En plus de la pandémie, le lancement de la 5G en France a été freiné par des craintes sur la santé et sur l'environnement provenant d'associations et de responsables politiques (lire : 5G : un lancement qui vire au casse-tête pour les opérateurs). Stéphane Richard, aux commandes d'Orange, défend bec et ongles la technologie, quitte à s'en prendre assez vertement aux opposants de la 5G. Rebelote dans le Journal du Dimanche, où le patron de l'opérateur historique fait feu de tout bois.
Il déplore que la 5G soit devenue un « thème de campagne » durant la campagne pour les élections municipales. Entre moratoires et débats publics, plusieurs métropoles ne peuvent toujours pas se connecter à la 5G comme à Paris où le dialogue « suit son cours ». Stéphane Richard prévoit un lancement « probablement au premier trimestre ». L'inquiétude sanitaire est balayée par le dirigeant : « depuis les débuts de la téléphonie mobile, ces mises au pilori ont été toutes démenties par près de 20 000 études réalisées dans le monde », soutient-il. Et toutes ont démontré « la vacuité du débat ».
Quant au risque écologique, Stéphane Richard demande de revenir à « un peu d'objectivité ». Le stockage des données, les infrastructures de réseaux et la fabrication des équipements ne représentent que « 3,5% des émissions de gaz à effet de serre », dont seulement 20% sont liés aux réseaux (centre de données).
Il est donc abusif de présenter le numérique comme l'une des causes de la hausse des émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2. Une tonne de CO2 dépensée pour le numérique, c'est dix tonnes de CO2 qui ne sont pas utilisées partout ailleurs. L'impact écologique d'une réunion physique et une réunion en visio est réduit dans un rapport de 1 pour 100.
Le patron d'Orange déplore que le débat se soit déplacé vers une remise en question globale de la technologie et du numérique. « Un élu, Eric Piolle, le maire de Grenoble, a ainsi déclaré que la 5G ne servirait qu'à regarder des films pornographiques dans les ascenseurs ! ». Pour Stéphane Richard, la 5G fait en France les frais d'une « certaine écologie punitive », alors qu'ailleurs, y compris dans des pays très sensibles à la cause environnementale, la 5G a été adoptée et lancée massivement.
Le PDG d'Orange s'interroge sur ce débat autour de la 5G qui est lié aux « discours actuels de défiance face à la technologie et au progrès » : « Ce n'est sans doute pas un hasard si les anti vaccins sont bien plus nombreux en France qu'ailleurs dans le monde ». Résultat : toutes ces gesticulations et polémiques ont fait prendre à la France « un an et demi de retard » dans le déploiement de la 5G.
À titre personnel, l'obscurantisme me dérange beaucoup. La France est un pays d'ingénieurs, d'inventeurs, d'entrepreneurs. Que le refus du progrès s'y développe est désolant.
Orange a activé la 5G dans 160 villes, dont Marseille, Angers, Nice ou encore l'excellente ville du Mans. 30 autres villes vont bientôt arriver : Aix-en-Provence, Brest ou encore Toulon.