Taïwan, souvent présenté comme un modèle à suivre pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, utilise la technologie pour contenir la propagation. Le gouvernement local a mis en place une sorte de clôture électronique pour les personnes présentant des risques de contamination. « L'objectif est d'empêcher les gens de circuler et propager le virus », a déclaré Jyan Hong-wei, chef du département de la cybersécurité de Taïwan.
Avec l'aide des opérateurs télécoms, les signaux téléphoniques sont analysés pour vérifier que les personnes en quarantaine ne quittent pas leur domicile. Auquel cas, les autorités sont immédiatement prévenues et prennent contact avec l'individu dans les 15 minutes suivant l'alerte, explique Jyan Hong-wei. De plus, pour être certain que les personnes surveillées ne sortent pas en laissant leur téléphone chez elles, le gouvernement les contacte deux fois par jour. Le non respect de cette règle peut entrainer jusqu'à un million de dollars taïwanais d'amende (30 000 €).
Très vigilant face aux risques de contamination depuis l'épidémie de SRAS au début des années 2000 qui l'avait particulièrement touché, Taïwan a été l'un des premiers à réagir en mettant en place une quarantaine des voyageurs dès leur arrivée à l'aéroport.
La Corée du Sud, la Chine ainsi qu'Israël utilisent d'ores et déjà des méthodes similaires pour surveiller les déplacements de personnes à risque. À Hong Kong, l'AFP rapporte le cas de Declan Chan, un styliste hongkongais, qui dès son atterrissage a du mettre un bracelet électronique au poignet. Relié à une application, le dispositif permet de surveiller sa géolocalisation, en temps réel, et s'assurer ainsi qu'il n'entre en contact avec personne durant son confinement imposé de 15 jours.
Les pays occidentaux n'ont pas encore pris de mesures aussi intrusives, mais l'idée trotte dans la tête de certains dirigeants. L'administration Trump s'est ainsi tournée vers les géants de la tech, notamment Apple, Facebook et Google pour exploiter les données de localisation de leurs utilisateurs.
En France, Orange travaille avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour « voir comment les données [des opérateurs télécoms] peuvent être utiles pour gérer la propagation de l’épidémie ». Le patron de l'opérateur a essayé de se montrer rassurant en indiquant que les données en question sont « anonymisées et agrégées » : « Il ne s’agit pas de traquer les gens individuellement. Il faut au moins savoir si les gens respectent les périmètres de confinement, ou s’ils se déplacent, sans pour autant savoir qui va où. »
Mise à jour le 24 mars : corrections à propos du système mis en place à Taïwan (la « clôture électronique » concerne uniquement les personnes en quarantaine, et il n'y a pas de confinement généralisé comme en France).
Source : Reuters