Finalement, le grand projet d'opérateur européen de Stéphane Richard ne verra pas le jour. BFM Business nous apprend qu'Orange a tenté de se rapprocher de l'opérateur britannique Vodafone avant que le projet ne soit stoppé net par l'État. Des discussions ont eu lieu entre les deux groupes pendant plus de 6 mois fin 2020 dans le but de créer un leader européen des télécoms. Mais finalement, le projet porté par le PDG d'Orange a capoté, en partie à cause de son implication dans l'affaire Tapie.
Le verdict de l'affaire (dans laquelle le PDG d'Orange est impliqué) a participé à décourager l'État. S'il n'était pas encore sorti au moment des négociations, le gouvernement a eu le nez creux : la cour d'appel de Paris a sanctionné le patron de l'opérateur à un an de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende pour détournement de fonds publics. De quoi faire une bien mauvaise publicité à l'éventuelle fusion.
Évidemment, ce n'est pas la seule raison : BFM explique que l'État (actionnaire à 23 % d'Orange) a également arrêté les négociations pour des questions politiques. « Vodafone ne voulait pas lâcher la gouvernance […] Il était hors de question que le siège d’Orange parte à Londres », confie une source proche du dossier. Il semblait en revanche plus intéressé par l'idée d'un siège dans un pays neutre, comme aux Pays-Bas.
Sur le papier, ce projet aurait pu permettre la naissance d'un géant européen qui aurait dépassé le leader actuel Deutsche Telekom. Si Orange se débrouille bien en France, en Belgique, en Pologne et en Roumanie, Vodafone a de l'avance en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie et en Hongrie. Une majeure partie de l'Europe aurait donc été couverte, avec cependant quelques difficultés en Espagne où les deux opérateurs se livrent à une féroce concurrence. Ils auraient sans doute dû faire quelques concessions pour obtenir le feu vert des régulateurs, comme par exemple céder des parts de marché.
L'Afrique était également dans le viseur du PDG d'Orange. L'opérateur français y est déjà leader dans 18 pays d'Afrique francophones (Mali, Cameroun…) là où Vodafone l'est dans huit pays anglophones (Afrique du Sud). Une fusion des filiales africaines avait été mise sur la table afin d'envisager un rapprochement plus vaste à l'avenir.
Le projet était facilité par le fait que les deux entreprises avaient alors des valorisations proches (autour de 30 milliards d'euros chacune), ce qui a permis d'amener les négociations « au plus haut niveau ». Ce n'est pas la première fois qu'Orange tente de se rapprocher d'un opérateur au poids équivalent : Stéphane Richard avait essayé une manœuvre similaire avec le groupe allemand Deutsche Telekom entre 2014 et 2016 quand le groupe pesait à peu près le même poids.
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