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Test de l’iPad Air

Anthony Nelzin-Santos

lundi 04 novembre 2013 à 19:00 • 12

Matériel

À intervalles réguliers, Apple redéfinit ses produits et la catégorie à laquelle ils appartiennent. Le tournant est parfois esthétique : tout le monde s’est essayé au plastique blanc après la sortie de l’iBook et de l’iPod. Les innovations sont souvent techniques : la construction monocorps, inaugurée par le MacBook Air, est aujourd’hui la norme.

Le nouvel iPad aurait pu s’appeler iPad 5, mais il s’appelle iPad Air — il été redéfini aussi bien esthétiquement que techniquement, au travers des acquis de l’iPad mini et de l’iPhone 5s. Au point de redéfinir la catégorie des tablettes 9,7 pouces ? La réponse dans notre test.

Sommaire
  1. Esthétique et prise en main
  2. Performances et appareil photo
  3. Wi-Fi et 4G LTE
  4. Autonomie
  5. Conclusion

Un iPad léger comme l’Air

L’iPad Air mérite bien son nom : il est léger, très léger. À 469 grammes sur la balance, c’est même la tablette 9,7 pouces la plus légère du marché. La différence de poids entre un iPad mini et un iPad Air (138 grammes) est même moindre que celle entre un iPad Air et un iPad 4 (183 grammes). Autrement dit, elle est sensible.

L’iPad Air n’est pas la tablette la plus fine du marché : la Xperia Tablet Z mesure seulement 6,9 mm d’épaisseur et se paye le luxe d’être résistante aux projections et aux poussières. Mais là où la tablette de Sony est anguleuse, l’iPad Air est tout en courbes — des courbes qui tombent naturellement dans la main, la légèreté aidant.

De fait, aucune autre tablette 10 pouces n’est aussi agréable à prendre en main que l’iPad Air. À conditions d’avoir de grosses paluches, vous pourrez « envelopper » l’iPad Air d’une main, même s’il est encore trop large (17 cm) pour que cela soit véritablement confortable. Mais vous pourrez désormais le tenir par un coin pendant des heures sans la moindre fatigue, iOS s’assurant de ne pas confondre un pouce posé sur l’écran pour le maintenir et un doigt qui tape un bouton.

Cette image extraite de la présentation de l'iPad Air n'est pas qu'un cliché marketing : on peut véritablement le tenir de cette manière pendant de longues périodes sans ressentir la moindre fatigue, ou dans les transports sans avoir peur de le faire tomber. Ce qui change pas mal de choses et ouvre la porte à de nouveaux usages.
Cette image extraite de la présentation de l'iPad Air n'est pas qu'un cliché marketing : on peut véritablement le tenir de cette manière pendant de longues périodes sans ressentir la moindre fatigue, ou dans les transports sans avoir peur de le faire tomber. Ce qui change pas mal de choses et ouvre la porte à de nouveaux usages.

Plus que jamais donc, on a l’impression de tenir un magazine numérique — coïncidence ou pas, les quelques magazines papier qui traînaient sur ma table basse pesaient entre 430 et 480 grammes. Et cela change complètement la perception que l’on peut avoir de cette tablette : quelques-uns de mes collègues appréciant l’iPad mini plus que de raison hésitent désormais à repasser à l’iPad grand format. D’autant que l’iPad Air ressemble désormais à un « gros iPad mini ».

Il est donc disponible dans deux coloris, dont un gris sidéral du plus bel effet dont la teinte varie de l’anthracite au gris souris en passant par des teintes ardoise selon les conditions d’éclairage. Les boutons ne sont plus en plastique mais en métal, le logo d’Apple n’est plus « gravé » à l’acide mais prend la forme d’un insert, et les haut-parleurs sont au nombre de deux et placés de part et d’autre du port Lightning. Leur spatialisation est forcément limitée, mais ils sont par ailleurs assez puissants — presque trop, parfois : clairement conçus pour les jeux et les films, ils ont tendance à faire vibrer l’iPad Air à fort volume.

