Patrick Drahi veut les pleins pouvoirs sur SFR. Après l’acquisition de 60% de l’opérateur au carré rouge l’an dernier pour la somme de 13,2 milliards d’euros, Altice — la holding de Drahi — souhaite maintenant acquérir les 20% détenus par Vivendi. L’ancienne maison-mère de l’opérateur avait conservé cette participation, qui pourrait donc passer entre les mains d’Altice pour 3,9 milliards d’euros. Une « offre ferme » financée pour moitié par un programme de rachat d’actions réalisé par le groupe Numericable-SFR, et pour l’autre moitié par Altice. L’opération d’acquisition de ces 20% doit encore être validée par le conseil de surveillance de Vivendi, qui prendra une décision le 27 février.
Altice continue de s’endetter pour financer ses nombreuses acquisitions (Portugal Telecom a coûté 7,4 milliards). Et la holding ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Déjà propriétaire de SFR et de Virgin Mobile, Patrick Drahi aurait toujours des vues sur Bouygues Telecom. La rumeur n’est pas nouvelle (elle était apparue en novembre dernier, lire : Après SFR, Altice s'intéresse à Bouygues Telecom), et elle rebondit de temps à autre.
Ce lundi, Bloomberg indiquait qu’Altice se préparait à un « possible rachat » du troisième opérateur français. Une acquisition qui pourrait coûter 8 milliards d’euros, mais qui a été démentie le même jour par un porte-parole de Bouygues. « Aucune négociation n’est en cours », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que Bouygues Telecom faisait l’objet de « marques d’intérêt » de la part de tous les acteurs présents sur le marché. Toutefois, l’entreprise conserve les moyens de rester autonome et indépendante.
Du côté d’Altice, on pense que les autorités ne poseraient pas de barrières au rapprochement avec Bouygues. L’idée d’une consolidation du secteur à trois opérateurs a fait son chemin… mais peut-être pas chez les consommateurs qui profitent de la guerre des prix. En attendant de finaliser un dossier de rachat de Bouygues, Altice a deux autres problèmes sur les bras : les enchères pour les fréquences 700 Mhz qui se tiendront en décembre 2015, et pour lesquelles SFR se devra de faire une proposition afin d’en obtenir une poignée.
À court terme, il faudra aussi redresser les résultats de SFR : en 2014, l’opérateur aurait généré un chiffre d’affaires de 11,4 milliards d’euros, un chiffre en baisse de 3,4% par rapport à l’année précédente. L'excédent brut d'exploitation devrait lui se monter à 3,1 milliards, ce qui est sur le papier très confortable… sauf qu’il montre un net recul de 11,4%. Les résultats définitifs du groupe sont attendus le 5 mars. Les méthodes de gestion low cost de Patrick Drahi suffiront-elles ?