100 Go pour 10 € environ, c’est le prix presque normal pour un forfait 5G chez SFR Red ou Bouygues Telecom. Quiconque a l’occasion de voyager à l’étranger, se rend assez rapidement compte de la compétitivité du marché de la téléphonie mobile dans l’Hexagone. À titre de comparaison, en Belgique, il faut débourser 21 € par mois chez l’opérateur Base pour avoir 90 Go de données.
La situation française n’est cependant pas du goût de tous, elle est notamment dans le collimateur de l’Agence de la transition écologique (ADEME), qui ne voit pas d’un bon œil cette surenchère de gigas, partant notamment du principe que les Français consomment 17 Go de données par mois. Pourquoi alors leur fournir dix ou vingt fois plus de données que ce dont ils ont réellement besoin ?
L’argument est avant tout écologique. Mathieu Wellhoff, le chef de service de la sobriété numérique à l’Ademe rappelle à nos confrères du Parisien une statistique publiée dans une étude menée en coopération avec l’Arcep : « Pour un même usage, si vous passez par la 4G ou la 5G, vous aurez dix fois plus d’impact sur l’environnement qu’en optant pour le Wi-Fi ! ». L’empreinte carbone du numérique est un sujet de plus en plus évoqué. En 2022, cette dernière représentait 4,4 % de l’empreinte du pays. Dans cette affaire, la part des données est loin d’être nulle. Elles comptent pour 46 % de la facture numérique totale.
La migration de la 2G/3G vers la 4G/5G bénéfique en matière d'empreinte carbone, d'après un rapport de l'Arcep
D’où la volonté, semble-t-il, de l’Ademe de légiférer. Elle réfléchit à un système de tarification progressive des forfaits. Autrement dit, l’idée est de taper dans le porte-monnaie des consommateurs pour qu’ils prennent conscience d’utiliser en priorité le Wi-Fi à la place de la 4G ou la 5G.
Tout ceci est très flou pour le moment, mais ce serait à ne pas en douter une aubaine pour certains opérateurs qui rêvent depuis des années de remonter leurs tarifs. Le fond du problème n’est malheureusement pas évoqué. Est-ce du bon ou du mauvais cholestérol ? N’est-il pas mieux de faire une visioconférence en 5G que de traverser la France pour se rendre à un rendez-vous ? Surtout, des solutions technologiques pourraient être mises en place pour régler le souci. La Wireless Broadband Association milite par exemple pour que la 6G réunisse les accès cellulaires, WiFi et non terrestres de manière plus transparente afin de créer un « réseau de réseaux ». Enfin, d’un point de vue social, cette solution serait assez injuste. Nombre d’étudiants aux moyens limités n’ont accès à Internet que par l’intermédiaire de leur forfait de téléphonie mobile…