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Test de l'AR.Drone

Arnaud de la Grandière

lundi 30 août 2010 à 15:33 • 28

Matériel

L'AR.Drone est un OVNI à plus d'un titre. D'abord parce qu'il tranche avec tous les autres accessoires pour iPhone et iPod, qui n'ont pourtant pas manqué d'excentricité jusqu'ici. Ensuite, parce qu'il s'agit d'un véritable rêve de gosse. Enfin, parce qu'il ne ressemble à aucun autre produit du constructeur français Parrot, qui nous avait plutôt habitués jusqu'ici à des équipements Bluetooth pour la voiture, et des produits sans fil pour la maison. En fait, à l'image de certains projets personnels des employés de Google, cela ressemble beaucoup à un délire d'ingénieur qui aurait fini par aboutir.
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Le principe de l'AR.Drone en quelques mots : un quadricoptère commandé par le biais d'un iPhone, iPod touch ou iPad à l'aide de son interface WiFi, qui embarque deux caméras dont les images sont affichées sur l'écran de l'appareil qui le contrôle, permettant même d'inclure des jeux en réalité augmentée (d'où son nom). Quatre hélices en fibre de carbone, deux caméras (une sur le "nez", une sous le ventre), un accéléromètre, deux gyromètres, un altimètre à ultrason (attention à nos amis à quatre pattes), une interface WiFi ad-hoc, et une batterie de trois cellules au lithium-polymère, voilà les ingrédients de cet étonnant appareil.
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La caméra ventrale, plus encore que pour le jeu ou les prises de vue, sert avant tout à déterminer la vitesse au sol de l'appareil (jusqu'à 18 Km/h), et éventuellement d'aider à le stabiliser en cas de léger vent. Son capteur CMOS enregistre 60 images par secondes, le logiciel interne faisant de la détection de mouvements à l'image, qui cumulée avec l'altitude donne une estimation de sa vitesse. L'AR.Drone embarque en réalité un mini-ordinateur qui fonctionne sur Linux : doté d'un processeur ARM9 cadencé à 468 MHz et de 128 Mo de RAM DDR à 200 MHz, l'appareil est capable d'analyser sa situation afin de se stabiliser de lui-même sans la moindre commande. De même, il détecte les chocs, ou les orientations hasardeuses, pour se mettre en mode "panique" et bloquer immédiatement ses quatre rotors. Ces derniers sont mus par autant de moteurs sans balais (dits brushless) d'une puissance de 15 Watts et capables d'effectuer 35.000 tours par minute. La carène de l'AR.Drone est en deux parties, la moitié inférieure recelant tous ses composants. Il est livrée avec deux carènes supérieures différentes, l'une avec un tour d'hélice en mousse pour le pilotage en intérieur, et l'autre sans pour les manœuvres à l'extérieur. L'avant de la partie supérieure s'enfile sur la caméra frontale, l'arrière est maintenu en place par des aimants. Selon que vous aurez choisi la carène d'extérieur ou d'intérieur, le tout pèse 360 ou 400 grammes, respectivement.
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Malgré toute l'impatience dont vous pourrez faire preuve pour faire votre premier vol, à réception de l'appareil il vous faudra toutefois patienter une heure et demi avant que le chargeur de la batterie ne vous donne son feu vert, par le biais d'un indicateur de charge. Car c'est sans doute là le plus gros défaut de l'appareil : les accus Li-Po (standard dans l'aéromodélisme pour sa légèreté et sa sécurité accrue malgré un rendement inférieur et un coût supérieur au Lithium-ion), vous offriront une douzaine de minutes de vol, ce qui n'est guère surprenant vu la débauche de composants qui le constitue. Autant s'équiper de batteries de rechange (30,99 € pièce) pour poursuivre le vol plus longtemps. A noter que l'autonomie se trouve dans la moyenne des aéronefs radio-commandés.
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Une fois l'opération terminée, il ne vous restera plus qu'à placer la batterie dans l'appareil, attendre quelques secondes que ses 5 diodes passent au vert (une sous le ventre donnant l'état de l'ordinateur de bord et une sous chaque pale), puis connecter votre iPhone au réseau WiFi ad-hoc de l'AR.Drone. Celui-ci permet de vous affranchir de votre réseau WiFi domestique et ainsi de l'utiliser en pleine nature, loin de toute forme de civilisation. L'appareil conservera également en mémoire l'identifiant de votre iPhone, évitant ainsi des conflits de commandes, voire le détournement de votre aéronef (un bouton situé sous le ventre permet de réinitialiser le lien mémorisé).
