Le conseil d’administration de Bouygues Telecom se réunissait aujourd’hui pour décider de la pertinence de l’offre d’achat d’Altice. La fumée noire est finalement sortie ce soir et la réponse des édiles de l’opérateur est… négative. Le conseil repousse l’offre de 10 milliards d’euros déposée par Patrick Drahi, patron de la holding Altice, maison-mère de Numericable.
D’après les Échos, les administrateurs ont été clairs : « C’est un non catégorique ». De fait, l’offre a été sèchement repoussée, explique le journal. Les risques d’exécutions ont été jugés trop importants : Numericable-SFR manque de fonds propres et pour cause, l’acquisition aurait dû être intégralement financée sur de la dette. De fait, l’acheteur ne pouvait garantir le deal, faisant porter le risque sur le vendeur, « ce qui n’était pas envisageable ».
Les méthodes de Patrick Drahi ont également irrité les pontes de Bouygues Telecom, qui pointent un « manque de sérieux » dans le dossier. De plus, le risque social était trop important, il aurait fallu « couper en deux » le groupe Bouygues Telecom avant sa fusion avec Numericable-SFR. Ajoutons à cela un sentiment « d’irritation » qui a parcouru le conseil d’administration, et on comprend que l’offre d’Altice a été reçue très froidement.
Le communiqué de presse explique que l’opérateur est « particulièrement bien placé pour bénéficier de [la] croissance » du marché des télécoms, grâce à son réseau 4G et son portefeuille de fréquences. Il revient aussi sur le risque d’exécution de l’opération, notamment en matière de droit à la concurrence : « Aucune réponse pleinement satisfaisante n’est apportée par Altice sur ce sujet essentiel qui serait étudié en détail par l’Autorité de la concurrence. En outre, elle ne prend pas en compte le lancement imminent de la procédure d’attribution des fréquences 700 MHz et ses conséquences sur l’opération ».
Patrick Drahi va devoir revoir ses beaux projets de devenir numéro un des télécoms en France… à moins d’une nouvelle offre plus intéressante, mais à lire les réactions du conseil d’administration de Bouygues Telecom, ça n’a pas l’air d’être dans la poche. Le mogul avait vendu cette fusion des deux entités comme une bonne affaire pour les consommateurs, ainsi que pour l’État avec des investissements à la clé. Le gouvernement avait d’ailleurs fait part de sa grande méfiance sur ce dossier.
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