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Test de la Nexus 7 et d'Android 4.1 Jelly Bean

Anthony Nelzin-Santos

mercredi 29 août 2012 à 14:19 • 56

Matériel

À 199 €, la Nexus 7 marque l'offensive de Google dans le marché des tablettes. Avec son écran 7", elle ne s'attaque pas directement à l'iPad — mais elle concurrence les principales tablettes Android. Avec brio ? La réponse dans notre test.

Nexus 7

Une réussite matérielle

La Nexus 7 est vendue 199 € en version 8 Go. Aux États-Unis, elle est même vendue pour l'équivalent de 160 €. Et pourtant, on dirait une tablette à 400 €.

Cette tablette est évidemment recouverte de plastique, mais du beau plastique. Celui du dos est mat et gommé, et sa texture est censée rappeler celle des gants de Steve McQueen (sic). Il permet aux doigts d'avoir une bonne prise, le profil biseauté offrant une excellente préhension. Sur ce point, la Nexus 7 est bien plus ergonomique que la Kindle Fire, 20 % plus lourde et 10 % plus épaisse, aux bords plus carrés et au dos plus lisse.

Nexus 7

Impossible de comprendre comment des dizaines de personnes ont eu des problèmes à ouvrir la boîte de la Nexus 7. Peut-être ont-elles été surprises par l'arrangement inspiré par Apple, trop simple pour elles ?

Pesant 340 grammes pour 19,9x12x1,05 cm, la petite tablette de Google est sans doute une des tablettes 7" les plus équilibrées, un point particulièrement important pour ce format qui se prête à la tenue à une seule main. Avoir le haut-parleur déjà anémique dans le creux de la main brouille néanmoins sérieusement l'écoute. Fine, mais pas trop, légère, mais pas trop, la Nexus 7 ne présente aucun jeu et dégage une certaine classe. Seuls le pourtour en plastique chromé et les boutons sur la tranche cassent quelque peu cette impression.

L'écran 7" offre une définition de 1280 x 800 pixels, soit une résolution de 216 ppp : on peut percevoir la différence avec les écrans Retina d'Apple en plissant les yeux certes, mais en général, textes et images apparaissent parfaitement définis. L'écran donne lui aussi l'impression de provenir d'une tablette deux fois plus chère : IPS, il présente une colorimétrie assez fidèle et d'excellents angles de vision ; recouvert de Gorilla Glass, il résistera aux petits coups dans un sac.

Nexus 7

Malgré la présence d'une piètre webcam, la face de la Nexus 7 est neutre, un effet accentué par l'absence de boutons. C'est un véritable problème : impossible de distinguer facilement le haut du bas et d'ainsi trouver à coup sûr le bouton de déverrouillage. Les boutons virtuels sont plus intelligents que ceux de la Kindle Fire, mais ne sont toujours pas aussi pratiques que les boutons physiques. Ils disparaissent trop souvent derrière l'interface et créent des frustrations inutiles.

D'excellentes performances

La Nexus 7 est la première tablette 7" quadricœur du marché : Google et Asus l'ont équipée du chipset Tegra 3 de Nvidia. Il est cadencé à 1,15 GHz sur quatre cœurs, avec des pointes à 1,3 GHz sur un seul cœur, et est secondé par 1 Go de RAM.

Et cela se sent : la Nexus 7 est la plupart du temps rapide et fluide. Le processeur n'est pas le seul responsable, les ingénieurs de Google ayant particulièrement optimisé Android 4.1 Jelly Bean. Le résultat, connu sous le nom de projet Butter, met en effet de l'huile dans les rouages et accélère grandement les opérations.

Chrome devient le navigateur par défaut d'Android avec Jelly Bean.

Les applications se lancent vite, le multitâche ne connaît plus le moindre ralentissement, les rendus dans le navigateur sont quasi instantanés — le passage à Chrome aidant. Les défilements ne sont toujours pas aussi fluides que sur iOS, qui accentue l'effet de rapidité par des transitions et des animations pertinentes. Mais l'on s'en rapproche, et il est aujourd'hui difficile de critiquer Android sur le plan des performances.

Cette tablette est un ensemble fermé : on ne pourra y ajouter de carte microSD (alors qu'elle n'est disponible qu'avec 16 Go de stockage au mieux), ni échanger sa batterie. L'autonomie semble néanmoins ne pas trop souffrir de la présence de la puce Tegra 3. En usage continu et intensif, la Nexus 7 a tenu entre six et sept heures en moyenne. En usage quotidien plus modéré, on peut passer le week-end sans chargeur. Moins qu'un iPad donc, mais aussi bien que les autres tablettes 7" moins puissantes : la Tegra 3 dispose d'un cinquième cœur peu rapide, mais très économe utilisé en priorité pour les tâches basiques comme la navigation et la lecture de musique ou de vidéos.

Jelly Bean : Android se stabilise

Jelly Bean est à Ice Cream Sandwich ce que Snow Leopard était à Leopard : il apporte très peu de changements d'ordre cosmétique, l'essentiel des modifications ayant été apportées sous la surface. Ainsi, la principale nouveauté visible est l'écran par défaut, qui fait désormais la part belle à Google Play, avec de très larges widgets faisant la promotion de la boutique en ligne et de vos contenus qui en proviennent.

