La 5G commence à prendre forme en France. L’Arcep a publié hier son projet de modalités et conditions d’attribution du « cœur » des fréquences 5G. La procédure d’attribution aura lieu cet automne et l’ouverture commerciale par les opérateurs démarrera l’année prochaine.
Ce cahier des charges porte seulement sur les fréquences 3,4 à 3,8 GHz, la « bande cœur » de la 5G qui offre un compromis entre couverture et débit. Les ondes millimétriques, dans la bande des 26 GHz, beaucoup plus rapides mais beaucoup moins porteuses, feront l’objet d’une attribution ultérieure.
L’Arcep a identifié quatre objectifs autour de la 5G. Le premier, c’est bien évidemment l’aménagement du territoire, avec un réseau de 5e génération qui devra non seulement désaturer les réseaux existants dans les zones les plus denses, mais aussi bénéficier à l’ensemble du territoire.
Sur ce volet, le régulateur propose d’imposer l’ouverture de la 5G dans au moins deux grandes villes par opérateur avant la fin 2020 (les opérateurs seront libres de choisir les villes qu’ils veulent couvrir en priorité). Autre proposition, le déploiement suivant en 3,4 - 3,8 GHz :
- 3 000 sites en 2022 ;
- 8 000 sites en 2024 ;
- 12 000 sites en 2025.
En comparaison, Orange, SFR et Bouygues Telecom ont aujourd’hui plus de 17 000 sites 4G (Free en a près de 13 000). Pour que les campagnes ne soient pas servies en dernier, l’Arcep prévoit que 20 à 25 % des sites 5G soient situés en zones peu denses… en ciblant l’activité économique, notamment l’industrie. Il devrait donc y avoir relativement rapidement des îlots 5G pour les grandes entreprises situées dans les zones rurales. Les particuliers dans ces régions devront prendre leur mal en patience.
Niveau débit, les opérateurs devront fournir au moins 240 Mbit/s sur les trois quarts de leurs sites mobiles en 2022, puis sur tous leurs sites fin 2030. En comparaison, les obligations pour la 4G étaient de 60 Mbit/s sur chaque site.
Deuxième objectif dans l’attribution de la 5G, que les quatre opérateurs soient en capacité de fournir des services 5G dans de bonnes conditions tout en ayant des opportunités de différenciation.
Troisième objectif, l’innovation pour les « verticales » de l’économie, comme l’industrie, la santé ou les médias. Les opérateurs devront proposer aux organisations de ces secteurs des offres sur mesure et tirant parti des possibilités avancées de la 5G au plus tard en 2023, quelle que soit leur localisation.
Enfin, le dernier objectif est pécuniaire : l’attribution devra rapporter de l’argent à l’État. En prenant plusieurs engagements optionnels (offre d’accès fixe, transparence, accueil des opérateurs mobiles virtuels…), les opérateurs pourront obtenir un bloc (à priori 40 MHz) de fréquences à un prix fixe. S’ils veulent des fréquences additionnelles, pour améliorer leurs débits notamment, ils devront participer à des enchères.
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, a indiqué aux Échos qu’elle ne s’attendait pas à un jackpot : « Il n’est pas question de les brader mais, en même temps, nous avons un objectif de déploiement soutenu qui suppose que les opérateurs consacrent leur argent à l’investissement. » Prochaine étape cet automne, donc, avec le lancement de la procédure d’attribution.