La valse entre les opérateurs se poursuit et, pour le moment du moins, personne ne veut sortir de la piste de danse. Deux danseurs se distinguent particulièrement ces derniers temps, Bouygues Telecom et SFR. Malgré les démentis de l'un et de l'autre, les duettistes se cherchent, sans encore se trouver. Après Le Figaro qui, la semaine dernière, a de nouveau fait état des tentatives printanières de rapprochement entre les deux opérateurs, c'est le Canard Enchaîné du jour qui donne de nouveaux détails.
D'une part, le contexte est favorable : après avoir perdu beaucoup d'abonnés, SFR ne coûte pas cher ; Bouygues Telecom a de la trésorerie ; l'Arcep n'est plus fermé à une consolidation du marché ; et selon le palmipède, le prétendant a obtenu l'aval de l'Élysée pour l'acquisition. Martin Bouygues aurait rencontré Patrick Drahi le 29 mai pour lui faire une proposition : il se porterait acquéreur de 51% de SFR. Le fonds américain CVC prendrait 25%, Drahi conserverait le reste.
Le patron d'Altice a écouté la proposition, mais il a posé la sienne sur la table : une valorisation de SFR à 24 milliards d'euros1, et il veut la moitié du capital du groupe issu de la fusion entre les deux opérateurs. Pas vraiment les mêmes conditions que celles de Bouygues… On n'en est cependant qu'au « début de la négociation », avance un participant à la réunion, et surtout Patrick Drahi ne veut pas être le « vaincu, expulsé honteusement du marché français ».
La petite musique du rapprochement ne devrait pas tarder à se faire entendre de nouveau.
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Pour donner un ordre d'idée, en 2015 c'était Altice qui avait proposé d'acquérir Bouygues Telecom pour la somme de 10,1 milliards d'euros, ce qui était grosso-modo la valeur en Bourse du groupe Bouygues (qui comprend TF1 et l'activité de construction). ↩︎