Successeur spirituel du Palm Centro, le Palm Pixi représente l’entrée de gamme chez Palm. Très léger (99 grammes), et très fin (11,1 cm x 5,5 cm x 1,08 cm), le Pixi ne fait pas léger, bien au contraire. Alors que sa coque arrière peut être démontée, le mécanisme est très ferme, peut-être un peu trop, mais ne laisse au moins apparaître aucun jeu excessif. Bref, le Pixi est bien fini.
À la manière de l’iPhone, le design du Pixi est relativement épuré : écran tactile et clavier complet sur la face avant, capteur photo (avec flash) et grilles des hauts parleurs (stéréo) au dos.
L’écran tactile est plutôt réactif, même s’il est un peu plus « mou » dans les coins, ce qui a son importance. Avec sa définition de 320x400 pixels, l’écran du Pixi case presque autant de pixels que celui de l’iPhone (320x480 pixels) sur beaucoup moins d’espace (2,63 pouces de diagonale contre 3,5 pouces) : la résolution est donc assez fine, le rendu des textes est très agréable, mais on se sentira parfois à l’étroit, surtout sur Internet. Le rendu colorimétrique est comme toujours trop saturé (mais c’est flatteur), et le matériau recouvrant la face avant du téléphone est un véritable miroir, mais au moins ne retient pas (trop) les traces de doigts.
Entre l’écran et le clavier se trouve une zone de geste, qui ne possède pas de boutons, mais est tactile. C’est la principale zone d’interaction avec le téléphone, assez spacieuse, mais parfois pas assez sensible.
Le clavier est certainement la révélation du Pixi, et son meilleur argument : bien que plutôt petit (à peu près la taille du clavier virtuel de l’iPhone), il est excellent : les touches cliquent fermement avec un son distinctif, ont une course plutôt limitée avec un retour rapide, et un toucher flatteur. Ce clavier ne possède pas une cinquième rangée avec des chiffres, mais le système pour convoquer les caractères accentués et les chiffres est performant, et l’écran tactile est mis à contribution pour convoquer les caractères spéciaux. Encore une fois, Palm propose un clavier physique non pas simplement convaincant, mais réellement utile : habitués des BlackBerry ou des smartphones Nokia comme du clavier virtuel de l’iPhone, nous avons été plutôt bluffés par ce clavier. Le seul petit souci sera logiciel, puisqu’aucun système de correction orthographique n’est prévu dans le système, mais les fautes sont rares avec ce clavier.
Le capteur photo ne sera qu’un capteur d’appoint : à des performances très modestes (2 MP) s’ajoute un traitement logiciel qui n’arrange rien, les images étant très bruitées même en pleine lumière. Au moins le flash est-il utile, avec des LED puissantes et bien blanches. Le mode vidéo est limité à une définition de 480x320 pixels (c’est peu), mais les vidéos peuvent être traitées de la même manière que sur l’iPhone, et avec une interface très similaire : on peut couper le clip, et l’envoyer directement par courriel ou sur YouTube. Là encore, la fonction est plutôt anecdotique, mais utile.
Quant au système audio, il est stéréo, et plutôt bien spatialisé et relativement puissant — et évidemment sans basses, mais ce n’est pas une surprise sur ce genre d’appareils.
Le haut de l’appareil possède une prise casque classique et un bouton de mise en veille, tandis que le côté droit possède un commutateur pour le mode silencieux, un bouton de réglage de volume, et le clapet protégeant le port USB.
Les boutons de mise en veille et de réglage de volume sont solidaires de la coque arrière : quand on change de coque, on change de boutons. Si ces boutons sont plutôt bien finis sur la coque d’origine, leur matériau est plutôt désagréable sur les coques « Artist Series » : en gomme, ils sont plutôt durs à presser.
Un dos aimanté
Les coques « Artist Series », en plus d’être décorées et disponibles en édition limitée (32 € quand même), sont compatibles avec le Touchstone. Ce gros galet en plastique est un chargeur à induction, c’est-à-dire sans fil, au presque : il faut quand même le relier à une source d’énergie. Le logo Palm sur le Touchstone est aimanté, comme les dos compatibles : il suffit de poser le Pixi (ou le Pre, l’autre téléphone de Palm) dessus pour qu’il se charge.
L’arrière du Touchstone possède un matériau faisant office de ventouse, permettant de suspendre le Touchstone à un mur — mais dès que le Touchstone est sale, celui-ci se décolle… Le Touchstone est plutôt une bonne idée, même s’il ne permet pas la synchronisation. Fourni avec un câble USB supplémentaire et une prise secteur, il est plutôt bien fini, et n'est pas spécialement cher : 60 € avec une coque noire aimantée.