L’iPad Air dégage la même impression de solidité que les modèles précédents, mais on touche là aux limites de sa finesse extrême, qui se manifestent notamment lorsque l’on tape sur l’écran. On avait jusqu’ici l’impression de taper sur une dalle de verre très épaisse, on sent désormais que cette dalle est très fine… et on croirait presque qu’elle est en plastique. Cette sensation est dure à retranscrire, mais les premiers propriétaires s'en font bien l'écho. Ajoutez-y les chanfreins polis que les propriétaires d’iPhone 5/s adorent détester et détestent adorer, et il est possible de voir des ombres au tableau.

On verra aussi des reflets au tableau, là encore à cause de l’écran : le traitement oléophobe est toujours aussi peu efficace et la dalle LCD n’est toujours pas collée à la couche de Gorilla Glass la protégeant. L’écran affiche toujours 3,14 millions de pixels pour une résolution de 264 ppp, avec une luminosité de plus de 400 nits et un contraste de 1000:1. C’est une habitude désormais, la colorimétrie est très bonne, d’autant que les écrans sont étalonnés à l’usine — il semble néanmoins que les bleus soient un peu plus et les oranges un peu moins saturés qu’avant.

Un iPad plus rapide que l’éclAir

Si l’extérieur de l'iPad Air est influencé par l’iPad mini, ses composants proviennent tout droit de l’iPhone 5s. Alors que l’Apple A7 de l’iPhone 5s porte le numéro de modèle APL0698, celui de l’iPad Air porte le numéro de modèle APL5698 : son processeur est toujours doté de deux cœurs Cyclone 64 bits, mais ils sont désormais cadencés à 1,4 GHz.

Et bon sang qu’ils sont efficaces : l’iPad Air est deux fois plus puissant que l’iPad 4, et même 5,6 fois plus puissant que l’iPad 2. Pour tout dire, l’A7 de l’iPad Air est au niveau des processeurs Core 2 Duo qui équipaient les Mac de 2008 ! Apple ne se moque pas du monde lorsqu’elle parle de « desktop-class processor », et on sent clairement la différence : les apps se lancent plus vite, les exportations GarageBand et iMovie prennent beaucoup moins de temps… et l’on déplore que les animations d’iOS 7 soient aussi lentes alors que le processeur est si rapide.

Le score Geekbench 3.0 de l’iPad Air est similaire à celui obtenu par les machines équipées de processeurs Core 2 Duo de 2008. Les résultats ne sont pas directement comparables évidemment, mais cela donne une idée du chemin parcouru par les puces d’Apple, les puces ARM les plus puissantes du marché.
L’iPad Air obtient le plus haut score jamais réalisé par une tablette ARM à Browsermark. Point barre.

Le gain en performances graphiques est moins sensible : conçu de la même manière que les puces graphiques des « ordinateurs », le PowerVR G430 de l’A7 vieillira mieux que le PowerVR SGX 554MP4 de l’Apple A6X — mais aucune application n’en tire réellement parti pour le moment. Les tests théoriques permettent néanmoins de saisir son potentiel : l’iPad Air dépasse la barre fatidique des 25 i/s dans un test intensif comme le T-Rex HD 1080p de GFXBench, alors que l’iPad 2 dépassait à peine les 3 i/s.

GFXBench permet de saisir le potentiel de la puce graphique de l’A7, mais la plupart des jeux sont conçus pour tourner correctement sur les appareils iOS les moins puissants.

Si l’iPad Air est équipé comme l’iPhone 5s, il dispose néanmoins de l’avantage de la taille. Lorsque l’on enchaîne les tests intensifs, l’appareil chauffe et les résultats se dégradent, car le système diminue la cadence du processeur pour éviter la surchauffe. L’iPad Air n’échappe pas aux lois de la physique, mais cette dégradation est moins sensible : il semble qu’Apple ait définitivement résolu les problèmes de dissipation de l’iPad et laisse donc le processeur s’exprimer plus longuement à son plein potentiel. J’ai en tout cas eu du mal à faire tiédir l’iPad Air, même après avoir joué deux heures à The Cave et Real Racing 3.

L’iPad Air hérite aussi du co-processeur M7, ou du processeur de traitement de l’image H6. La qualité de l’image est très raisonnable pour un capteur 1/3,2 pouces de 5 Mpx — l’iPad Air peut faire office d’appareil photo d’appoint, qui permettra de figer un souvenir ou de « scanner » un document, ce qu’oublient certaines personnes quelque peu étroites d’esprit (et d’ailleurs). Apple a eu la bonne idée de revenir à une optique un peu plus grand-angle (éq. 25 mm), mais n’a pas jugé bon d’agrandir l’ouverture (f/2,4).

