Plus cher de 120 € et plus lourd de 12 grammes que l'iPad WiFi, l'iPad 2 WiFi+3G ne part pas qu'avec des avantages, les « offres » des opérateurs n'étant qu'un boulet de plus. À qui s'adresse ce modèle ? Éléments de réponse dans notre test.
La version 3G de l'iPad WiFi
C'est logique : l'iPad 2 WiFi+3G est la déclinaison 3G de l'iPad 2. Nous vous recommandons donc la lecture de notre test de l'iPad 2 Wi-Fi : nous ne couvrirons ici que les spécificités du modèle 3G.
Alors que l'iPad 3G pesait 50 grammes de plus que l'iPad WiFi, l'iPad 2 3G ne pèse que 12 grammes de plus que l'iPad 2 WiFi. Il est désormais quasiment impossible de discerner le modèle WiFi du modèle 3G de ce point de vue, un bon point.
Les différences sont ailleurs, à commencer par la présence d'un logement pour la micro-SIM. Sur la précédente génération, il se situait au tiers de la hauteur du côté gauche et ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui de l'iPhone. Il est désormais situé dans le coin supérieur gauche. L'iPad 2 étant très fin, il est biseauté (à tel point que le trou d'éjection est placé à côté du tiroir), et il souffre donc du même problème que la prise jack et la prise dock 30 broches : il est difficile à enlever et tout autant à remettre.
Pour éjecter le tiroir, il faut introduire le trombone à 45° (une autre conséquence des bords effilés de l'iPad) et appuyer très fort. Le nouveau trombone n'aide pas : Apple fournissait jusqu'ici un petit accessoire fait d'une seule pièce de métal, elle jette désormais dans le carton de l'iPad un bête fil de fer mis en forme qui peine à résister à la pression qu'il faut appliquer pour sortir le tiroir de son logement — une économie de bout de chandelle risible. Enfin, notez que si vous utilisez une Smart Cover, vous devrez la retirer pour accéder au logement micro-SIM.
À gauche, l'ancien trombone, beaucoup plus solide que le nouveau. Un détail ? Pas sûr : le tiroir est beaucoup plus difficile à éjecter sur l'iPad 2.
L'autre différence entre les modèles WiFi et les modèles 3G est la bande de plastique noir entre prise casque et bouton de mise en veille (et oui, le modèle blanc possède une bande de plastique… noir). Derrière se cachent les antennes Bluetooth et WiFi, le plastique étant plus perméable aux ondes que le métal, mais aussi deux composants uniques à l'iPad 3G : les antennes GPS et 3G. On y trouve aussi la grille du microphone : le son résonne dans le plastique et offre un son un peu plus étouffé que sur la version WiFi dont le microphone est placé au milieu d'une zone métallique.
3G : du haut débit très mobile…
Commençons par la 3G : une fois la carte micro-SIM insérée, elle est immédiatement reconnue, mais il est possible que la connexion ne soit pas active. Avec une carte SIM, il nous a fallu simplement redémarrer l'iPad ; avec une autre, il nous a fallu synchroniser la tablette, étape de toute façon conseillée pour forcer la mise à jour des paramètres opérateur et éviter tout problème de facturation.
La section Réglages de l'iPad 3G possède quelques paramètres de plus que celle de l'iPad WiFi. On y trouve logiquement un onglet « Données cellulaires », qui, associé à l'onglet « Opérateur », permet de gérer les divers aspects de sa connexion, de l'activation de la connexion DATA au paramétrage du roaming (données à l'étranger) en passant par le réglage du PIN de la carte SIM et le renouvellement du forfait.
Las, alors qu'Apple intègre la gestion des forfaits AT&T à iOS, il faut utiliser de « bêtes » pages Web chez les opérateurs français. On peut heureusement accéder à l'interface de rechargement même si l'on a épuisé son forfait.
Comme l'iPhone 4, l'iPad 2 3G est doté d'une puce baseband Intel X-Gold 618 (l'iPad 2 CDMA utilise la même puce Qualcomm MDM6600 que l'iPhone 4 CDMA). C'est mieux que l'iPad 3G de première génération, qui utilisait le même chipset Infineon X-Gold 608 que les iPhone 3G et 3GS. Le X-Gold 618 est en effet compatible HSDPA (3G+, 1,8 à 3,6 Mbit/s. en France) et HSUPA (5,8 Mbit/s.), les dernières évolutions des réseaux de troisième génération.
