'achat…
Le mode d'entrée des infos sur l'Apple TV
L'écran d'accueil
Notre connexion
Choix d'un chapitre
Le réglage de choix par défaut de la qualité des locations
La galerie sur MobileMe
L'accès aux musiques d'iTunes
Lecture d'une galerie MobileMe avec une piste iTunes en fond sonore
Remote sur iPhone
Le champ de recherche de Flickr à l'écran…
…mais on entre les mots clefs depuis l'iPad
Remote détecte les Mac et Apple TV
L'interface façon iTunes de Remote
A gauche les trois appareils détectés que l'on peut commander indépendamment