Depuis le début de l'automne, Orange et Bouygues discutent d'un rapprochement de leurs activités, explique Le Monde. Ces négociations ont repris à l'initiative de Martin Bouygues qui est allé voir Stéphane Richard avec une condition en poche « que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange ».
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Ces tractations, ébruitées avant-hier par Bloomberg, ont obligé le groupe Bouygues à communiquer. Cependant, il l'a fait de manière à ne pas être obligé de se dédire plus tard si d'aventure l'opération aboutit :
« Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries »
Car le schéma décrit par le quotidien verrait le groupe Bouygues garder un pied dans les télécoms — le fameux "ancrage" — mais avec Orange aux commandes et un paysage forcément bouleversé. Le groupe de Stéphane Richard récupèrerait la fililale Bouygues Télécom, ou du moins une partie de ses actifs, et rétrocèderait 22% de son capital au groupe Bouygues. Orange comptant l'État parmi ses actionnaires, le gouvernement aurait été tenu informé de ces conversations. D'abord l'Élysée, car les affaires de Martin Bouygues sont un sujet surveillé de près et dans un second temps, le ministre de l'Économie. Emmanuel Macron ayant par le passé exprimé sa réticence à l'idée d'une consolidation autour de 3 acteurs.
Une affaire de "famille"
Martin Bouygues, de son côté, aurait attendu que se soient achevées les enchères sur la bande des 700 MHz pour relancer son projet et le présenter sous un jour plus favorable. Une crainte de l'État, l'an dernier, lors d'un précédent bal des opérateurs, avait été que leur nombre ne passe de 4 à 3 et que les recettes de ces enchères ne s'en trouvent diminuées. Un autre levier sur lequel Bouygues jouerait pour amener l'actionnaire public à de bonnes dispositions est ce dédommagement de 2,28 milliards réclamé hier, au sujet du contrat d'itinérance signé entre Orange et Free.
Mais il n'y a pas que le gouvernement qui est tenu dans la confidence, Stéphane Richard a également prévenu SFR et Free, ajoute Le Monde. Car il va falloir défendre le dossier auprès de Bruxelles, toujours soucieuse des risques de concentration que posent de telles fusions ou acquisition, plus encore dans un domaine aussi sensible que les télécoms :
L’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.