La Nexus 7 est une tablette de consommation de contenus, une fenêtre ouverte vers Google Play, et ne s'en cache pas. Google offre ainsi 20 € de crédit à dépenser dans sa boutique, mais s'il s'agit d'un appât, il est mal mis en œuvre. Il faut en effet ajouter une carte bancaire à Google Wallet puis effectuer un premier achat pour débloquer ce crédit. La sélection d'apps optimisées pour les tablettes restant indigente (quoique les applications pour smartphones passent plutôt bien, vu que la Nexus 7 n'est pas beaucoup plus grande qu'un Galaxy Note…), pas sûr que tout le monde profitera dès le premier jour de ce petit cadeau. Au moins les amateurs de Transformers 3, offerts, pourront-ils découvrir Candide ou la Recherche du Temps Perdu, eux aussi offerts.

Le panneau des notifications a été revu : certains messages s'affichent désormais sur deux lignes et portent des boutons d'action. On peut les replier avec un geste à deux doigts ou les supprimer d'un balayage, mais aussi partager une capture d'écran ou répondre à un mail depuis ce panneau. C'est très utile, mais il serait plus pratique que les notifications s'affichent par défaut sur une ligne et qu'on puisse les déplier au besoin. On peut néanmoins maintenir une notification pour accéder aux réglages d'affichage de chaque app, et par exemple faire taire une app qui serait trop loquace.

La notification de prise d'une capture d'écran est dépliée : on peut la replier à deux doigts, l'éjecter en la faisant glisser, ou la partager. Le nouveau menu de partage est plus visuel, comme le sera celui d'iOS 6.

Les notifications d'Android n'apparaissent toujours pas sur l'écran d'accueil, un véritable problème fonctionnel. Avec ces ajouts, le panneau de notifications lui-même est toujours plus puissant et pratique, bien plus que celui d'iOS. Mais le système global de notifications d'Android est aujourd'hui le moins immédiat et le moins efficace du marché, un comble : Windows Phone donne le nombre d'actions en retard d'un coup d'œil, et iOS permet de lancer une app en souffrance directement depuis l'écran d'accueil.

Google Now : oui, mais…

On pourrait lister de nombreux autres changements mineurs de Jelly Bean, des ajustements de la police système Roboto à l'inclusion des emojis et de raccourcis textuels en passant par le réarrangement automatique des icônes de l'écran d'accueil lors de l'ajout d'un nouveau widget (enfin !). Il faut d'ailleurs mentionner le nouveau système prédictif du clavier, qui fonctionne infiniment mieux que celui d'iOS — taper à deux pouces en tenant la Nexus 7 verticalement n'en est que plus agréable.

Autre nouveauté de Jelly Bean, Talkback, un système similaire à VoiceOver à destination des déficients visuels. C'est un bon pas, mais un premier pas : le débit de la voix de synthèse est très haché, les zones de l'écran ne sont pas mises sur un rail pour faciliter la navigation, et l'autonomie d'utilisation n'est donc pas garantie.

Mais ce serait repousser la présentation de Google Now. Avec Google Now, la firme de Mountain View veut dépasser le cadre du moteur de recherche pour arriver à celui du moteur de connaissance, en empruntant au passage des concepts inaugurés par Wolfram Alpha (langage naturel, traitement d'un très grand ensemble de données) ou Bing (moteur de recommandations). Le concept de Google Now rappelle celui du Knowledge Navigator d'Apple, et semble tout droit sorti des ouvrages de science-fiction (utopique pour certains, distopiques pour d'autres, c'est selon).

La nouvelle politique de gestion des données privées de Google permet de croiser les éléments éparpillés sur les différents services de la société. Google Now les centralise pour dresser une carte de votre personnalité et de vos habitudes. Il y ajoute une carte des connaissances mondiales, en exploitant les données riches de Wikipédia, des sites de critiques gastronomiques et culturelles, d'actualité et de sports, de réservation de cinémas et d'avion, etc. Et comme il connaît en plus votre position, il est censé au final être capable non seulement de vous donner la météo locale (lieu + données météo), mais aussi de vous avertir lorsque vous allez être en retard à un rendez-vous (lieu + calendrier + données circulation), en plus de répondre à toutes vos questions (données).

La théorie.

Potentiellement, Google Now est infiniment plus puissant que Siri, qui est beaucoup moins conscient de lui-même et de ce qui vous êtes, et qui peut plus difficilement croiser les informations puisqu'Apple n'en possède pas et va les chercher ailleurs. Mais pour le moment, il est beaucoup plus bête, du moins en France. Depuis début juillet que j'utilise Google Now, impossible de lui faire comprendre où j'habite et où je travaille ; impossible aussi de trouver un restaurant ou d'obtenir les résultats sportifs si on lui parle en Français ; impossible en bref d'utiliser Google Now pour autre chose que la météo.

La pratique : la météo… et les exemples préprogrammés.

À long terme et pour peu que l'on accepte de se livrer à Google, Google Now sera incontestablement beaucoup plus profond que Siri — mais pour le moment, en tout cas en France, Siri en fait beaucoup plus, un avantage qui va s'accentuer avec iOS 6. D'autant que Google Now est un piètre assistant personnel, peu importe le lieu et la langue : impossible de lui faire prendre une note ou un rappel. Heureusement, Android 4.1 a pour lui une meilleure synthèse vocale qu'iOS 5 et 6 (plus fluide, plus rythmée… plus humaine), en plus de savoir transcrire votre voix sans connexion au réseau (après avoir téléchargé un module).

Pour conclure

Nexus 7

Si Google Now est pour le moment une déception, la Nexus 7, elle, est une franche réussite. Google la vend à perte, et on le sent : elle est bien finie, possède un bel écran, est rapide. Android 4.1 poursuit le travail réalisé avec Ice Cream Sandwich et s'il manque encore cruellement d'apps optimisées pour les tablettes, il est stable et rapide. Malgré ses petits problèmes, la Nexus 7 est en somme une excellente tablette. Ce sont les concurrents-partenaires de Google qui vont être contents.


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