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Il vous restera encore à installer l'application idoine, AR.Freeflight, permettant de piloter l'appareil, et surtout de parvenir à la lancer sans encombre avant de pouvoir espérer piloter l'engin : en effet l'application s'est avérée particulièrement instable au lancement lors de nos tests, et il n'est pas rare d'avoir à la lancer deux ou trois fois avant de voir l'image de la caméra avant s'afficher sur l'écran de l'iPhone. Elle permet également de mettre à jour le firmware interne de l'AR.Drone, ce qu'elle a d'ailleurs fait au premier lancement réussi. En surimpression sur l'image, deux icônes vous donnent la qualité du signal WiFi comme la charge de la batterie, deux éléments cruciaux pour maintenir le vol sous contrôle. L'application permet de calibrer le gyromètre de l'AR.Drone avant le décollage, d'indiquer de quelle carène il est équipé, et de bloquer son altitude maximum à six mètres de hauteur ou non (auquel cas la seule limite est la portée du signal WiFi). D'une simple pression sur le bouton de décollage, l'appareil se propulse de lui même verticalement jusqu'à une hauteur comprise entre 50 cm et un mètre, flottant docilement au dessus du sol en attendant vos impulsions. La scène est assez surréaliste, on se surprend à imaginer qu'il ne s'agit là que d'un effet spécial en images de synthèse qui serait venu s'imprimer sur votre rétine. Une nouvelle pression sur le même bouton, et l'engin se pose de lui-même en douceur, quelle que soit son altitude. Il en fera autant de son propre chef s'il vient à court de batteries ou s'il perd le contact avec l'iPhone. L'application AR.Freeflight comporte deux modes de pilotage, à un ou deux doigts. Dans ce dernier, le contact d'un doigt sur le bouton affiché sur la gauche de l'écran vous permet de déplacer l'AR.Drone sur le plan horizontal, en suivant l'inclinaison de l'iPhone : avant/arrière, et déplacement latéral. Lorsque ce bouton est relâché, l'AR.Drone reprend les commandes pour se stabiliser du mieux qu'il peut. Le bouton de droite, quand à lui, est un joypad virtuel : son axe vertical commande la montée ou la descente de l'appareil, et son axe horizontal sa rotation sur lui-même.
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Un bouton permet de basculer l'image affichée entre les deux caméras, et un autre de provoquer le mode "panique" qui coupera immédiatement les moteurs en cas de problème. Ce dernier n'est pas de trop, tant l'appareil peut s'emballer inopinément pour d'obscures raisons. Le quadricoptère répond en effet à la moindre sollicitation, mais nécessite malgré tout quelque apprentissage avant de prendre confiance en soit. Et pour cause, à l'inverse d'une voiture radio-commandée, relâcher les commandes ne placera pas l'appareil hors de danger malgré ses tentatives de stabilisations : trous d'air, bourrasques, et même emballement spontané de l'engin pourront faire basculer l'expérience de pilotage d'une promenade zen sur coussin d'air à une pure panique de crash exigeant vos meilleurs réflexes. Par ailleurs, malgré sa capacité à se stabiliser, l'AR.Drone peut s'avérer très sensible au moindre souffle d'air qui le déportera sans coup férir. Car à 300 euros pièce, l'angoisse de la casse n'est jamais loin. Et ne nous en cachons pas, il est plus que probable que vous ayez à réparer quelque dommage. La coque en mousse sera facilement consolidée d'un coup d'adhésif acrylique double-face en cas de casse, mais Parrot a pris en compte les cas plus délicats en proposant des pièces de rechange pour chaque composant de l'AR.Drone. La pièce la plus coûteuse est le couple carte mère + caméra verticale, facturé 99,99 €. Sachez toutefois qu'en achetant séparément toutes les pièces constituant l'ensemble, le coût total revient à 532,85 €. L'AR.Drone est certes un jouet luxueux qu'on ne recommandera pas aux plus jeunes (si le site de Parrot garantit que son pilotage est si simple que même un enfant pourrait l'utiliser, la notice spécifie toutefois qu'il ne convient pas aux moins de quatorze ans), plus luxueux encore si l'on tient compte du prix payé pour sa "télécommande". Cependant, comparativement aux modèles "standards" d'aéromodélisme, il reste dans une tarification raisonnable, et offre bien plus de fonctionnalités. Certes, le WiFi limite la portée à une cinquantaine de mètres, alors que la plupart des aéronefs radio-commandés peuvent voler jusqu'à perte de vue. Mais son mode de contrôle, le retour d'image qui permet de le piloter du point de vue du cockpit, sa modularité avec le kit de développement, et les applications de réalité augmentée le placent dans une toute autre catégorie.
