Acteur réputé du monde de l’enceinte haute-fidélité domestique et professionnelle, Focal n’est entré que très récemment dans le domaine des casques. Cela n’empêche pas le fabricant stéphanois d’avoir de grandes ambitions sur ce marché particulièrement lucratif : deux ans après le casque « nomade » Spirit One, Focal présente deux nouveaux casques.
Le premier, le Spirit Classic, est destiné à un usage domestique, alors que le deuxième, le Spirit Professional, a été conçu pour le monitoring. Le Spirit One nous avait convaincus, avec quelques réserves. Qu’en est-il du Spirit Classic ? Après quelques semaines d’utilisation, la réponse dans notre test.
Pas qu’un gros Spirit One
Spirit One, Spirit Classic, Spirit Professional : Focal propose désormais une véritable gamme de casques à l’esthétique commune. Ni « urbaine » ni « classique », elle est sobre sans être ennuyeuse, marqué sans être agressive, et plutôt dans l’air du temps. À chaque modèle son usage particulier, souligné par quelques variations sur le même thème : le Classic un peu plus… classique que le Spirit One, décliné dans différentes couleurs vives.
La parenté entre les deux casques est indéniable, mais le Spirit Classic n’est pas seulement qu’un « gros Spirit One ». Exeunt les plastiques peu valorisants, le Spirit Classic est construit autour de pièces d’aluminium anodisé « bronze » et « chocolat ». Considérablement plus imposant, il est aussi sensiblement plus robuste : les rotules et articulations inspirent confiance et les joints sont parfaitement ajustés. On comprend pourquoi il vaut 120 € de plus.
Le Spirit One pouvait être inconfortable, le Spirit Classic, ni particulièrement léger ni vraiment lourd (310 g), l’est moins. Les mousses à mémoire de forme font correctement leur travail après quelques jours d’adaptation, et les oreillettes de ce casque circum-aural sont suffisamment spacieuses pour accueillir sans gêne la plupart des esgourdes. Ce qui ne veut pas dire que le Spirit Classic est parfaitement confortable : plusieurs membres de la rédaction se sont plaints d’une douleur au sommet du crâne, qui apparaît après seulement quelques minutes pour les plus sensibles.
Le faible rembourrage sous le revêtement en simili-cuir n’aide pas, et il ne faut pas hésiter à « détendre » un peu l’arceau en écartant délicatement les oreillettes, et à passer un peu de temps à parfaitement régler leur hauteur. Il faudra aussi veiller à correctement régler l’articulation des oreillettes, ce qui peut s’avérer difficile vu leur rigidité. C’est la condition sine qua non pour complètement oublier que l’on porte le Spirit Classic sur la tête, mais aussi pour obtenir une bonne isolation.
On peut utiliser le Spirit Classic partout, mais il n’a été conçu spécifiquement pour les usages mobiles, dévolus au Spirit One. S’il se replie, il reste très encombrant et n’est pas livré avec un véritable étui de transport. S’il est fourni avec un câble court doté d’un micro, celui-ci ne possède pas de boutons du réglage du volume et sa prise jack sera un peu trop épaisse pour certaines housses. (Vous trouverez aussi un superbe câble de 4 mètres, un adaptateur 6,35 mm, une prise avion et une housse en tissu dans la boîte.)
Un iPhone n’aura cependant aucun mal à se départir d’un Spirit Classic, assez tolérant avec son impédance de 32 Ω — mais il n’en tirera pas pleinement parti, surtout si vous n’écoutez que des podcasts ou des morceaux d’une qualité inférieure à l’AAC 256 kb/s. C’est derrière un DAC ou un ampli casque que se révèle toute l’étendue des aptitudes sonores du casque de Focal.
Un casque attachant
Et quelles aptitudes ! Comme le Spirit One, le Spirit Classic intègre des transducteurs de 40 mm, et comme le Spirit One, il fournit un son plutôt neutre souffrant seulement de médiums très légèrement en retrait. Ou plutôt, de hauts médiums légèrement en retrait : le confort physique est soutenu par un confort auditif, qui va permettre de porter ce casque pendant de longues heures sans jamais être fatigué.
Il semble que ce choix, qui fait l’identité du Spirit Classic, soit assumé par Focal. Cette caractéristique est ainsi absente du Focal Spirit Pro, que nous avons pu tester pendant quelques heures. Il est encore plus neutre — c’est un casque de monitoring après tout —, mais il peut aussi être un peu fatigant à l’oreille. Le son du Spirit Classic est en parfait accord avec son placement : c’est le casque des dimanches passés à écouter de bons disques sur un bon matériel, dans un bon fauteuil.
Ce qui ne veut pas dire que c’est un casque « pépère ». Focal a raison de vanter la légèreté de ses membranes à dôme rigide en mylar/titane : le Spirit Classic « répond » aux variations les plus franches avec célérité et maîtrise. Autrement dit, il a du punch. Ajoutez-y une absence complète de distorsion et une spatialisation plutôt correcte pour un casque fermé, et vous obtenez un produit non pas seulement convaincant, mais excellent.
De fait à 299 €, les rivaux du Spirit Classic se comptent sur les doigts d’une main estropiée. Plutôt joli, bien fini et assez confortable, c’est un digne représentant du savoir-faire de Focal. Avec un son équilibré qui donne envie de le garder sur la tête pendant de très longues heures, c’est un casque attachant. Tellement que s’il n’est pas adapté pour les usages mobiles, on l’emporte quand même le temps de faire l’aller-retour entre la maison et le bureau.