Les conditions de prise de vue ne sont pas idéales (pénombre à l’extérieur, deux sources lumineuses de faible intensité et de couleur différente), mais le résultat est passable. L’iPad Air a tendance à utiliser une sensibilité moins élevée que l’iPad 4, ISO 320 contre ISO 800 dans ce cas. Le résultat est certes bruité, mais moins que sur l’iPad 4.

Plus surprenant, l’iPad Air ne bénéficie pas des mêmes fonctions logicielles que l’iPhone 5s. L’absence des modes slow-motion et rafale peut se comprendre, mais pourquoi priver l’iPad Air du mode panorama et des filtres en temps réel, alors même qu’il dispose du mode carré ? Il ne manque pourtant pas de puissance… Notons par ailleurs que la webcam est désormais au niveau de celle des iPhone et des Mac : ça ira pour FaceTime HD, mais pas pour grand-chose de plus.

La comparaison avec l’iPhone 5s ne serait évidemment pas complète sans remarquer l’absence de Touch ID. Elle peut se comprendre — la production de capteurs d’empreintes est limitée, certaines nouveautés ont souvent été l’apanage d’un appareil pendant une génération, l’iPad est un appareil moins mobile et donc moins susceptible d’être volé, on déverrouille moins souvent sa tablette que son smartphone… Reste que les propriétaires d’iPhone 5s vont sans doute se prendre en train d’attendre que le bouton d’accueil de leur iPad Air les authentifie… avant de se rendre compte qu’il lui manque les composants pour le faire.

Un iPad qui ne manque pas… de Wi-Fi

L’AirPort Extreme et la Time Capsule peuvent émettre en Wi-Fi 802.11ac, mais aucun appareil iOS n’est compatible avec cette norme — même pas l’iPad Air. Apple a préféré attaquer sur un autre front, celui des antennes : le nouvel iPad en compte deux et prend donc en charge MIMO. Cette technologie, dont les utilisateurs de la Microsoft Surface profitent depuis l’an dernier, permet d’augmenter la portée des échanges et/ou leur rapidité.

Les gains sont directs et spectaculaires : dans notre traditionnel test de transfert de fichiers à 10 mètres d’une borne AirPort Extreme, l’iPad Air est tout simplement deux fois plus rapide que ses prédécesseurs. Dans les mêmes conditions d’ailleurs, un MacBook Air mi-2012 ne fait pas mieux — _« desktop-class Wi-Fi »_ serait-on tenté de dire… Il est difficile de « voir » la différence lorsque l’on charge une page web dans Safari (le Wi-Fi de l’iPad n’a jamais été lent), mais on la sent nettement lorsqu’il faut télécharger une app de plus de 50 Mo.

L’iPad 2 ne prenait pas en charge la bande des 5 GHz : seuls l’iPad 3 et l’iPad 4 pouvaient faire du double-bande. Le MIMO est néanmoins une avancée bien plus visible.

Le modèle cellulaire n’est pas en reste : Apple a associé la puce modem Qualcomm MDM9615 déjà aperçue dans l’iPad 4 au tout nouvel émetteur-récepteur Qualcomm WTR1605L. Alors qu’il fallait jusqu’ici deux modèles pour prendre en charge cinq bandes 4G LTE, un seul modèle d’iPad Air peut se connecter à quatorze bandes 4G LTE différentes (1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 13, 17, 18, 19, 20, 25 et 26). De quoi voyager dans plus de trente pays sur tous les continents sans devoir changer autre chose que la carte SIM — au format nano-SIM, que l’on placera dans un tiroir déplacé sur le coin inférieur droit.

La firme de Cupertino a privilégié la polyvalence (et la rationalisation des coûts de production) à la vitesse pure : l’iPad Air se limite aux réseaux 4G LTE 100 Mb/s (catégorie 3), alors que les réseaux 150 Mb/s commencent à être déployés (catégorie 4). Reste que l’iPad Air prend parfaitement en charge les réseaux 100 Mb/s, atteignant les mêmes débits que les iPhone 5c et 5 s alors que les tablettes d’Apple ont toujours été légèrement en retrait sur ce point.

