L’Arcep veut orchestrer la fin de l’itinérance Orange qu’utilise Free depuis le lancement de ses offres mobiles. Une itinérance comparée à une « drogue de substitution » par Sébastien Soriano, le nouveau patron de l’Autorité de régulation des télécoms. Il entend bien « organiser le sevrage », explique t-il au Figaro, tout en nuançant ses propos : il faut aller « vers un modèle où, en zone dense, chacun a son réseau et, en zone moins dense, les réseaux sont mutualisés ». La loi Macron, adoptée en première lecture dans la douleur, donne de nouveaux pouvoirs à l’autorité de régulation, tout particulièrement celui de mettre en place le calendrier de la fin de cet accord qui permet à Free d’utiliser le réseau d’Orange là où la couverture 2G/3G du dernier arrivant sur le marché est insuffisante. « Nous n'avons pas d'a priori sur le calendrier : il sera exigeant mais cohérent avec la faisabilité sur le terrain ».
Cet accord d’itinérance est dans la ligne de mire depuis de longs mois : début 2014, alors ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg souhaitait engager la « phase de sortie » de ce contrat (lire : Arnaud Montebourg cherche-t-il à isoler Free Mobile ?). Même si Orange n’a pas que des mots gentils à l’endroit de Free Mobile, cette itinérance lui rapporte de croquignolets émoluments : 730 millions d’euros rien qu’en 2013. Le contrat devait initialement se poursuivre jusqu’en 2018, mais avec la volonté de l’Arcep de réexaminer cet accord avant son terme après le vote définitif de la loi Macron, il est plus que probable que Free devra voler de ses propres ailes plus tôt que prévu.
Sébastien Soriano a aussi des cartouches contre les deux autres opérateurs : Bouygues Telecom et Numericable-SFR partagent eux aussi leurs réseaux via un accord de mutualisation qui « pour certains (…) va trop loin ». Dans ce cas, l’Arcep se réserve le droit de « poser des limites ». Il en va de même sur la consolidation du secteur, que l’on sent poindre à l’horizon avec un Numericable-SFR très gourmand qui pourrait partir à l’assaut de Bouygues Telecom. L’Arcep dispose d’un droit de veto sur les cessions de fréquences, et il entend bien s’en servir pour empêcher une situation de duopole : « Il y a un chiffre maudit, c'est deux ! Un duopole est difficile à réguler, tous les exemples à travers le monde montrent que c'est la pire situation pour l'investissement et les prix ».
L’autre gros dossier qui attend le nouveau président de l’Autorité est les enchères sur les fréquences 700 Mhz. Celles-ci auront lieu en fin d’année, et l’Arcep entend bien y jouer un rôle qui se limite pour le moment à la « phase d’élaboration du dispositif ». « L'Arcep doit être à l'écoute des priorités du gouvernement ». En ce qui concerne le déploiement de la fibre, Soriano ne se mouille pas vraiment en lançant la balle dans le camp du gouvernement : « Il lui revient d'abord de gérer l'après fusion Numericable-SFR. L'Arcep pose un cadre et incite les acteurs à investir ».