L'interdiction à terme des équipements de Huawei sur une grande partie des réseaux cellulaires en France pourrait coûter 2 milliards d'euros au gouvernement. C'est en tout cas l'estimation de SFR et de Bouygues Telecom, qui ont calculé le coût du remplacement des antennes relais Huawei à 1,1 milliard d'euros pour le premier, 900 millions pour le second, selon des chiffres de L'Express. De l'argent à rembourser alors que les finances publiques sont bien mal en point en raison de la crise sanitaire.
Les équipements Huawei situés aux endroits stratégiques doivent disparaître d'ici 2028 (lire : 5G : Huawei ne sera pas banni en France mais presque). C'est un problème sérieux pour les deux opérateurs : Huawei équipe 52% du parc 2G, 3G et 4G de SFR, et 47,5% de celui de Bouygues Telecom. Des équipements incompatibles avec les appareils de Nokia et d'Ericsson choisis pour déployer le réseau 5G en France…
Pour SFR, cela représente 8 000 antennes à changer, 3 000 pour Bouygues Telecom. Sachant que ces travaux coûtent de 100 000 à 150 000 euros et que les deux opérateurs sont aussi censés déployer leurs réseaux 5G, rien d'étonnant à ce qu'ils veuillent présenter la douloureuse du démantèlement aux pouvoirs publics. Le duo a d'ailleurs remporté une première bataille le 18 novembre, le Conseil d'État ayant transmis le dossier au Conseil Constitutionnel.
Si la haute cour donne raison aux opérateurs, l'État devra donc faire un chèque. Reste à en connaitre le montant : d'une part, aussi bien chez SFR que chez Bouygues Telecom, le remplacement des antennes aurait été nécessaire en raison de leur obsolescence (au bout de dix à quinze ans). D'autre part, les équipements Huawei présents dans les zones non stratégiques — globalement, les zones rurales — peuvent rester en place. Enfin, le Conseil d'État a relevé le sens de la mesure « très limité » des plaignants qui ont peut-être gonflé la note.
Le Conseil Constitutionnel rendra son verdict sur le principe d'une indemnisation en février prochain.