Il est cependant dommage qu'Apple n'ait pas profité de l'occasion pour utiliser un chipset compatible HSPA+, norme qui commence à être déployée en France comme aux États-Unis et qui permet d'atteindre des débits de 21,1 Mbits/s. dans un premier temps, 28 puis 42,2 Mbits/s. dans un second temps. Son intégration aurait été d'autant plus censée sur un appareil qui peut tenir le choc côté batterie et qui aurait besoin de ses débits proches de l'ADSL, mais il faut bien garder des choses en réserve pour l'iPad 3…
Ces résultats sont très similaires entre les deux générations d'iPad et entre l'iPad 2 3G et l'iPhone 4.
Nous avons eu l'occasion de tester la connexion des trois opérateurs français, Orange, SFR et Bouygues Telecom, face à deux lignes ADSL, l'une chez SFR, l'autre chez Free. Les résultats, mesurés avec Speedtest.net, montrent que chaque opérateur a ses forces et ses faiblesses, Orange compensant son débit descendant moyen par un bon débit ascendant, l'inverse de SFR, alors que Bouygues est globalement moins rapide, mais plus équilibré.
Au même endroit, l'iPad de première génération capte un poil mieux le WiFi…
Ces résultats montrent aussi les faiblesses de l'iPad 2 en matière de WiFi. L'iPad 2 conserve le chipset WiFi 802.11n et Bluetooth 2.1+EDR Broadcom BCM4329 de son prédécesseur, mais se comporte un peu différemment. L'accroche WiFi (et donc les débits) se dégrade plus vite que sur l'iPhone 4 ou l'iPad de première génération à mesure que l'on s'éloigne de la borne, mais est meilleure à mesure que l'on se rapproche. Impossible pour le moment de savoir s'il s'agit d'un problème firmware ou système (sachant que les deux appareils ayant servi pour le test étaient tous deux en iOS 4.3.1), ou d'une conséquence d'une architecture intérieure différente.
…que l'iPad 2.
…mais très compressé
Bref, si Apple peut très certainement faire mieux (l'absence de réelle concurrence n'aidant pas), l'expérience reste très plaisante. Qu'importe l'opérateur, les performances de la connexion 3G sont agréables : on n'aura aucun problème à relever ses courriels, remonter sa timeline Twitter, lire les dernières actualités. Télécharger une pièce jointe dans un courriel ne posera la plupart du temps pas de problème, en envoyer une nécessitera peut-être de changer la taille des images, les débits ascendants étant en général moyens.
Il n'y a qu'un seul gros point noir à l'utilisation de la 3G, la vidéo : quand les vidéos veulent bien se charger, elles sont d'assez mauvaise qualité — c'était déjà le cas avec la précédente génération. Apple a en effet prévu une disposition technique dans HTTP Live Streaming, la technologie de streaming vidéo adaptatif utilisée par iOS : les développeurs doivent prévoir un flux haute qualité, mais aussi un flux de basse qualité n'excédant pas 64 Kbps pour des conditions réseau dégradées (dont la 3G).
En 3G, la qualité est très dégradée.
Et 64 Kbps sur un écran de 1024x768 pixels qui crie « HD 720p », ça fait plutôt mal aux yeux lorsque la vidéo est en plein écran. Apple a ici clairement privilégié la vitesse de chargement et la fluidité de lecture au détriment de la qualité, peut-être en partant du principe qu'en mobilité, l'objectif était d'avoir tout simplement accès au contenu, avant d'y avoir accès en bonne qualité.
En WiFi, la qualité est toute autre.
Cela a parfois un effet pervers : si on a utilisé sa connexion 3G, passer à nouveau en WiFi ne restaurera pas forcément les flux en bonne qualité. Safari et d'autres applications (mais surtout Safari) ont en effet tendance à faire du zèle, seul le redémarrage de l'iPad changeant les choses. Un bogue un peu gênant qui traîne semble-t-il depuis quelque temps déjà.
