Les précommandes pour la montre intelligente I'm Watch ont commencé en juin 2011, mais les premiers exemplaires ne sont arrivés qu'en juillet 2012 — entre-temps, silence radio de la société italienne les fabriquant, à part des promesses de vagues améliorations. Maintenant qu'elle est à notre poignet, que vaut la montre I'm Watch ? Réponse dans notre test.
Un design censé être italien
Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais on ne peut s'empêcher de commenter le design de la I'm Watch, « made in Italy ». Lorsque l'on pense à l'Italie, on pense à Alfa Romeo et Ferrari, à Milan et Florence, un certain raffinement et un grain de folie. La montre I'm Watch ne pourrait être plus éloignée de ces références.
Le boîtier du modèle I'm Color que nous testons est taillé dans un bloc d'aluminium, comme celui de l'iPod nano. Mais là où le baladeur d'Apple offre une finition laquée fine et brillante agréable à l'œil, la I'm Watch est particulièrement quelconque. Le boîtier est percé de part et d'autre par les grilles du haut-parleur miniature ainsi qu'une prise jack ; trois trous par lesquels s'échappe la lumière de l'écran, un autre indice du niveau de soin très moyen apporté à la conception de cette montre.
Un écran 1,54" qui se limite à 240x240 pixels et dont la qualité laisse à désirer, mais qui répond bien aux gestes et est recouvert d'une glace résistante.
Le bracelet enfin est fabriqué dans un silicone à la finition peau de pêche agréable au toucher. Il est monté au boîtier par le biais d'une partie mobile métallique, elle-même reliée à une partie métallique très rigide qui pourra gêner le port. La boucle et le passant sont à nouveau des pièces métalliques gâchées par une finition quelconque — et un « made in Italy » très voyant.
I'm a semble-t-il voulu jouer la carte « geek » avec sa montre, mais ce n'est en aucun cas une excuse pour une finition moyenne et une apparence grossière. Pas à 349 €.
Une mauvaise montre intelligente… et une mauvaise montre tout court !
La I'm Watch est une montre intelligente dans le sens où elle embarque des composants d'un petit téléphone (128 de RAM notamment) et un système Android 2.3 Gingerbread avec une surcouche. Pour être franc, l'ensemble est aussi fluide qu'il pourrait l'être, mais les opérations sont hachées par des choix ergonomiques étranges. La montre ne dispose que d'un seul bouton, qui sert aussi bien comme bouton de sortie de veille que comme bouton de retour.
Si l'on est dans un sous-sous-menu d'une app, il faut appuyer trois fois sur le bouton pour revenir à l'écran d'accueil. Et accessoirement pouvoir avoir l'heure, puisqu'elle n'est pas affichée dans la barre de titre des apps, un comble et une sacrée bévue. Et si l'on est à l'écran d'accueil, le bouton ne permet pas de mettre la montre en veille — il faut attendre l'expiration du délai de veille automatique pour cela.
La bêtise de cette montre ne s'arrête pas là, non. On peut comprendre que la I'm Watch ne dispose pas de ses propres moyens de connexion au réseau et qu'elle passe par un smartphone relié en Bluetooth : c'est un appareil compagnon. Mais ladite connexion Bluetooth n'est pas fiable, que l'on utilise un smartphone Android (Galaxy Nexus dans nos tests) ou, encore pire, un iPhone (iPhone 4S dans nos tests). Il n'est pas rare de perdre la connexion trois ou quatre fois par jour, de ne pas voir du tout le téléphone, et il faut parfois redémarrer la montre pour réussir à enfin se connecter. Frustrant.
Si l'on parvient à se connecter, le fonctionnement est celui de toutes les autres montres du genre : on peut répondre à un appel ou en passer un nouveau depuis la montre (haut-parleur et micro sont intégrés), et de nombreuses notifications sont mises à jour de manière régulière (courriel, Twitter, Facebook, météo, bourse, agenda, etc.). La I'm Watch ne se distingue de ses concurrentes que par l'excellente réponse de son écran tactile, les « apps » restant basiques. La plateforme I'm Cloud est censée fournir des apps supplémentaires (qu'il faut installer depuis un navigateur), mais on reste pour le moment sur sa faim.
Ce qui n'est pas le pire. Non, le sommet est atteint par l'autonomie — l'abysse devrait-on dire, d'ailleurs. Lorsque la puce Bluetooth est désactivée et que l'on ne touche pas à la montre, elle tient à peine deux jours sur une charge. Utilisez la normalement, et vous aurez parfois du mal à passer la journée. Lorsque vous passez sous une certain seuil, vous ne pouvez plus que consulter l'heure — oui, la même heure que l'on a du mal à afficher en utilisation normale. Puisque l'installation d'apps passe par le nuage, la I'm Watch ne dispose pas de port mini-USB : il faut passer par la prise casque pour la charge (lente), malheur à vous si vous oubliez le câble fourni ou le perdez.
Conclusion : un ratage monumental
Pas besoin d'épiloguer donc, la I'm Watch est un ratage monumental. I'm aurait mieux fait de ne jamais la livrer et de retourner à la table à dessin, et l'on plaint ceux qui en attendaient beaucoup et qui l'ont chèrement payé. Le produit qu'ils recevront n'est pas à la hauteur des promesses et est non seulement une mauvaise montre intelligente, mais une mauvaise montre tout court.
Pour 129 €, la SmartWatch de Sony en fera tout autant, plus simplement et plus agréablement, certes pour les smartphones Android seulement (même la LiveView de Sony Ericsson à 30 € en faisait autant !). Et ce ne sont pas les montres connectées à l'iPhone qui manquent. Mais la I'm Watch, elle, est à oublier.