Bref, le Pixi fait solide et bien pensé — mais sur les smartphones, de plus en plus, c’est le logiciel qui fait la différence.
webOS, ça bouge
Pour beaucoup, webOS est aujourd’hui l’alternative la plus aboutie à iPhone OS, même si c’est Android qui s’est imposé de fait face au système d’Apple. Il est vrai que le système est agréable, avec un look différent de celui de l’iPhone OS, mais qui ne jure pas pour autant. À croire que John Rubinstein, en partant d’Apple, a emporté avec lui quelques bonnes idées.
De fait, la prise en main du système a été quasi-immédiate, l’assistant d’installation se chargeant d’apprendre le plus compliqué : l’utilisation de la zone de gestes. Car les Palm utilisent cette zone hors de l’écran pour effectuer des tâches, mécanisme assez élégant. Il suffit ainsi de balayer vers le haut en partant de la zone de geste pour afficher le lanceur, panneau listant toutes vos applications. Un geste de balayage vers le haut plus lent amènera quant à lui un lanceur rapide, qui n’est autre que le « dock » contenant vos quatre applications préférées. Enfin, un geste rapide de la droite vers la gauche permet de revenir en arrière. À chaque mouvement, une petite diode blanche s'allume comme rappel.
Les cartes : poker menteur ?
Si vous êtes dans une application, le geste vers le haut vous propulsera dans la vue par cartes. Les cartes, c’est la métaphore choisie par Palm pour expliquer son mécanisme de multitâches : chaque tâche est une carte, et l’ensemble des tâches actives forment un paquet de cartes. Il suffit de balayer avec le doigt pour passer d’une carte à l’autre, ou de maintenir appuyé pour les réorganiser. Le système est non seulement très élégant, mais très bien pensé : chaque page Web est une carte différente, la rédaction d’un courriel se fait dans une carte différente de celle contenant la boîte de réception, etc.
Si les applications sont un peu plus lentes à se lancer que sous l’iPhone OS, on se retrouve souvent à en laisser quelques-unes d’ouvertes (ici, c’est plutôt courriels, contacts, calendrier, Internet, une ou deux pages Web, et le lecteur musical). Nous n’avons pas constaté de variations particulières d’autonomie selon le nombre de cartes ouvertes : le Pixi tient une bonne journée avec la 3G activée, rien d’exceptionnel. On constate par contre une véritable variation en termes de performances.
Au quotidien, on ouvre vite cinq à sept cartes en moyennes, ce qui ne pose pas de problèmes particuliers : l’ouverture d’applications supplémentaires prend un peu plus de temps (3 ou 4 secondes), mais la manipulation de l’appareil reste fluide. Sur le Pixi, impossible d’ouvrir plus de 13 cartes, quelles que soient les applications utilisées (on peut en ouvrir au maximum 25 en mode avion).
C’est là que les choix de Palm en termes de matériel se ressentent : si le processeur du Pixi a la fréquence de celui du Pre (600 MHz), il n’est qu’un Qualcomm MSM7627, bien moins à l’aise que la plateforme TI OMAP utilisée par le Pre, très semblable à celle de l’iPhone 3GS (ARM Cortex A8 à 600 MHz, PowerVR SGX). De plus, le Pixi dispose de deux fois moins de mémoire que le Pre, avec 256 Mo de RAM contre 512 Mo. Alors que le Pre peut ouvrir 50 applications sans broncher (lire : Palm Pre Plus : du multitâches avec 50 applications !), le Pixi cale beaucoup plus tôt.
Ce ne sera pas un drame au quotidien : on ouvre les quatre ou cinq cartes dont on a besoin, on en ferme une de temps en temps (par un geste vers le haut), sans même s’en rendre compte. Le système de multitâche de webOS est certainement le meilleur que nous avons vu sur les plateformes mobiles, y compris sur iPhone OS 4 : il est réellement utile, bien conçu, et fonctionne sans que l’on y pense… et sans gestionnaire de tâches…
Applications : du bon… et du moins bon
Parmi les applications fournies de base, il faut distinguer le très bon du beaucoup moins bon. Le lecteur musical, par exemple, est une horreur sans nom, la faute à sa lenteur exaspérante. Non seulement on se prend à appuyer et à attendre que le logiciel réagisse (et donc on rappuie, et le logiciel fait donc deux actions, et rebelote), mais encore la zone de gestes est alors paralysée, et pire encore, le mécanisme des cartes s’enraye, le système devient lent — et la lecture de musique se coupe le temps que le Pixi reprenne son souffle.