FaceTime et GPS : un peu moins et un peu plus
Avant d'aborder la question épineuse des forfaits, il vous reste encore quelques détails à connaître sur l'iPad 3G. Comme l'iPod touch, l'iPad WiFi est capable de déterminer sa position à l'aide de la triangulation WiFi : Apple utilise sa propre base de données de SSID de bornes WiFi depuis avril 2010 (elle utilisait précédemment les services de Skyhook). La précision est bonne, mais on peut mieux faire.
L'iPad 3G étant doté d'une connexion cellulaire, il peut utiliser la géolocalisation cellulaire (triangulation des antennes-relais), qui combinée à la triangulation WiFi, offre une précision accrue. Il faut cependant une carte SIM et un forfait actif pour l'utiliser. L'iPad 3G est aussi doté d'une puce GPS, active qu'une carte SIM soit présente ou non, que l'on possède un forfait données ou non.
Le cercle de précision est très petit, avec le halo bleu qui indique que la puce GPS est active. Après quelques minutes, il se résumera au point bleu lui-même. Sur l'iPad 2 WiFi, qui se repère à nos bornes WiFi, le cercle de précision englobe le pâté de maisons.
Elle prend évidemment tout son sens avec une connexion 3G active : la précision semble un peu moins bonne qu'avec un iPhone 4 (qui accroche le réseau beaucoup plus vite, d'ailleurs), mais le suivi est pour ainsi dire effectué en temps réel, et permettra d'utiliser une application de navigation sur son iPad. Navigon ou Copilot HD transformeront ainsi votre iPad en GPS 10" — reste à trouver une voiture avec un tableau de bord suffisamment grand. Le couple GPS et connexion DATA permanente de l'iPad 3G sera aussi utile dans certaines niches comme la navigation aérienne (lire : Un iPad dans le cockpit).
Si l'iPad 3G gagne un GPS, il perd FaceTime : le service de visio d'Apple ne fonctionne qu'en WiFi, pas en 3G.
Autonomie : quand le mieux masque le moins bien
L'autonomie ne souffre pas trop de la connexion 3G. Dans un test de lecture de vidéos en boucle (3G activée avec relève du courriel toutes les 15 minutes, aucun push, son et luminosité à 50 %), l'iPad 2 3G atteint 9h43 d'autonomie, alors que le modèle WiFi dépasse de peu les 11 heures.
Cette bonne performance est cependant toute théorique : le rétro-éclairage de l'écran est le principal consommateur, et la dalle de verre recouvrant l'écran étant un véritable miroir, on aura souvent tendance à le pousser à fond, notamment à l'extérieur, lieu où l'iPad 3G est roi. Cette fois, n'espérez pas dépasser 7h30 d'autonomie dans les mêmes conditions.
On devrait donc passer la journée en surf/rédaction, mais il faut garder à l'esprit que la recharge de l'iPad est assez lente (cinq à six bonnes heures sur un Mac récent, quatre heures avec l'adaptateur fourni).
Les « offres » des opérateurs
La 3G est clairement une solution d'accès à Internet en ultra-mobilité, une situation dans laquelle c'est souvent le smartphone qui est la solution la plus simple d'accès au Web. L'élément déclencheur résidera donc peut-être dans les « offres » des opérateurs : la présence des guillemets n'est pas un hasard tant la grille tarifaire est complexe.
Orange propose trois forfaits : Initial, Multimédia et Intense. Pour 8 € par mois, le forfait Initial, sans engagement, permet de bénéficier de 200 Mo de données par mois (avec l'accès illimité aux hotspot WiFi Orange), reportables sur 12 mois. Les offres Multimédia et Intense sont très semblables : la première est 4 € moins cher que la seconde, qui permet d'obtenir une plus grosse subvention et un quota mensuel supérieur. Elles sont déclinées en versions « sans engagement » qui n'ont pas d'autre intérêt particulier que leur facilité à être désactivées et réactivées selon les besoins du mois à venir. Bref, l'offre d'Orange est assez claire, mais les prix des forfaits sont élevés.
Les offres Orange
SFR propose une grille similaire, mais plus complexe. On retrouve les trois forfaits progressifs : ils se nomment cette fois Découverte, Sérénité et Absolu. Les choses se compliquent néanmoins très vite, si vite que les conseillers SFR eux-mêmes n'ont pu nous expliquer toutes les subtilités de leurs offres.
