Le retour d'un paysage français de la téléphonie à trois opérateurs ? L'Arcep ne ferme plus cette porte. À l'occasion de la parution de son troisième observatoire annuel, l'autorité de régulation des télécoms relève avec satisfaction que le montant des investissements des opérateurs a atteint 9,6 milliards d'euros en 2017 ; c'est 660 millions de plus que l'année précédente, de l'argent investi pour consolider et améliorer la couverture fixe et mobile 4G en France1.
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, s'en réjouit : « Il y a deux ans, j'invitais les opérateurs à "casser leur tirelire" pour répondre aux enjeux de couverture du territoire et au retard de connectivité pris par la France ». Ces investissements de près de 10 milliards d'euros permettent à la France de se « mettre au niveau des besoins du pays en infrastructures ». Les opérateurs ont mis sur la table un quart de leur chiffre d'affaire pour leurs réseaux.
« Je vois qu'ils se sont mobilisés », se félicite Sébastien Soriano dans une interview au Monde. Malgré tout, la France reste en retard par rapport à ses voisins européens : le classement DESI montre que l'Hexagone est à la 23e position sur l'ensemble des réseaux, 27e sur le très haut débit fixe, 21e sur la 4G.
Malgré les efforts qui restent à accomplir, le discours concernant la consolidation du marché — passer de quatre à trois opérateurs comme c'était le cas avant 2012 et le lancement de Free Mobile — change donc, grâce à l'évolution des circonstances.
« La porte de l'Arcep se rouvre ou du moins s'entrouvre », indique le président de l'autorité, qui pose toutefois une condition : un projet de rapprochement entre deux opérateurs doit être « créateur de valeur pour le pays », prévient-il, « et pas simplement pour les actionnaires ». Les rumeurs d'acquisition n'ont jamais cessé, la plus récente indiquait que Bouygues Telecom s'intéressait à SFR…
Le prochain gros chantier de l'Arcep, c'est la 5G. Sébastien Soriano ne veut prendre aucun retard dans ce secteur : pas question de « reproduire la situation de retard que la France a pu connaître sur des technologies antérieures », écrit l'autorité. Qui a d'ailleurs lancé une consultation publique sur la bande de fréquence millimétrique des 26 GHz (lire : C’est quoi, la 5G ?).
L'Arcep veut entendre, jusqu'au 18 juin, les observations des acteurs dans le cadre des autorisations de cette fréquence, qui est actuellement utilisée par l'armée et le Cnes (Centre national d'études spatiales).
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6,6 milliards d'euros dans le fixe et en particulier le déploiement de la fibre FttH ; 3 milliards d'euros ont été investis dans le mobile. Orange, SFR et Free représentent 80 % du total des investissements l'an dernier (un peu moins de la moitié pour le seul Orange). ↩︎