Depuis l'acquisition de SFR par Numericable à l’automne dernier, on ne peut pas dire que le moral soit au beau fixe chez le deuxième opérateur français. Celui qui dispose encore de son carré rouge comme logo est le théâtre de nombreuses mesures d’économies engagées par son nouveau propriétaire, personnifié par le très pragmatique Patrick Drahi.
L’homme d’affaires, qui a mis plus de 13 milliards d’euros sur la table, a lancé depuis quelques semaines une série de mesures visant à faire de grosses économies au sein de SFR. Comme l’expliquent Les Échos, on espère du côté d’Altice (la maison mère de Numericable) pouvoir faire 1,1 milliard d’économies par an.
Des réductions de coûts jusqu’à 80%
Et les mesures d’économies s’avèrent, semble-t-il, difficiles autant pour SFR que pour ses prestataires et fournisseurs divers. Le journal économique explique ainsi que SFR aurait demandé une réduction de 80% sur les tarifs de l’électricité auprès de Dalkia, une filiale d’EDF.
Mais le géant de l’énergie n’est pas le seul touché, et certains contrats auraient même été rompus de façon abusive. Sous couvert d’anonymat, certains fournisseurs expliquent la « violence » de ces mesures où « tout est renégociable, même des contrats déjà signés et en cours d’exécution ».
La façon de travailler a également dû évoluer au forceps : dès le début de l’année 2015, les chefs de projets ne pilotent plus les prestataires techniques et ont ordre de ne plus dépenser un centime. Le département informatique est dans le viseur de Patrick Drahi : avec un budget évalué à 400 millions d’euros par an, le président exécutif d’Altice veut le diviser par deux, si ce n’est plus. Il en va de même pour les centres d’appels qui sont victimes de demandes de réduction « conséquentes ».
Une méthode rêche
Cette volonté de rogner sur les coûts à tout prix se traduit logiquement par une ambiance particulière au sein de SFR, même si Numericable avait promis qu’il n’y aurait aucun licenciement dans les trois ans « sauf revirement économique imprévisible » expliquait-on à l’époque. Même s’il est résident suisse, cela n’empêche pas Patrick Drahi d’avoir les yeux sur tout. Nos confrères des Échos expliquent ainsi que la 76e fortune mondiale n’hésite pas à faire des allers-retours au siège de l’opérateur « au moins une fois par semaine ».
Un « management hélicoptère » qui fait débat, mais qui a toutefois des limites : s’il y a bien un endroit où il n’y aura pas de coupes budgétaires, c’est dans le réseau. 20% du chiffre d’affaires du groupe doit y être consacré, et qu’importe si l’impact social est risqué, nul ne pourrait stopper l’approche musclée du patron franco-israélien que l’on compare déjà à Xavier Niel, le fondateur de Free.