Le comportement de cette application est en fait assez aléatoire, et il semble qu’il faille blâmer la gestion de la mémoire : webOS met parfois un peu de temps à libérer la RAM allouée à une application que l’on vient de fermer. Comme le Pixi est limité en RAM, si on lance le lecteur musical pendant ce temps, ça coince. A contrario, une application aussi lourde que Google Maps se révèle très bien conçue, au point que l’on se surprend à la laisser tourner en arrière-plan. La réception GPS du Pixi est excellente, bien meilleure que l’iPhone : lors d’un test de réception dans un train de banlieue, alors que l’iPhone procédait à la réactualisation de la position par bonds, nous situant parfois à quelques kilomètres de la voie, le Pixi réactualisait en quasi-temps réel, en suivant parfaitement la ligne.
Parmi les autres très bonnes idées de webOS, on pourra citer la boîte aux lettres universelle du client mail (qui va enfin arriver dans l’iPhone OS 4), la recherche universelle qui sait chercher sur le Web (si Spotlight pouvait le faire et sur le Mac et sur l’iPhone, ce serait bien), et parmi les très mauvaises idées, cette manie de placer les menus dans les coins de l’écran.
Si cela permet d’économiser de la place, et par exemple de caser un endroit où activer et désactiver Wi-Fi et Bluetooth sans rentrer dans les menus (là encore un point faible de l’iPhone OS), les coins sont aussi la partie de l’écran la plus difficile à taper, et la moins sensible : on se retrouve souvent à taper trois ou quatre fois avant d’arriver à déplier le menu. Il conviendra aussi de mentionner la partie téléphone du Pixi : si le son est très bon en conversation, dans un sens comme dans l’autre, encore faut-il réussir à passer un appel. L’interface de cette partie précise de webOS est à des années-lumières de celle de la même partie dans l’iPhone OS : on aurait aimé trouver une liste de favoris et un accès direct au carnet d’adresses un peu mieux pensé.
Un autre point plutôt désavantageux pour webOS du côté des applications est la pauvreté de l’App Catalog, équivalent de l’App Store à la sauce Palm. Là où Apple propose désormais plus de 200.000 applications, plus ou moins utiles, Palm en propose à peine 2.500, donc seulement un peu plus de 1.000 sont disponibles en France.
Ce nombre ne serait pas un problème si la qualité des applications était au rendez-vous, mais on trouve nombre de doublons ou d’applications pas franchement utiles. Côté applications françaises, on trouvera les grands classiques (Le Monde, Premiere, Sports.fr, la suite d’applications SFR, etc.). Toutes les applications tierces partagent cependant le même défaut : leur interface prend de la place sur l’écran étroit du Pixi, et la plupart ne tirent pas parti du capteur d’orientation pour basculer en mode paysage, bien plus agréable.
La synchronisation avec le Mac : ça coince
Le paiement de ces applications se fait par l’intermédiaire d’un profil Palm, créé au premier démarrage du téléphone, et qui est relié à votre carte bancaire. Mais le profil Palm sert à bien plus, et permet notamment les synchronisations des applications et des paramètres : passer d’un Palm à l’autre ou restaurer un Palm se fait en quelques secondes, quelque chose dont pourrait s’inspirer la concurrence.
Mais c’est bien le seul trait de génie de Palm sur le terrain de la synchronisation : depuis les dernières mises à jour d’iTunes, les Palm ne peuvent plus se synchroniser avec le lecteur d’Apple en se faisant passer pour un iPod.
Si on ne veut pas synchroniser à la main sur Mac, il faut en passer par The Missing Sync, ce qui ajoute une trentaine d’euros à la facture. The Missing Sync à l’originalité de permettre la synchronisation sans fil, ce qui trouvera toute son utilité lors de l’utilisation du Touchstone. Malheureusement, cette synchronisation se limite aux contacts et au calendrier : il faudra donc brancher le Pixi au Mac pour synchroniser les médias, ce qui implique d’ouvrir le clapet protégeant si bien le port micro-USB qu’il est impossible à ouvrir si on n’a pas les ongles longs. La synchronisation est ensuite on ne peut plus simple à effectuer, et est très similaire à celle d’un iPhone dans iTunes. On se demande néanmoins pourquoi diable Palm n’a pas développé son propre outil de synchronisation pour Mac, comme a par exemple fini par le faire RIM pour ses BlackBerry.
