Pour les opérateurs français, le 1er avril a été une bien mauvaise blague. Après trois mois de négociations entre Orange et Bouygues Telecom, les deux entreprises décidaient finalement de ne pas rapprocher leurs activités. Le Meccano capitalistique et industriel, impliquant un dépeçage en règle de Bouygues entre les trois opérateurs restants, s'est effondré au dernier moment (lire : Orange et Bouygues annoncent l'échec des négociations).
Le milieu de la téléphonie a néanmoins tenté un dernier coup pour consolider le secteur. Le Journal du Dimanche explique ainsi que dans le week-end qui a suivi l'annonce de l'échec, des discussions intenses ont eu lieu entre Orange, Free et Altice, propriétaire de SFR. Les trois opérateurs étaient prêts à toutes les concessions ou presque pour parvenir à un accord de la dernière chance.
Le 4 avril, les discussions ont donc repris, chacun apportant sa pierre pour faire tenir le nouvel édifice : Orange prend à sa charge la pénalité en cas de rupture de l'opération, SFR accepte plus de garanties de passif, Free retire du jeu ses conditions concernant les antennes-relais. Même l'Etat accepte de revoir à la baisse ses exigences envers Bouygues : le gel de l'augmentation de la participation de Bouygues dans le capital d'Orange passe de sept à deux ans et demi, la limite sur les droits de vote ne s'applique plus que sur les décisions stratégiques.
Mais voilà, toute cette bonne volonté qui avait fait défaut durant les négociations initiales n'a pas suffi à ramener Martin Bouygues à de meilleurs sentiments. Chat échaudé craint sans doute l'eau froide. Quelques jours après ces avancées, le patron de l'opérateur coupe court à toutes les discussions ; il avait pourtant réussi à mettre tout le monde à ses pieds.
La rumeur court désormais que Martin Bouygues attendrait les prochaines élections, en 2017, avant de se voir proposer par le futur gouvernement de reprendre la part de l'Etat dans Orange.