Focal présente son Spirit One comme un casque à la fois Hi-Fi et nomade, une prétention ambitieuse pour un objet vendu à 199 € « seulement ». La réputation de la société stéphanoise dans le monde de la Hi-Fi n'est plus à faire, mais elle débute dans le domaine des casques : sa promesse d'un son de qualité en déplacement est-elle tenue ? La réponse dans notre test.
Un casque beau mais cheap…
Le Spirit One est dans l'air du temps et n'a rien à envier aux Beats Pro ou aux Bowers & Wilkins P5 niveau design. Ni « urbain » ni « classique », il possède son identité propre, sobre sans être ennuyeuse, marquée sans être agressive. Les accents gris métal viennent relever le noir prédominant, la pointe de rouge à l'intérieur des écouteurs ajoutant ce qu'il faut de classe à l'ensemble, le câble détachable gainé de tissu étant la cerise sur le gâteau.
Cette apparence ne parvient néanmoins pas à masquer la qualité de fabrication indigne de la marque. Le métal est quasiment absent de ce casque presque entièrement fabriqué en plastique de qualité diverse. Les parties noires, au toucher peau de pêche, sont du plus bel effet ; les parties imitation alu brossé font illusion de loin, mais ne passent pas le cap d'une inspection plus minutieuse ; la télécommande sur le câble appartient à un casque à 19 €, pas à 199 €. Au moins le revêtement des mousses est-il agréable à toucher.
Plastique cheap véritable.
On peut comprendre l'absence de matériaux « nobles » au vu du prix du Spirit One, on ne peut par contre pardonner l'apparente fragilité de ce casque. Les rotules des oreillettes, plastique sur plastique, ne donnent pas spécialement confiance, tout comme l'arceau, particulièrement rigide malgré une structure interne en aluminium. La plupart des joints sont assez mal ajustés, avec quelques sérieuses bavures, et l'ensemble a donc tendance à émettre des craquements caractéristiques à la manipulation.
…et inconfortable !
D'autant qu'on a tendance à le manipuler, ce casque circum-aural qu'on a du mal à trouver confortable. Les plus petites têtes devraient assez facilement s'en accommoder : il est assez léger (225 grammes), et les mousses de l'arceau et des oreillettes sont plutôt amples. Il ne faut néanmoins pas avoir une grosse tête pour déceler les limites du Spirit One.
Son arceau, d'abord, manque d'amplitude : un bon centimètre d'amplitude en plus aurait permis un positionnement parfait sur toutes les caboches. La pression, ensuite, est répartie de manière assez inconfortable : le casque tient bien, certes, mais c'est au prix d'une sensation désagréable sur le dessus du crâne. Les porteurs de lunettes remarqueront aussi que les mousses des oreillettes s'écrasent vite sous la pression et que le plastique du casque finit par cisailler.
Dernier point posant problème en matière d'ergonomie, la prise casque fournie, qui permet de facilement adapter un jack 6,35 mm (fourni, vissé), mais qui ne sera pas compatible avec la plupart des housses de téléphone. Il faudra donc utiliser un adaptateur, là encore fourni, mais celui-ci est d'une qualité indigne et fait perdre les contrôles de lecture sur la télécommande. L'ensemble peine donc à convaincre, et c'est dommage : si l'on arrive à bien positionner le casque, on obtient une très bonne isolation (Focal affiche 20 dB d'atténuation), de quoi parfaitement entendre le son délivré par le Spirit One… et quel son !
Un son parfaitement neutre…
Coup d'essai, coup de maître, c'est sans doute ainsi que l'on pourrait en effet résumer les performances acoustiques du Spirit One. Le son issu des capsules de 40mm en mylar/titane apparaît d'une grande neutralité, sans qu'aucun registre ne l'emporte sur un autre. On peut déceler une pointe dans les aigus, mais elle semble néanmoins suffisamment loin pour que le casque ne soit jamais fatigant à l'écoute. De même, les médiums apparaissent légèrement en retrait par rapport aux basses, mais cette caractéristique ne se fait sentir qu'à très bas volume.
Bien sûr, cette relative neutralité ne sera pas forcément du goût de tout le monde : les amateurs de « boum-boum » type Beats Audio passeront leur chemin. Rien ne peut d'ailleurs la perturber : la distorsion reste mesurée à fort volume, où les médiums en profitent d'ailleurs pour revenir sur le devant de la scène. Le Spirit One est un casque plutôt rapide mais, malgré sa construction fermée, jamais brouillon : il reste toujours bien défini.
Ces aptitudes cumulées offrent une impression de profondeur supérieure à ce qu'elle est réellement, avec une image en face de soi plutôt que sur les côtes qui est assez impressionnante. Rien qui ne puisse rivaliser avec le premier casque ouvert venu en matière de spatialisation certes, mais de quoi éviter d'avoir la sensation d'être étouffé par le casque. Bref, le Spirit One a de belles dispositions.
…mais pas sans défauts
Cet excellent profil se révèle néanmoins être parfois un handicap : bien qu'il soit tolérant (impédance de 32 Ω), il apparaît parfois comme voilé derrière un iPod ou un iPhone. Ce voile ne disparaissant pas tout à fait à fort volume mais s'effaçant dès que l'on passe par la sortie numérique, il semble que l'on soit là en présence d'un cas typique des bons casques : ils permettent d'entendre les limites des appareils. Rien de très grave cependant : il faudra vraiment tendre l'oreille pour entendre la différence avec une source plus qualitative.
Cette grande neutralité permet néanmoins de s'amuser un peu : mettez le Spirit One derrière un ampli casque à tubes, et il se réchauffe gentiment, notamment dans ce médium un peu en retrait. On ne parviendra jamais à le dénaturer complètement ou à en faire un casque suave, mais on peut ainsi, en usage plus sédentaire, le dérider un peu.
Pour conclure
Bref, ce Spirit One est un drôle d'animal : il offre un excellent son, mais un son très plat pour un casque nomade. Il est beau, mais bien moins fini que la plupart de ses concurrents. L'ensemble est donc paradoxalement à la fois facile à recommander et impossible à conseiller.
À 160 €, le V-Moda Crossfade M80 (supra-aural) est mieux fini et offre un look tout aussi travaillé, quoique dans un autre domaine. Il est certes moins performant dans les aigus, mais il compense avec des basses et un bas médium bien définis. À 129 €, le Shure SRH840 (circum-aural) est réputé être indestructible, extrêmement confortable, et offre un son moins neutre, plus chaud — mais il est moins travaillé visuellement. Si vous cherchez des casques de gamme moyenne bien finis et de bonne qualité sonore sans être tout à fait neutres, tournez-vous plutôt vers ces références.
Reste que si vous recherchez justement la neutralité, il sera bien difficile de trouver un concurrent au Spirit One dans la catégorie des casques à 150-200 €, son profil élégant n'étant qu'un bonus. N'hésitez néanmoins pas à l'essayer avant de l'acheter : il a été jugé inconfortable par la majorité de la rédaction, et ne nous a pas impressionnés côté finition. Bilan mi-figue mi-raisin donc.