L’autre point noir pour le fidèle client des solutions Apple, ce sera la synchronisation avec MobileMe. Si les mails sont très bien supportés (en IMAP et semble-t-il en push, ou presque), les calendriers et les contacts ne le sont pas. On imagine cependant que le client de MobileMe est par définition un utilisateur en puissance de l’iPhone — webOS tire alors son épingle du jeu avec l’intégration très poussée de Google ou de Yahoo! dans le système Synergy.
Le Pixi, téléphone social et sociable
Synergy est certainement la révélation de webOS : ce système est capable de fusionner les informations de vos contacts disséminées entre Gmail, Yahoo!, Facebook, LinkedIn et tout carnet d’adresses synchronisé à la main, sans doublons.
Dans la pratique, cela fonctionne plutôt bien. Une fois notre carnet d’adresses synchronisé depuis le Mac, nous avons ajouté un compte AIM : les informations des contacts AIM ont été fusionnées avec celles du carnet d’adresses de base, sans se mélanger ni les écraser.
Cela requiert évidemment des carnets d’adresses à peu près bien tenus : en ajoutant un compte Google, Gmail ayant la mauvaise habitude d’ajouter tout et n’importe quoi dans son carnet d’adresses, la chose est devenue nettement plus compliquée.
Le système Synergy ne se limite pas qu’aux contacts : il fusionne aussi les calendriers, et s’étend au système de messagerie. On peut ainsi commencer une conversation par SMS, la continuer sur AIM / iChat et revenir au SMS, le tout sans n’avoir jamais changé d’interface, et avec le même système de conversations que sur l’iPhone. Voilà qui fait du Pixi un téléphone social par excellence, surtout avec son très bon clavier.
Si on y ajoute le système de notifications de webOS, on obtient un duo gagnant : pendant que l’on compose un mail, on peut recevoir un SMS sans être gêné par une grosse bulle, comme c’est le cas sur l’iPhone. Le texte du SMS est simplement affiché en bas de l’écran, de manière très discrète. Il suffira de cliquer sur cette zone pour passer dans l’application de messagerie.
Toutes les applications tierces peuvent tirer parti de cette zone de notifications en bas de l’écran : ajoutez le client Facebook et un client Twitter comme TweetMe, voire un lecteur de flux RSS comme Feeds, et vous obtenez un téléphone ultra-connecté, mais qui ne passe pas son temps à vibrer, sonner et s’illuminer dans tous les sens : les mises à jour s’affichent en continu en bas de l’écran, et vous les consultez lorsque vous le souhaiter. C’est le deuxième aspect du multitâche selon Palm, et c’est indéniablement une réussite : ce n’est pas un multitâche pour les geeks qu’il faut passer son temps à suivre du coin de l’œil, mais un multitâche naturel, presque invisible. Plus qu’avec l’iPhone (en tout cas pour l’OS 4), c’est avec Android que la différence est la plus flagrante.
En conclusion
webOS regorge de bonnes idées, mais laisse un goût d’inachevé, surtout dans ce Pixi. Son interface pour le multitâche est simplement superbe, et combinée au système de notifications, elle fait gagner un temps fou, tout en restant élégante, non obstructive — simplement efficace. Synergy est aussi très intéressant, même si le concept doit s’ouvrir à plus de réseaux (MobileMe, au hasard), et devrait être plus facile à administrer pour les grands carnets d’adresses. Enfin, l’App Catalog est un peu vide, mais le rachat de Palm par HP pourrait lui donner un second souffle.
Dôté d’un excellent clavier, et d’un bon écran, le Pixi est destiné aux mains des adolescents ou des addicts de la communication en temps réel plutôt qu’aux addicts du Web. La taille de l’écran en elle-même n’est pas gênante : pendant de longues sessions de chat, de SMS ou de Twitter, nous n’avons souffert d’aucune fatigue visuelle. Mais dès qu’il nous a fallu surfer sur Internet, ou utiliser une application comme celle du Monde, la taille des éléments d’interface empiétant largement sur la zone de lecture, devient alors franchement gênante.
Le Pixi Plus n’est donc pas un concurrent direct de l’iPhone, mais plutôt une alternative, et une alternative sérieuse si vous utilisez plutôt les SMS, les mails et Twitter, et moins le navigateur, le lecteur musical et la partie téléphone. On connaît ainsi quelques BlackBerry qui vont peut-être souffrir.
Malgré quelques lenteurs, ce téléphone est prometteur, et il révèle les capacités du Pre Plus, qui est lui un possible iPhone-killer, avec une configuration très similaire.