Le feuilleton français des télécoms, que le monde nous envie, devrait connaitre une nouvelle saison 2016 passionnante. La grande question que tout le monde se pose est de savoir si Orange et Bouygues Telecom finiront par se marier. Un retour à trois opérateurs changerait considérablement l’équilibre des forces.
Si le mariage entre les deux entités est loin d’être acquis, les fiançailles, elles, semblent se rapprocher à grands pas. Le Journal du Dimanche rapporte que les deux groupes ont signé un accord de confidentialité à la veille de Noël afin de discuter en toute sérénité.
Les choses sérieuses devraient commencer la semaine prochaine. Tout sera mis sur la table : valorisation, gouvernance, social et concurrence. Le JDD rapporte trois éléments intéressants. Le premier, c’est que TF1 ne ferait pas partie de la transaction. Le deuxième, c’est que si acquisition il y a, elle serait a priori examinée par l’Autorité de la concurrence en France. Pour nos deux protagonistes, c’est plutôt une bonne nouvelle. Un passage par Bruxelles est en théorie beaucoup plus délicat. Le troisième, c’est qu’Orange se serait engagé à ne pas licencier.
Toujours selon le JDD, les négociations avancent bien et se déroulent en toute sérénité. Une source proche du dossier a affirmé au quotidien qu’on sera fixé rapidement sur les chances de voir cette opération aboutir. Les plus optimistes espèrent un accord dès la fin du mois, alors que d’autres tablent sur la fin mars.
D’un point de vue capitalistique, il semble que l’accord soit d’ores et déjà trouvé. L’acquisition de Bouygues Telecom serait valorisée 10 milliards d'euros. 8 milliards de cette somme permettraient à Bouygues d’obtenir environ 15 % du capital d’Orange. La somme restante serait payée en cash.
Bouygues Telecom aurait quasiment autant de poids dans Orange que l’État, dont la part descendrait mécaniquement légèrement au-dessous des 20 %. En toute logique, le groupe de Martin Bouygues devrait prétendre à un ou deux sièges au sein du Conseil d’administration.
Les négociations avec SFR et Free n’ont pas commencé
Mais pour les deux protagonistes, le plus dur commencera lorsqu’il faudra entamer les négociations avec SFR et Free au mieux à la mi-janvier. Elles sont indispensables pour passer les fourches caudines de l’autorité de la concurrence. De plus, dans l’affaire, Orange souhaite récupérer des liquidités. Le JDD évoque la somme de 5 milliards d’euros.
Comment convaincre Free de participer à une telle opération ? Le réseau Free Mobile en a moins besoin que par le passé. Toujours selon le JDD, l’opérateur avait accepté de reprendre plus de 1000 antennes lorsque SFR avait tenté de mettre la main sur Bouygues Telecom. Aujourd’hui, Free pourrait être tenté de n'en acquérir que quelques centaines pour améliorer sa couverture dans les grandes villes. D’autre part, Free Mobile pourrait profiter de la situation pour acquérir de nouvelles fréquences.
Il y a la question des boutiques, mais Free ne semble pas plus intéressé que ça. L’argument toutefois qui pourrait convaincre Xavier Niel de céder, c’est le rachat d’une partie du réseau de fibre optique d’Orange, un domaine dans lequel Iliad a pris du retard.
De son côté, SFR pourrait jeter son dévolu sur une partie de la clientèle de Bouygues Telecom et Orange, notamment sur le segment des forfaits sans engagement (B&You et Sosh). L’accord pourrait également porter sur le marché de l’entreprise.