L'offre Découverte, facturée 9,90 € par mois, ouvre le droit à un quota de 250 Mo de données mensuelles (avec accès à SFR WiFi illimité). Elle est disponible sans engagement et sans subvention si l'on a déjà son iPad, ou sans engagement avec une subvention d'une trentaine d'euros si l'on achète son iPad chez SFR.
Semblable à l'offre Multimédia d'Orange, l'offre Sérénité de SFR est près de 10 € moins chère par mois, mais n'a de serein que le nom. On peut y souscrire si on a déjà un iPad, en s'engageant 12 ou 24 mois — ou sans s'engager, pour le même prix que le forfait 24 mois : oui, vous avez bien lu, la plaquette tarifaire de SFR est tout simplement illogique, voire ridicule, aucun conseiller SFR n’ayant été en mesure de nous donner des explications sur le sujet. Même chose si l'on achète son iPad chez SFR : l'opérateur subventionne alors fortement la tablette (mais moins qu'Orange), mais se venge sur le forfait, 5 € plus cher par mois.
La même grille ubuesque se retrouve dans les forfaits Absolu : le prix mensuel est cette fois-ci le même que l'on ait déjà un iPad ou qu'on l'achète chez SFR, et l'offre est aussi déclinée en version « Sans engagement » au même prix que le forfait 24 mois. Contrairement à Orange, ces offres « Sans engagement » ne sont pas activables et désactivables à volonté : si on la désactive, c'est comme si on résiliait, perdant ainsi la ligne. Bref, l'offre de SFR est un véritable labyrinthe, mais l'opérateur au carré rouge est globalement moins cher qu'Orange, à quelques exceptions près.
La grille complète des forfaits iPad 3G (cliquez pour agrandir)
Diverses réductions viennent compliquer l'affaire chez les deux opérateurs : Orange baisse le tarif mensuel du forfait de 3 € par mois si l'on commande sur Internet, alors que SFR le baisse de 1 à 3 € si l'on est déjà client. SFR facture la carte micro-SIM (1 €), mais offre un mois sur tous les forfaits avec engagement pour une commande sur le Web. Bref, il faut bien étudier la grille complète que nous vous proposons avant de choisir un forfait, mais dans l’ensemble, les offres de SFR sont moins chères.
Seul Bouygues Telecom, qui ne vend pas l'iPad dans ses boutiques, propose des offres fidèles à l'esprit original d'Apple. Le troisième opérateur français vend des packs carte SIM à 9,90 € (gratuits après offre de remboursement) qui offrent l'accès à un pass 24h à 6 € (avec débit réduit au-delà de 300 Mo) et à un pass 1 mois à 29,90 € (avec débit réduit après 1,5 Go). Orange et SFR vendent en plus des « recharges » en temps (24 ou 48h) ou en quantité (de 50 Mo à 1 Go) : les prix sont légèrement différents, les durées de validité aussi. Là encore, nous vous invitons à détailler la grille complète que nous vous proposons ci-dessous.
Les systèmes de recharge (cliquez pour agrandir)
Une proposition
Si l'iPad 2 3G est un très bel appareil bien conçu, les offres des opérateurs ont tendance à le plomber un peu. Si votre iPad est destiné à voyager au mieux entre le canapé et le lit, le modèle WiFi fera l'affaire. S'il devait passer la portée d'entrée, les réseaux de hotspots de Free ou de SFR lui fourniraient alors une connexion à Internet. Des hotspots qui ne laissent pas toujours passer les appels FaceTime mais qu'importe, ils ne passent pas non plus en 3G.
Si au contraire vous avez absolument besoin d'une connexion stable et fiable, ce modèle 3G est concurrencé par le mode modem de l'iPhone ou les clefs 3G avec fonction routeur. Les tarifs de ces options et forfaits sont au moins aussi prohibitifs que ceux des forfaits pour iPad, mais la connexion passe alors par le WiFi et peut être partagé avec d'autres appareils.
Les ultra-mobiles trouveront par contre leur bonheur dans le fait que l'iPad 2 3G n'est pas simlocké et que les opérateurs proposent des pass : on peut imaginer partir en déplacement avec des cartes micro-SIM de chaque opérateur et dégainer celle proposant le pass le plus adapté à sa situation… ou tout simplement du réseau disponible. Ceux-là se diront que 120 € n'est rien d'autre que le prix de la liberté.