Dans un entretien accordé aux Échos, Guillaume Poupard, directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), a déclaré qu'il n'y aurait pas de bannissement total de l'équipementier chinois, mais les opérateurs seront « incités » à ne pas l'utiliser.
« Nous ne sommes pas dans du Huawei bashing, ni dans du racisme anti-chinois », s'est défendu Guillaume Poupard. Depuis plusieurs mois, il est question de savoir si Huawei fera partie ou non des équipementiers pour le déploiement de la 5G dans l'Hexagone.
Les soupçons de surveillance qui pèsent sur le constructeur chinois ont atteint des proportions de véritable conflit géopolitique opposant Pékin à Washington. Le gouvernement américain a demandé à ses alliés d'exclure le Chinois des projets de 5G.
Toutefois, en France, il est difficile de prendre une telle décision sans léser quelques opérateurs qui travaillent avec l'équipementier depuis plusieurs années. C'est notamment le cas de Bouygues et SFR. Pour Guillaume Poupard, il s'agit de trouver un « compromis » entre la volonté de l'État de réduire la présence de l'équipementier chinois et celle des opérateurs d'être rentables.
En mars dernier, une source révélait à Reuters que la France n'interdirait pas Huawei mais chercherait à maintenir le géant chinois en dehors du réseau mobile central, qui comporte des risques de surveillance plus élevés. Cependant, le directeur général de l'Anssi indique qu'il « n'y aura pas un bannissement total. Les opérateurs qui n'utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c'est un peu le sens naturel des choses ».
Selon lui, ce « n'est pas un procès d'intention que l'on fait à telle entreprise ou tel pays. La question, c'est juste celle de la souveraineté », il est important de prendre en compte les risques de surveillance de la part d'entreprises non-européennes.
Pas de nouvelles, mauvaise nouvelle
Orange et Free ont par ailleurs déjà indiqué se fournir auprès des Européens, Nokia et Ericsson. « Pour ceux qui utilisent déjà Huawei, nous délivrons des autorisations pour des durées qui varient entre trois et huit ans », a déclaré Guillaume Poupard au quotidien économique.
Les opérateurs devraient être fixés dans les prochains jours. À partir de la semaine prochaine, ceux qui n'ont pas reçu d'autorisation explicite pour utiliser les équipements de Huawei pour le réseau 5G peuvent considérer cela comme un rejet de leur demande.
Concernant SFR et Bouygues, il sera question de trouver « le bon équilibre » a indiqué Guillaume Poupard, « l'objectif n'est évidemment pas de les tuer ! ». En réaction, la Chine a appelé la France à assurer un environnement « équitable et non discriminatoire », rapporte l'AFP.