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Pour l'heure, seule l'application de pilotage "standard" est disponible, celle permettant les jeux en réalité augmentée paraîtra plus tard. Veillez bien à ne pas jeter le carton d'emballage de l'appareil, dont une face comporte un marqueur fiduciaire pour la réalité augmentée (lire L'iPhone 3GS augmentera la réalité), permettant à l'appareil de détecter à quel emplacement situer vos ennemis virtuels dans l'image. D'autre part, il sera également possible d'engager un autre AR.Drone dans des combats aériens de haute voltige, là encore à l'aide d'autocollants qu'il faudra placer sur le pourtour de la carène d'intérieur. Reste que la probabilité de telles rencontres demeurera faible, à moins de compter sur les talents d'Internet pour réunir les belligérants (comme par exemple sur ce site). Espérons que ces applications seront à la hauteur de ce que préfigure le nom de l'appareil, mais n'omettons pas malgré tout qu'il est très préférable de piloter en gardant le regard sur l'AR.Drone et non sur l'écran de l'iPhone, ce que recommande d'ailleurs la notice (notons également que celle-ci vous rappelle de respecter l'intimité et la vie privée de votre prochain). Quoi qu'il en soit l'image à l'écran est particulièrement stable, et pourrait même s'avérer un précieux complément pour faire des prises de vue originales si la résolution le permettait (640x480 pour la caméra avant, 176x144 pour la caméra ventrale). D'autant qu'il n'est pour l'heure pas possible d'enregistrer la vidéo, mais le kit de développement offert par Parrot pourrait y remédier à l'avenir. En effet, à l'aide d'un SDK gratuit, Parrot permet à tout un chacun de créer des applications tirant parti de l'AR.Drone, sur quelque plateforme que ce soit. On peut aisément imaginer que le hobby se transforme en passion dévorante pour les programmeurs du dimanche. Partant de là, les possibilités deviennent inépuisables : contrôle à l'aide de l'accéléromètre d'un MacBook, pilotage par Internet, prises de vue aériennes, nouveaux jeux tirant parti des API de réalité augmentée, etc. Parrot ne demande d'ailleurs aucun pourcentage sur les ventes d'applications tierces, gageons que de nouvelles utilisations de l'appareil émergeront. Difficile de trouver des reproches raisonnables à faire à cet étonnant Drone. Certes, une plus grande autonomie ne gâcherait rien, mais le Drone reste relativement sobre par rapport à d'autres appareils moins équipés. Selon l'avis d'un adepte d'aéromodélisme, l'AR.Drone est particulièrement adapté à son marché et beaucoup moins contraignant que des modèles plus standards en terme d'environnement de vol. La portée n'est pas la meilleure du marché, mais inhérente au signal WiFi qui rend son existence possible. A l'avenir, le firmware gagnerait sûrement à améliorer les réactions de l'appareil, parfois déroutantes, et une meilleure tenue au vent, mais la stabilité est malgré tout globalement satisfaisante. On aimerait avoir à débourser moins, mais le tarif reste toutefois raisonnable comparativement au marché. Quitte à aller jusqu'au bout dans le délire technologique, on aurait pu apprécier qu'un moyen de communication avec les passants soit inclus, tel qu'un écran à diodes pour du texte, ou un haut parleur pour parler directement à travers le micro de l'iPhone. Bref, le choix d'un tel achat dépendra avant tout de vos moyens en regard du plaisir que vous en tirerez. Pour certains, l'AR.Drone pourrait bien finir au fond d'un placard après de brefs instants de jeu. Pour d'autres, il pourrait devenir une passion sans borne, une source d'émerveillement digne de l'enfance sans cesse renouvelée. A vous de déterminer dans quel camp vous êtes susceptible de vous trouver avant de céder à la tentation.

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