À deux semaines de l'ouverture des enchères des fréquences 5G, une soixantaine d'élus écologistes et de gauche demandent de tout mettre en pause au moins jusqu'à l'été 2021. Dans une tribune publiée dans Le Journal du Dimanche, les maires de Bordeaux, Lyon, Marseille ainsi que Yannick Jadot ou encore Jean-Luc Mélenchon demandent la mise en place d'un moratoire sur la 5G et sur les usages numériques.
Selon eux, « l'utilité réelle de la 5G est loin d'être aussi évidente que le prétendent les opérateurs de téléphonie mobile ou le gouvernement » et ils fustigent un déploiement « sans étude d'impact climatique et environnemental ni aucune consultation publique préalable. »
Ces élus demandent notamment de connaître les conclusions d'une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) avant de commencer le déploiement. Le rapport est attendu pour début 2021, mais un membre de l'agence avait prévenu cet été qu'il ne fallait pas s'attendre à une réponse définitive sur la question sanitaire.
Sur l'aspect écologique, le patron d'Orange avait soutenu en juillet que la 5G était « beaucoup plus une solution qu'un problème. » « La 5G est 10 fois plus efficace énergétiquement que la 4G. Pourquoi ? Parce qu'elle transporte beaucoup plus de contenus avec des installations radio qui sont à peu près comparables à la 4G. Si vous rapportez la consommation d'énergie de la 5G aux gigaoctets transportés, vous avez effectivement un gain d'efficacité d'à peu près un facteur de 10 », avait-il expliqué sur franceinfo.
Mais cet argument ne convainc pas les opposants pour qui la 5G sert de catalyseur à une remise en cause plus globale de l'industrie du numérique. « Le déploiement massif d'objets connectés allant de pair avec la 5G participe de l'accaparement de données personnelles. On donne ainsi les clefs d'un pouvoir de prévision et de contrôle social à des géants du numérique », écrivent ainsi les signataires de la tribune.
« J'observe que le débat est plus fort en France que partout ailleurs en Europe. Il y a une exception française là-dessus », a déclaré la semaine dernière Stéphane Richard à l'AFP, tout en soulignant que la France avait déjà « pris un peu de retard » sur la 5G et qu'il était « vraiment temps de le faire ». « On voit bien que ce débat est mal engagé parce qu'il est engagé sur des théories complotistes. Et nous, ce qu'on souhaiterait, c'est bien sûr entendre ces questionnements, mais en même temps, essayer de poser un débat objectif basé sur des faits, de façon à prendre des décisions responsables », avait-il déclaré plus tôt.