Un test réalisé sur le réseau 4G LTE de Bouygues Telecom, dans le quartier Part-Dieu de Lyon : l’iPad Air atteint les mêmes débits que les iPhone, une première pour un iPad. L’iPad 2 était limité au HSDPA (14,4 Mb/s), alors que l’iPad 3 ne prenait pas en charge la 4G LTE en France.

Un iPad qui pourra prendre l’Air

Plus qu’aucun autre composant, la batterie a été sévèrement mise à contribution pour permettre d’affiner l’iPad Air : elle perd 3 mm d’épaisseur et 10,1 Wh de capacité. Alors que l’iPad 4 traînait une batterie de 43 Wh (3,7 V pour 11 560 mAh), l’iPad Air doit se contenter de 32,9 Wh (3,73 V pour 8 827 mAh). Mais dans le même temps, l’Apple A7 gère plus finement l’énergie que l’A6 et le MIMO diminue le niveau d’émission et dont la consommation de la puce Wi-Fi, et les puces 4G LTE consomment aujourd’hui moins que les puces 3G.

Résultat, non seulement l’autonomie de l’iPad Air n’est pas inférieure à celle de l’iPad 4, mais elle est même légèrement supérieure. Dans notre traditionnel test de lecteur en boucle de vidéos avec le son et la luminosité réglés à 50 %, la connexion Wi-Fi active avec la relève des mails toutes les 15 minutes, le nouvel iPad tient 20 minutes de plus que son prédécesseur, pour un total de 13 h 20.

Dans les mêmes conditions, mais sur un réseau 4G LTE plutôt qu’un réseau Wi-Fi, l’iPad Air tient 10 h 50 — soit plus que l’iPad Wi-Fi original et presque autant que l’iPad 2 Wi-Fi. Ne vous limitez pas à la 3G en pensant que vous gagnerez quelques minutes : nos tests menés avec des iPhone montrent que les puces 4G LTE consomment moins en 4G LTE qu’en 3G. L’autonomie sera bien supérieure en mode modem, où l’écran n’est pas sollicité : vous devrez sans peine dépasser les 24 heures, que l’iPad 4 était déjà capable d’atteindre.

Au quotidien, vous pourrez utiliser l’iPad Air plusieurs jours sans jamais le brancher — en l’utilisant très intensément, il m’a fallu près de deux jours pour vider une première fois la batterie avant d’entamer les tests d’autonomie. Et c’est sans compter sur les astuces qui vous permettraient de consommer encore moins (lire : iOS 7 : des problèmes d’autonomie ? Nos conseils...). Une fois la batterie vide, il ne vous faudra pas 7 h 30 pour la recharger comme du temps de l’iPad 3 : avec le chargeur 12 W fourni, l’iPad Air se recharge entièrement en 4 h, ou à 75 % en un peu plus de 2 h.

Encore un mot avant de vous laisser souffler

L’iPad Air n’est pas qu’un simple iPad de cinquième génération : c’est réellement un nouvel iPad, et un nouvel iPad à même de redéfinir la catégorie des tablettes « 10 pouces ». Léger et fin, il est très agréable à tenir, même pendant des périodes prolongées. Aussi puissant qu’un ordinateur portable d’il y a quelques années et doté de connexions sans-fil ultra-rapides, il tient pourtant la charge pendant plusieurs jours.

Faut-il passer à l’iPad Air ?Il coûte tout de même 489 €, une dépense difficilement justifiable pour quelqu’un qui possède un iPad 4… mais pas impossible à justifier, tant ce nouvel iPad est un bond en avant. Ceux qui sont restés à l’iPad 3 auront tout à gagner à passer à l’iPad Air, a fortiori ceux qui utilisent encore un iPad 2.

Le choix entre le modèle Wi-Fi et le modèle Wi-Fi + Cellular est avant tout une question d’usages — sans même évoquer le débat sans fin « iPad Wi-Fi + Cellular » ou « iPad Wi-Fi + iPhone en mode modem » ? Si vous lisez beaucoup de magazines, jouez à beaucoup de jeux ou utilisez des applications très lourdes, n’oubliez pas l’existence d’un modèle 128 Go, même si l’on peut que regretter qu’Apple fasse toujours payer aussi indécemment cher les options de stockage.

Ce (gros) détail mis à part, l’iPad Air est sans aucun doute le meilleur iPad jamais conçu… jusqu’au prochain ?


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